Île-de-France : découvrez cinq exploitations paysannes près de chez vous avant le Salon de l’agriculture

La 4e édition du Salon à la ferme, le rendez-vous national organisé par la Confédération paysanne, se tient jusqu’au 25 février. Elle est placée cette année sous le thème de la souveraineté alimentaire et d’un revenu juste pour les cultivateurs. Visites, marchés de producteurs, ateliers, profitez de portes ouvertes près de chez vous.

Villiers-le-Bâcle (Essonne), vendredi 16 février. La Confédération paysanne a lancé la 4e édition du Salon à la ferme qui se tient du 15 au 25 février partout en France et dans cinq fermes d'Ile-de-France. LP/Cécile Chevallier
Villiers-le-Bâcle (Essonne), vendredi 16 février. La Confédération paysanne a lancé la 4e édition du Salon à la ferme qui se tient du 15 au 25 février partout en France et dans cinq fermes d'Ile-de-France. LP/Cécile Chevallier

    Si la cause des agriculteurs vous a touché avec les blocages, cet événement est fait pour vous. La 4e édition du Salon à la ferme se déroule partout en France jusqu’au 25 février. Organisé par la Confédération paysanne, la Fadear (réseau de l’agriculture paysanne) et les Ami.e.s de la Confédération paysanne, ce rendez-vous propose au public de découvrir l’agriculture paysanne avec des portes ouvertes dans plus de 150 fermes de 70 départements. Visites, ateliers de cuisine ou encore marchés de producteurs, cinq exploitations de l’Île-de-France participent à cet événement qui s’achèvera une journée après le début du Salon international de l’agriculture à Paris.

    « La 4e édition est placée sous le thème de la souveraineté alimentaire », annonce Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne depuis la ferme de Cristiana Modica et Emmanuel Vandame à Villiers-le-Bâcle (Essonne), sur le plateau de Saclay, pour la conférence de presse de lancement. Une expression « galvaudée depuis des années » selon la Confédération paysanne.

    « Nous en retenons la définition qui en a été donnée pour la première fois lors du sommet mondial de l’alimentation de 1996, poursuit Laurence Marandola. La souveraineté alimentaire est le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers. »



    Depuis la grogne du monde agricole, ce terme revient beaucoup dans les débats. Lors de ses annonces le 1er février dernier, le Premier ministre Gabriel Attal a fait part de sa volonté « d’inscrire l’objectif de souveraineté dans la loi ». « Cela doit passer par l’arrêt du libre-échange et de l’ultra-libéralisation, insiste Laurence Marandola. Ce système fait beaucoup de perdants, en France et ailleurs. L’idée n’est pas d’écraser nos voisins, mais que chaque paysan puisse disposer d’un revenu décent tout en nourrissant sainement les populations. »

    Pour la Confédération paysanne, il n’y a pas de modèle unique. Mais ce qu’ont réussi à développer depuis une vingtaine d’années Cristiana Modica et Emmanuel Vandame constitue un exemple de l’agriculture paysanne. Conversion d’une ferme conventionnelle du plateau de Saclay en agriculture biologique, création d’une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) avec 235 familles adhérentes, achat d’un moulin pour transformer le blé bio en farine et ouverture il y a plus de dix ans d’un fournil pour y vendre le pain fabriqué sur place… Autant d’investissements et de diversification qui leur permettent d’embaucher sept employés à temps plein pour une exploitation de 220 ha.

    « Les paysans veulent vivre de leur métier et nourrir les gens à côté de leurs fermes »

    « Nous nous appuyons sur un circuit ultracourt, confie le couple de paysans. Nous avons extrêmement mal vécu les annonces du gouvernement. Nous partageons la colère des agriculteurs qui ont participé aux blocages. Mais le gouvernement a complètement oublié l’agriculture biologique, il a juste répondu à ceux qui criaient le plus fort. Le message envoyé c’est continuez à polluer, et les paysans bio, vivez comme vous pouvez. C’est irresponsable, sachant qu’on est au bord d’une fracture climatique. »

    Villiers-le-Bâcle (Essonne), vendredi 16 février 2024. Cristiana Modica et Emmanuel Vandame sont installés sur le plateau de Saclay où ils cultivent des céréales bio. Ils disposent d'un moulin pour transformer le blé en farine et d'un fournil.
    Villiers-le-Bâcle (Essonne), vendredi 16 février 2024. Cristiana Modica et Emmanuel Vandame sont installés sur le plateau de Saclay où ils cultivent des céréales bio. Ils disposent d'un moulin pour transformer le blé en farine et d'un fournil.

    Le couple, qui subit de plein fouet la bétonisation du plateau de Saclay avec la construction de la ligne 18 du Grand Paris Express, déplore aussi le manque de politiques publiques locales. « En 2012, à l’ouverture du Fournil, nous fournissions du pain à trois cantines scolaires, un lycée et un restaurant universitaire à Orsay, détaillent Cristiana Modica et Emmanuel Vandame. Aujourd’hui, nous n’avons plus que deux restaurants universitaires du campus, alors que la loi EGalim a depuis été votée. Mais ce n’est pas respecté. Idem pour les projets territoriaux d’alimentation (PAT) : sur le plateau, nous sommes 4 fermes, en bio ou non, pas une seule ne travaille avec la restauration collective. »



    Cette colère, la Confédération paysanne la partage. Alors que la FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont levé les blocages — mais menacent de se mobiliser de nouveau pour le Salon international de l’agriculture — le 3e syndicat agricole n’a pas arrêté les actions. Tandis que de prochaines se préparent en région parisienne, Laurence Marandola tire la sonnette d’alarme : « Plus de 200 fermes disparaissent chaque semaine. La moitié des agriculteurs ont plus de 55 ans. On voit des pans entiers de l’agriculture, comme l’apiculture, les fruits et légumes ou l’élevage très menacés. Et le gouvernement continue d’être au service de l’agro-industrie. Les paysans doivent arrêter de travailler à perte. Ils veulent vivre de leur métier et nourrir les gens à côté de chez eux. »

    Salon à la ferme, jusqu’au 25 février partout en France, gratuit. En Île-de-France, ce samedi 17 février : à la ferme du Potager de l’Épinay à Orcemont (Yvelines) de 7h30 à 13 heures ; le 24 février à la ferme bio du plateau briard à Mandres-les-Roses (Val-de-Marne) de 14 heures à 19 heures, à la ferme des Beaux Ares de Moret-Loing-et-Orvanne (Seine-et-Marne) de 10 heures à 12h30, à la ferme du Bois Piget à Dormelles (Seine-et-Marne) de 14 heures à 17 heures ; dimanche 25 février à la ferme de Rétal à Liverdy-en-Brie (Seine-et-Marne) de 14 heures à 17 heures. Tout le programme sur http://ile-de-france.confederationpaysanne.fr.