Le champion d'athlétisme condamné

Toumany Coulibaly, qui comparaissait hier devant le tribunal d'Evry pour le cambriolage d'une bijouterie en 2014, a écopé de trois ans de prison, dont vingt mois avec sursis.

Le champion d'athlétisme condamné

    La carapace s'est fissurée. Au moment d'évoquer sa vie à la barre du tribunal d'Evry, des larmes coulent sur les joues du champion de France du 400 m en 2015. « J'ai tout perdu », soupire Toumany Coulibaly qui comparaissait hier pour le cambriolage d'une bijouterie le 10 août 2014 au centre commercial Valdoly de Vigneux-sur-Seine. Des faits pour lesquels le tribunal l'a condamné à trois ans de prison dont vingt mois avec sursis.

    A l'audience, le président a pris le temps de revenir sur le parcours singulier de l'athlète de Montgeron qui devra encore répondre dans les prochains mois de quatre autres affaires de vol dans des magasins. « Quelle est votre profession ? » interroge le magistrat. « Le sport », répond sobrement celui qui déclare des revenus fluctuants, mais avoisinant 1 000 € par mois de l'athlétisme.

    « J'ai été le meilleur de France », détaille Toumany Coulibaly. « Pourquoi n'avez-vous pas fait les Jeux olympiques », questionne le président du tribunal. « A cause du judiciaire je dirais », souffle celui qui est en détention provisoire depuis le 16 novembre pour un vol au magasin Carrefour de Sainte-Geneviève-des-Bois et qui compte désormais dix condamnations à son casier judiciaire. « Depuis mes 8 ans, je suis entré dans ce cercle vicieux du vol et je n'ai jamais réussi à m'en sortir », avance-t-il.

    Selon les experts, « il sabote ses propres performances »

    Pour la première fois, une expertise psychologique a été effectuée et permet de lever un coin du voile sur la personnalité complexe du champion, décrit comme « manipulateur, séducteur, qui sabote ses propres performances ». « Il recherche en permanence les limites, et cette délinquance est une source d'adrénaline pour sentir sa maîtrise et sa toute-puissance », analyse l'expert.

    Cet enfant d'un père polygame qui a 18 frères et soeurs, baisse la tête. « C'est très juste, je fais ça pour l'argent mais aussi pour un mélange de choses, admet ce titulaire d'un BTS en comptabilité. Mais là on est dans l'autodestruction. J'ai cherché ça et j'ai tout perdu, mes trois enfants... »

    « Comment voyez-vous votre avenir ? », questionne le président du tribunal. « Je veux devenir un homme, avec des responsabilités », affirme celui qui vient d'entamer un suivi psychologique.

    La nuit des faits, vers 3 heures, alors qu'il vient tout juste de bénéficier d'une liberté conditionnelle, Toumany Coulibaly monte dans une voiture volée avec cinq complices en direction du centre commercial Valdoly. Ils entrent dans la galerie. Tentent de rentrer dans la boutique SFR. Impossible. Ils retournent dans leur quartier pour chercher une masse qu'ils ne trouveront pas. Ils reviennent alors dans la galerie.

    « Une équipe s'attaque à la bijouterie et moi je tente de rentrer avec la mienne dans le Castorama pour prendre une masse et ouvrir le magasin SFR », décrypte Toumany. La bijouterie est dévastée. Treize vitrines sont brisées. Les dégradations avoisinent 90 000 €. 18 000 € de bijoux sont dérobés.

    Mais la police, alertée par l'alarme, arrive. Toumany Coulibaly, guetteur et conducteur, rappelle la troupe. Une course-poursuite s'engage. La voiture des fuyards heurte un véhicule depolice. Les voleurs s'enfuient tous. L'ADN de l'athlète est retrouvé sur l'airbag conducteur. Il est interpellé un mois plus tard.

    Deux autres complices sont, eux, arrêtés quelques heures après l'accident. Le tribunal les a condamnés à dix-huit mois de prison avec du sursis (douze mois pour l'un et six pour l'autre). L'un des frères de Toumany, également complice, a lui écopé de six mois ferme.