Mort de Jean Salis, créateur du meeting aérien de Cerny : « L’aéronautique a perdu un de ses géants »

Ce pilote chevronné et passionné d’avions de légende avait poursuivi l’œuvre de son père pour transmettre au public l’histoire de l’aviation. Il s’est éteint le 2 juin à l’âge de 86 ans, moins d’une semaine après le succès de la 50e édition du fameux meeting aérien de l’Essonne.

Cerny (archives). Jean Salis est mort à l'âge de 86 ans. Il est à l'origine du meeting aérien Le Temps des hélices et du musée volant à Cerny La Ferté-Alais. David Dagouret
Cerny (archives). Jean Salis est mort à l'âge de 86 ans. Il est à l'origine du meeting aérien Le Temps des hélices et du musée volant à Cerny La Ferté-Alais. David Dagouret

    « Profitant du soleil de cette belle soirée de printemps, notre papa a pris son dernier envol. » C’est par ce message que Baptiste Salis a officialisé le décès de son père, Jean Salis, survenu le 2 juin, à l’âge de 86 ans. Cette disparition suscite une vague d’émotions dans le monde de l’aéronautique, qui estime avoir perdu « un de ses géants », et bien au-delà. Ses funérailles se dérouleront ce vendredi 9 juin à 14 heures en l’église de Cerny.

    Né en 1937, Jean Edmond Salis est « une légende » qui a communiqué sa passion des avions de collection à un large public. En témoignent les 40 000 spectateurs lors de la 50e édition, les 27 et 28 mai, du meeting aérien de Cerny La Ferté-Alais, devenu « La Mecque de l’aviation de collection en France », et dont il est à l’origine.

    « Le 2 juin 2023, dans la journée, Jean Salis est parti, pour son dernier voyage, son dernier vol, s’émeut l’Amicale Jean-Baptiste Salis, qui préserve et maintient en état de vol des avions de collection, tout en valorisant le patrimoine aéronautique à l’aérodrome de Cerny La Ferté-Alais. Jeannot restera pour toujours le fondateur et l’âme de notre association. Au-delà de notre profonde tristesse, toutes nos pensées vont vers sa famille. »

    Chez les Salis, l’aviation est une affaire de famille depuis trois générations, et la 4e, les petits-enfants de Jean, sont déjà contaminés. Jean-Baptiste Salis, le père de Jean Salis, était une figure de l’aéronautique. En 1936, ce dernier aménage un champ d’aviation sur le site d’une ancienne scierie située entre Cerny et la Ferté-Alais. Ce sera le terrain de jeu de Jean et de sa sœur Irène. Et le site deviendra rapidement l’un des pôles de vol à voile les plus actifs en France.

    Il a collaboré pour 150 films dont L’As des as avec Belmondo

    En 1955, Jean-Baptiste Salis ouvre un atelier de restauration d’anciens coucous à Cerny. Après sa mort en 1967, son fils Jean, aidé de sa sœur Irène, reprend le flambeau et se met en quête des avions qui ont marqué la carrière de leur père. C’est ainsi que la collection démarre. Jean Salis devient un expert pour le cinéma, coordonne des batailles aériennes et collabore à 150 films comme « le Jour le plus long » « l’As des as » avec Jean-Paul Belmondo ou encore les « Indiana Jones ».

    Dans les années 1970, il crée un musée volant avec des dizaines de modèles d’avions mythiques, comme le Blériot XI, des Stearman PT17 (des biplans de l’avant Seconde Guerre mondiale) ou encore un Morane-Saulnier Type H, et plusieurs sont classés aux monuments historiques. Ils ont par ailleurs la particularité de tous pouvoir voler, ne se contentant pas d’être admirés au sol.



    Dans la foulée, la première fête aéronautique voit le jour avec l’Amicale aéronautique de Cerny―La Ferté-Alais, qui prendra par la suite le nom de l’Amicale Jean-Baptiste Salis et dont Jean Salis fut le premier président.

    Il a bataillé pour lever une loi interdisant aux avions anciens de voler

    « Je perds un ami très proche, déplore Marie-Claire Chambaret, la maire (sans étiquette) de Cerny, dont il a été le témoin de mariage. Il a beaucoup œuvré pour la commune, où il a été élu pendant 20 ans. Il a fortement contribué au développement économique du plateau de l’Ardennay, qui n’était qu’une ferme avant. Il a vécu dans l’aura de son papa, il a passé toute sa vie à acheter, monter et démonter des avions. »

    Marie-Claire Chambaret se souvient qu’en 1965, quand le vol à voile a dû déménager à Buno-Bonneveaux faute de place à Cerny et parce que trop proche de l’aéroport d’Orly, « cela a été difficile ». « Il a alors compensé en achetant des avions dans le monde entier. Je me souviens d’une fois où il me prévenait qu’il allait en chercher un en Thaïlande, raconte l’élue. Il était passionné et il a transmis sa passion. À ses proches, mais aussi au grand public. Dans les années 1970, tous les dimanches il offrait gratuitement des baptêmes de l’air aux enfants de la commune. C’était exceptionnel. »

    La maire de Cerny se souvient de Jean Salis comme d’un homme « pugnace ». « À une époque, une loi a interdit aux avions anciens de voler, rembobine-t-elle. Il s’est énormément investi pour faire lever cette mesure. Cela lui a pris 11 ans de démarches. À sa création, le meeting s’appelait l’Aéro folklorique. Dès les premières éditions, il y avait des kilomètres de bouchons aux alentours. Jean voulait que son œuvre continue d’évoluer et qu’elle soit perpétuée. Cela le sera par ses fils et ses petits-enfants, et son épouse Brigitte. Sa passion continuera de vivre à travers eux. »