Vigneux-sur-Seine : deux mois après son incarcération, le maire renonce à son mandat

Serge Poinsot, le maire (LR) toujours incarcéré à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), a annoncé ce vendredi midi qu’il démissionne de son mandat pour se consacrer à sa défense. Le nouveau maire sera élu le 13 octobre.

 Vigneux, archives. Serge Poinsot, le maire (LR), est en détention provisoire depuis le 25 juillet dernier.
Vigneux, archives. Serge Poinsot, le maire (LR), est en détention provisoire depuis le 25 juillet dernier. LP/N.G.

    La ville de Vigneux-sur-Seine n'a plus de maire. Par un communiqué, les services de la commune ont annoncé ce vendredi après-midi que Serge Poinsot, maire (LR) depuis 2001, a finalement démissionné. L'élu est mis en examen pour corruption par personne investie d'un mandat électif, blanchiment de fraude fiscale et corruption passive à titre habituel dans le cadre de l 'affaire France Pierre. Il a été écroué le 25 juillet dernier.

    « Je veux pouvoir me consacrer pleinement et entièrement à ma défense. Il s'agit là d'un devoir de responsabilité vis-à-vis de mes administrés et du bon fonctionnement des services municipaux », a écrit le premier édile dans sa lettre de démission adressée à la préfecture. Le conseil municipal doit, selon le cabinet, se réunir le 13 octobre prochain pour élire le successeur de Serge Poinsot.

    Une « primaire » au sein de la majorité

    « Cette démission fait suite à un jeu de pressions exercées à droite », révèle un cadre du parti Les Républicains. « Je ne dirai pas qu'il n'y a pas eu de pressions », confirme en souriant un membre de la majorité de Vigneux-sur-Seine. Les services de la ville n'ont pas perdu de temps : sur le site Internet de la ville, la photo de Serge Poinsot a disparu du trombinoscope du conseil municipal dès l'officialisation de cette démission. « Ça avait trop duré, réagit le même élu. Nous étions dans une espèce de stand-by. Cela fonctionnait, mais aucune grande décision ne pouvait être prise. »

    Fouad Sari, conseiller municipal d'opposition (Centriste), s'est dit « complètement satisfait de cette démission. C'est ce que j'avais demandé lors du dernier conseil municipal en disant que le maire devait se consacrer à sa défense. Nous allons maintenant pouvoir parler de Vigneux pour d'autres sujets. Je passe à autre chose. »

    Ce vendredi soir, les élus de la liste majoritaire devaient se réunir afin de désigner leur candidat lors d'une sorte de primaire. Si trois ou quatre adjoints actuellement en place pourraient être candidats, un seul nom sort du lot : celui de Thomas Chazal, 6e adjoint en charge de l'éducation, de la jeunesse et des relations extérieures, par ailleurs soutenu François Durovray, président LR du conseil départemental et président de l'agglomération.

    Daniel Villatte, le premier adjoint qui assure actuellement l'intérim, serait également, selon nos informations, candidat à cette candidature. Petit handicap : il comparaît ce mardi 9 octobre devant le tribunal correctionnel aux côtés de Serge Poinsot pour « atteinte à la liberté d'accès ou à l'égalité des candidats dans les marchés publics ».

    Une habitant : « C'est honorable de sa part, il n'aurait pas été crédible »

    La démission de Serge Poinsot, tous l'attendaient. « Ce qui est surprenant, c'est que ça ait pris autant de temps », réagit Franck, un habitant de la commune rencontré hier à Vigneux. Dominique, qui vit dans le quartier du Lac depuis 1982, n'est pas surpris : « C'est honorable de sa part. Il n'aurait pas été crédible. Quand on est élu, on doit être irréprochable. Lui a été pris la main dans le sac. Vous savez, quand vous voyez toujours les mêmes entreprises qui travaillent sur les chantiers, c'est louche. »

    Cette mère de famille pense que « pour qu'il démissionne, il faut vraiment qu'il soit mal en point. Il tient beaucoup à son poste de maire, et il n'y a pas à dire, il était présent. » Une autre femme lâche : « Il est dans une situation difficile en tant qu'homme. Je ne veux pas tirer sur l'ambulance. »