« Il faut que ce soit beau et fort » : le conseil de Philippe d’Aram, compositeur de la musique officielle des JO d’Albertville

Le Chartrain Philippe d’Aram fut, il y a 32 ans, le compositeur de l’hymne des Jeux olympiques d’hiver à Albertville en Savoie. Alors que la France s’apprête à accueillir les prochains JO d’été, il revient pour nous sur ce moment émouvant qui résonne encore dans les oreilles de ceux qui y ont participé.

Philippe d'Aram n'est pas un fan de la musique imaginée par Woodkid pour le prologue des JO de Paris 2024 : "synthétique, sans mélodie" juge le compositeur qui vit aujourd'hui près de Chartres (Eure-et-Loir). LP/ Christophe Blondel
Philippe d'Aram n'est pas un fan de la musique imaginée par Woodkid pour le prologue des JO de Paris 2024 : "synthétique, sans mélodie" juge le compositeur qui vit aujourd'hui près de Chartres (Eure-et-Loir). LP/ Christophe Blondel

    Dix notes de musique à la flûte de pan, c’est ainsi que Philippe d’Aram lançait l’hymne des Jeux olympiques d’Albertville (Savoie) en 1992. Le compositeur, qui réside depuis un an et demi à Nogent-le-Phaye (Eure-et-Loir), dans l’agglomération de Chartres, est celui qui a mis en musique les derniers jeux d’hiver qu’a connus la France. « Dix notes, ce n’est pas grand-chose, mais il fallait que cette mélodie soit simple et mémorisable », se souvient l’artiste de 75 ans.

    Dès 1988, Philippe d’Aram imagine prendre part à la grande fête du sport d’hiver qui sera organisée quatre ans plus tard en Savoie. Le musicien aux dix-sept longs métrages, pour les réalisateurs comme Claude Zidi, Bruno Zincone, Walérian Borowczyk, Jean Rollin et Jean-Pierre Chrétien-Gony, gagne l’appel d’offres ouvert par le Comité d’Organisation des Jeux olympiques (COJO).



    « Sur le document « copy strategy » remis par les organisateurs, il était inscrit que cette musique devrait exprimer la montagne, la jeunesse et le sport », se souvient le compositeur. Pour la montagne, le natif de Bretagne utilise la flûte de pan, le sport est orchestré par quarante musiciens qui reprennent ensemble un trait au violoncelle. La jeunesse est représentée en début de morceau par une respiration de « huit secondes de sons de cours de récréation ». « La jeunesse, c’est la récréation », s’enthousiasme Philippe d’Aram.

    La musique officielle sera enregistrée par l’Orchestre de Paris et le chœur d’enfants de la maîtrise des Hauts-de-Seine. L’hymne sera diffusée sur chacune des épreuves de la compétition. « Au slalom spécial, ma musique de trois minutes passait en boucle. On l’a entendu pendant une heure au moins. Au milieu de la foule j’ai lancé : il y en a marre de cette musique ! Et plusieurs personnes sont venues me reprendre pour me demander pourquoi cette musique me déplaisait. Cela m’a fait sourire » se remémore celui qui a gardé un souvenir impérissable des JO d’Albertville.

    Trente-deux ans après, l’artiste reconnaît que sa ferveur est moins grande pour les prochains Jeux olympiques organisés en France. « Je n’irai pas à Paris pour voir les épreuves, mais je vais suivre l’événement à la télévision », poursuit le retraité. La musique imaginée par Woodkid pour le prologue des JO de Paris 2024 n’est pas du goût du compositeur. « C’est une musique synthétique, sans mélodie, c’est dommage. Je ne sais pas si ce sera la musique officielle mais j’espère qu’ils respecteront la charte olympique ! Il faut que ce soit beau et fort », conseille l’auteur de l’hymne des JO d’Albertville.