Affaire Jacob Blake : un ado de 17 ans arrêté après la mort par balles de deux manifestants

Kyle Rittenhouse est soupçonné d’avoir abattu deux personnes pendant des manifestations à Kenosha mardi soir.

    Un adolescent de 17 ans, soupçonné d'avoir abattu deux personnes mardi soir de Kenosha, en marge de manifestations dans cette ville de Wisconsin secouée par des manifestations de colère après les tirs de la police contre Jacob Blake, un Afro-Américain grièvement blessé. Kyle Rittenhouse a été « arrêté et placé en détention » par la police d'Antioch, un village de l'Illinois où il réside, à une trentaine de kilomètres de Kenosha.

    Comme les nuits précédentes, émaillées de violences et de destructions, la situation était extrêmement tendue mardi soir, quand des coups de feu ont retenti peu avant minuit. Selon le shérif du comté David Beth, des hommes armés patrouillaient le secteur ces dernières nuits. « Ce sont comme des milices, des groupes d'auto-défense », a-t-il dit, sans préciser si le tireur appartenait à ces groupes.

    Un même homme blanc armé d'un fusil d'assaut apparaît sur des vidéos mises en ligne par des témoins, sans que la chronologie soit claire. Sur l'une, il semble s'enfuir alors qu'un jeune homme blanc s'écroule au sol, avec une balle dans la tête. Sur une autre, on le voit être poursuivi par un groupe, tomber à terre, se retourner l'arme à la main. Des tirs sont alors audibles.

    Sur un troisième enregistrement, il passe près de véhicules de police, les mains en l'air, le fusil en bandoulière, sans être appréhendé.

    Trump annonce l'envoi de renforts

    La ville de Kenosha est secouée de convulsions depuis la diffusion d'une vidéo montrant Jacob Blake, 29 ans, blessé dimanche par des policiers dans un contexte encore flou. Un agent semble lui avoir tiré dans le dos, alors qu'il tentait de s'asseoir dans sa voiture où l'attendaient ses enfants. Il restera probablement paralysé à vie.

    Face à cette apparente bavure, la ville s'est rapidement embrassée. Ni le déploiement de 250 membres de la garde nationale, ni l'imposition d'un couvre-feu n'ont ramené le calme. Donald Trump a annoncé mercredi l'envoi de renforts policiers et de soldats de la Garde nationale contre les « pillages » à Kenosha.

    Dans la nuit de mardi à mercredi, des affrontements ont notamment éclaté entre un groupe de manifestants lançant des pétards et des policiers ripostant avec des balles en caoutchouc.

    Dans un pays où 30 % des adultes possèdent au moins une arme à feu, des habitants de la ville sont venus armés afin, ont-ils assuré, d'empêcher de nouvelles dégradations. « Certains ne réalisent pas qu'en incendiant un bâtiment, vous mettez en danger la vie des pompiers et de quiconque pouvant se trouver à l'intérieur », a justifié Kevin Mathewson, pistolet à la ceinture et fusil d'assaut AR-15 en bandoulière.

    Les policiers suspendus

    La colère a aussi gagné les rues de Minneapolis, où un autre Afro-Américain, George Floyd, a été asphyxié par un policier blanc le 25 mai, suscitant un mouvement historique de protestation contre le racisme.

    Plus tôt mardi, la mère de Jacob Blake avait lancé un vibrant appel au calme. « Mon fils se bat pour sa vie », avait déclaré, émue, Julia Jackson lors d'une conférence de presse. « Si Jacob savait ce qu'il se passait, la violence et la destruction, il serait très mécontent […] Nous avons besoin de guérir », avait-elle ajouté.

    « Le diagnostic médical pour le moment est qu'il est paralysé », a de son côté affirmé l'avocat de la famille de Jacob Blake, Ben Crump. Les deux policiers impliqués ont été suspendus de leurs fonctions et une enquête a été ouverte, mais aucune interpellation n'a encore eu lieu.

    Candidat démocrate à la présidentielle, Joe Biden a affirmé mercredi avoir parlé et promis « justice » à la famille de Jacob Blake. « Une fois de plus, un homme noir - Jacob Blake - s'est fait tirer dessus par la police. Sous les yeux de ses enfants. Cela me rend malade », a écrit l'ancien vice-président dans un post Twitter accompagné d'un message vidéo.

    VIDÉO. Affaire Jacob Blake : ses proches s'expriment