Fusillade de Halle : la piste de l’extrême droite, un Allemand de 27 ans interpellé

Un Allemand de 27 ans a été interpellé. Il avait tenté un assaut contre une synagogue, en ce jour de Yom Kippour. Le parquet antiterroriste a été saisi.

 Un homme tire mercredi après-midi dans les rues de Halle, près de Leipzig (capture d’écran).
Un homme tire mercredi après-midi dans les rues de Halle, près de Leipzig (capture d’écran). AFP/ATV-Studio Halle/Andreas Splett.

    Une fusillade a fait au moins deux morts à Halle, en Allemagne, une ville proche de Leipzig, dans l'est du pays. Deux personnes, un homme et une femme, blessées par balle, ont été hospitalisées, selon le Spiegel. Une synagogue et un restaurant turc ont été ciblés. Le parquet antiterroriste a été saisi. « Dans l'état actuel des choses, nous devons partir du principe qu'il s'agit d'une attaque antisémite », a déclaré Horst Seehofer le ministre allemand de l'Intérieur, ajoutant que la justice suspectait un acte « d'extrême droite ».

    Toujours selon le Spiegel, il s'agit de Stephan B., un Allemand de 27 ans, a priori d'extrême droite et antisémite. Le suspect s'est enregistré à l'aide d'une caméra placée dans son casque. La vidéo montre comment B. tire sur un passant près du cimetière juif et sur une personne dans un restaurant de kebabs. Il se plaint à plusieurs reprises des « juifs » et des « kanaks ». Il a été blessé par des tirs de la police dans la rue.

    Une vidéo diffusée en direct

    L'auteur de l'attentat de Halle en Allemagne a diffusé une vidéo de l'attaque sur la plateforme de streaming en direct Twitch, a indiqué une porte-parole du site spécialisé dans le jeu vidéo et l'e-sport. « Nous avons fait au plus vite pour retirer ce contenu», a indiqué une porte-parole de Twitch interrogée par l'AFP. Le modus operandi fait penser à celui de l 'attentat contre deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande en mars par un Australien d'extrême droite, qui avait fait 51 morts.

    Selon le site SITE, spécialisé dans la surveillance des organisations terroristes, le suspect affirme notamment dans la vidéo que « l'Holocauste n'a jamais existé » et considère que les Juifs sont à l'origine de tous les problèmes.

    Grenades, cocktails Molotov…

    L'homme a tenté en milieu de journée de pénétrer dans la synagogue du quartier Paulus au nord de la vieille ville, où étaient réunies, « 70 à 80 personnes », a indiqué le président de la communauté juive de Halle, Max Privorotzki, au Spiegel, alors que la communauté juive fête Kippour, le Jour du Grand Pardon, l'une des plus importantes célébrations de l'année.

    « L'auteur a tiré à plusieurs reprises sur la porte et jeté plusieurs cocktails Molotov, armes à feu ou grenades pour pénétrer, mais la porte était fermée, Dieu nous a protégés, le tout a pris peut-être cinq à dix minutes », a-t-il poursuivi. Mais une femme a été mortellement blessée près du cimetière juif, non loin de là.

    VIDEO. Fusillade en Allemagne : deux morts dans le quartier juif de Halle

    Habillé en soldat

    Un restaurant turc a été également pris pour cible. « Je me suis enfermé dans les toilettes. Ensuite, j'ai envoyé un SMS à ma famille pour leur dire que je les aimais ». Conrad Rössler a vraiment cru qu'il ne survivrait pas à l'attaque terroriste Il déjeunait paisiblement dans un petit kebab de son quartier du nord de la ville lorsqu'un homme habillé en soldat, cagoulé et muni d'un fusil d'assaut, s'est approché du snack en jetant une grenade. « Elle a explosé devant la porte comme un gros pétard. Ensuite, l'homme a tiré au moins une fois vers nous avec son arme. Derrière moi, un homme s'est écroulé, mort », a-t-il témoigné.

    Le gouvernement allemand a exprimé sa tristesse sur Twitter par l'intermédiaire de son porte-parole Steffen Seibert et espère que « les forces de sécurité interpelleront au plus vite le ou les auteurs des faits et qu'aucune autre personne ne sera mise en danger », sans évoquer le ou les mobiles de l'attaque.

    À Halle, tout le quartier a été bouclé et la gare principale fermée. Gares et aéroports de la région étaient sous haute surveillance. Les contrôles vers la Pologne et la République tchèque avaient été multipliés.

    Les autorités avaient demandé aux habitants de cette ville de Saxe-Anhalt de 230 000 habitants de rester confinés. La police a levé l'alerte vers 18h20, convaincue qu'il n'y avait le tireur avait agi seul.

    Des tirs dans une ville voisine

    Des tirs avaient été entendus à 15 km de là, à Landsberg. D'importantes forces de sécurité ont été déployées. Deux ambulances ont été vues sur place.

    La police allemande a déployé les grands moyens à Landsberg. AFP-Ronny HARTMANN
    La police allemande a déployé les grands moyens à Landsberg. AFP-Ronny HARTMANN AFP/ATV-Studio Halle/Andreas Splett.

    Les condamnations se multiplient. Le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas a tweeté : « Qu'une synagogue soit attaquée le jour du Kippour nous frappe au cœur. Nous devons tous lutter contre l'antisémitisme dans notre pays. Mes pensées vont aux morts et aux blessés, à leurs proches et à la police en ces heures difficiles »

    La sécurité a par ailleurs été renforcée devant les synagogues de Hambourg, Berlin, Leipzig et Dresde et notamment des institutions juives de Cologne et Dortmund.

    Cette attaque intervient quelques mois après le meurtre, en Hesse, de Walter Lübcke, un élu promigrants du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (CDU). Le principal suspect est un membre de la mouvance néonazie.

    Cette affaire a créé une onde de choc dans le pays, où l'extrême droite antimigrants enchaîne les succès électoraux. Elle a réveillé la crainte d'un terrorisme d'extrême droite à l'image de celui du groupuscule néonazi NSU, responsable du meurtre d'une dizaine d'immigrés en Allemagne entre 2000 et 2007. Plus de 12 700 extrémistes de droite jugés dangereux sont recensés par les autorités.

    Lundi soir, un Syrien de 32 ans s'était emparé d'un camion avant de percuter plusieurs voitures à Limburg, dans l'ouest du pays, blessant huit personnes. Le parquet de Francfort a annoncé mardi en début d'après-midi l'ouverture d'une enquête pour « tentative d'homicide » contre cet homme, blessé et interpellé juste après la collision.