Besançon : libéré en 2012 après 27 ans de prison, un ex-détenu mis en cause dans un grave accident

Abdelhamid Hakkar est suspecté d’avoir renversé lundi à Besançon une femme dont le pronostic vital est engagé. Il avait été condamné à la perpétuité en 1984, avant d’être libéré en 2012.

Le mis en cause doit être présenté à un juge en vue de sa mise en examen. (illustration) LP / Fred Dugit
Le mis en cause doit être présenté à un juge en vue de sa mise en examen. (illustration) LP / Fred Dugit

    Il a passé 27 ans derrière les barreaux. Un homme sorti de prison en 2012, notamment pour le meurtre d’un policier, est suspecté d’avoir renversé lundi soir à Besançon (Doubs) une enseignante dont le pronostic vital est engagé, a-t-on appris mercredi auprès du procureur.

    Abdelhamid Hakkar avait été condamné à la perpétuité pour le meurtre en 1984 d’un policier qu’il a toujours nié, puis de nouveau en 2005 lors d’un second procès, avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en 2012, après 27 ans de détention.

    Il doit être présenté à un juge de Besançon en vue de sa mise en examen pour « blessures involontaires avec ITT (incapacité totale de travail) supérieure à trois mois », a indiqué le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux. Le parquet formulera une demande de placement sous contrôle judiciaire.

    « Circonstances floues »

    Lundi vers 19 heures, cet homme de 68 ans a violemment percuté une enseignante de 48 ans alors qu’il circulait en voiture à Besançon. Il a ensuite « fait demi-tour » pour retourner vers la victime, selon le magistrat. L’enseignante a été transportée à l’hôpital. Son pronostic vital était toujours engagé mercredi matin. « Les circonstances de l’accident sont encore floues », souligne Etienne Manteaux qui invite les éventuels témoins de la scène à contacter le commissariat de Besançon. Abdelhamid Hakkar conduisait sans permis de conduire valable puisque celui-ci avait été annulé en 2017 pour un solde de points nul, après plusieurs infractions.

    Après sa première condamnation en 1989, Abdelhamid Hakkar avait formulé des recours jusque devant la Cour européenne des droits de l’Homme, qui lui avait donné gain de cause et reconnu un procès « inéquitable ». La France avait ensuite introduit dans sa législation un mécanisme permettant à un condamné d’être rejugé après un arrêt de la CEDH.

    Abdelhamid Hakkar avait poursuivi ses combats juridiques en prison, pour contester ses conditions de détention. En 2006, il avait lancé avec neuf détenus un appel médiatisé au rétablissement de la peine de mort, préférable selon eux à de trop longues peines les faisant « crever à petit feu ».