Cyclone Idai au Zimbabwe et au Mozambique : le bilan pourrait dépasser 1 000 morts

Le bilan est déjà à plus de 300 morts au Mozambique et il devrait s’alourdir. « Plus de 100 000 personnes ont besoin d’aide alimentaire », a alerté le président.

 Beira (Mozambique), le 19 mars 2019. Une femme, qui a dû fuir les inondations, démunie devant la catastrophe.
Beira (Mozambique), le 19 mars 2019. Une femme, qui a dû fuir les inondations, démunie devant la catastrophe. AFP/Emidio Josine

    Le cyclone Idai qui a balayé en fin de semaine dernière le Mozambique et le Zimbabwe, emportant routes, ponts, hôpitaux et écoles, a fait au moins 300 morts dans les deux pays. Mais le bilan final au Mozambique pourrait dépasser le millier de morts, a prévenu le président Filipe Nuysi qui décrété un deuil national de trois jours.

    Par ailleurs « plus de 100 000 personnes ont besoin d'aide alimentaire », a-t-il ajouté. « Les eaux des rivières Pungue et Buzi ont débordé et fait disparaître des villages entiers, isolant des communautés. Il y a des corps qui flottent. C'est un véritable désastre humanitaire », a dit le président mozambicain.

    Réfugiés dans des arbres

    Près de 350 000 personnes se retrouvent bloquées dans des zones inondées. Des rescapés ont trouvé refuge dans des arbres en attendant les secours, a expliqué le président. Des images aériennes transmises par l'organisation Mission Aviation Fellowship montrent aussi des dizaines de personnes bloquées sur les toits de bâtiments en dur entourés d'eau.

    Les eaux des rivières ont fait disparaître des centaines d’habitations. AFP/Zinyange Auntony
    Les eaux des rivières ont fait disparaître des centaines d’habitations. AFP/Zinyange Auntony AFP/Emidio Josine

    Le cyclone Idai et ses vents d'une extrême violence associés à des pluies torrentielles se sont abattus sur le centre du Mozambique jeudi soir, avant de poursuivre leur course au Zimbabwe voisin. Au Zimbabwe, le dernier bilan s'élevait à 98 morts et au moins 217 disparus, selon le ministère de l'Information.

    « On a l'impression d'avoir affaire aux conséquences d'une guerre à grande échelle », a déclaré le ministre de la Défense par intérim, Perrance Shiri.

    Des tôles emportées ont décapité des gens

    Au Mozambique, l'étendue des dégâts à Beira, la deuxième ville du pays avec un demi-million d'habitants, est « énorme et terrifiante », a prévenu la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). « 90 % de Beira et de ses alentours ont été endommagés ou détruits », a indiqué la FICR dans un communiqué.

    Lundi, les rues de la ville étaient jonchées d'arbres déracinés, d'éclats de verre et de tôles emportées, a constaté un journaliste de l'AFP. « Les tôles en s'envolant ont décapité des gens, d'autres ont été blessés. […] Il n'y a pas de secours ici. On est mal », a déclaré une rescapée, Rajina, qui a trouvé refuge dans une échoppe abandonnée.

    Région du Chimanimani (Zimbabwe), le 18 mars. Les routes sont dévastées. AFP/Zinyange Auntony
    Région du Chimanimani (Zimbabwe), le 18 mars. Les routes sont dévastées. AFP/Zinyange Auntony AFP/Emidio Josine

    Dans la région de Beira, 873 maisons ont été emportées, 24 hôpitaux détruits et 267 classes partiellement ou complètement englouties, selon un bilan provisoire de l'Institut mozambicain de gestion des désastres.

    Le président Nyusi a appelé ses concitoyens qui habitent « près de rivières à quitter la zone pour sauver leur vie, surtout si on doit lâcher de l'eau des barrages » pour éviter qu'ils ne cèdent. Plusieurs ont déjà « lâché ou atteint leur niveau maximum », a d'ailleurs prévenu Emma Beaty de l'organisation non-gouvernementale Oxfam.

    Dimanche soir, le ministre de l'Environnement Celso Correia avait estimé que le cyclone Idai pourrait avoir provoqué le « pire désastre naturel » de l'histoire du Mozambique, fréquemment frappé par de violentes intempéries. En 2000, des crues avaient déjà causé la mort de 800 personnes dans ce pays pauvre d'Afrique australe.

    Au Zimbabwe, le pays n'a jamais connu de « destructions d'infrastructures d'une telle ampleur », a estimé lundi le ministre des Transports Joel Biggie Matiza. Devant l'ampleur des dégâts, le président Emmerson Mnangagwa est rentré précipitamment lundi d'un voyage aux Emirats arabes unis. « A chaque heure qui passe, nos pires craintes se confirment », a-t-il déclaré. « Beaucoup sont morts noyés, tandis que d'autres ont été tués dans leur sommeil par des pierres qui ont démoli leur maison », a-t-il ajouté.

    Les secours se sont concentrés lundi dans la région de Chimanimani, dans l'est. Les zones les plus durement touchées n'étaient pas accessibles lundi, et les vols de secours d'hélicoptères militaires étaient entravés par des vents violents et un ciel très nuageux.

    Beira, le 19 mars. Les vents violents ne facilitent pas la tâche des sauveteurs et des hélicoptères. AFP/Adrien Barbier.
    Beira, le 19 mars. Les vents violents ne facilitent pas la tâche des sauveteurs et des hélicoptères. AFP/Adrien Barbier. AFP/Emidio Josine

    L'association médicale du Zimbabwe (Zima) a lancé un appel aux volontaires pour venir en aide aux sinistrés et appelé aux dons de nourriture, d'eau, de gaz, de vêtements, de couvertures ou encore de tentes.

    Les fortes pluies qui avaient précédé l'arrivée d'Idai avaient déjà fait au moins 122 morts au Mozambique et au Malawi voisin, qui a été épargné par le cyclone.