Essonne : un jeune homme juif dénonce une agression antisémite dans un bus à Savigny-sur-Orge

Un Tiktokeur de 19 ans a indiqué à la police avoir été victime de menaces et de coups alors qu’il empruntait un bus de la commune, lundi soir. Il est parvenu à se réfugier dans une synagogue, après l’intervention d’un passant. Une enquête a été ouverte.

Le jeune influenceur cumule plus de 120 000 abonnés sur TikTok, où il évoque les rituels de la religion juive. (Illustration) LP/Paul Abran
Le jeune influenceur cumule plus de 120 000 abonnés sur TikTok, où il évoque les rituels de la religion juive. (Illustration) LP/Paul Abran

    Des menaces et des insultes, et puis des coups. Un influenceur juif de 19 ans, Mendel Narboni, a dénoncé une agression antisémite survenue dans un bus de Savigny-sur-Orge, en Essonne, a appris Le Parisien de source policière. Le tribunal judiciaire d’Évry confirme qu’une plainte a été déposée par le jeune homme, après « avoir fait l’objet de menaces par trois individus », tandis que la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse lui a apporté son « soutien sans réserves ».

    La scène s’est déroulée lundi soir, aux alentours de 23 heures sur le boulevard Aristide Briand de Savigny-sur-Orge. La police a été sollicitée pour des « violences et menaces antisémites » dans un bus. La victime, qui portait un habit traditionnel, s’était réfugiée dans une synagogue. Le jeune homme a indiqué aux forces de l’ordre qu’il se trouvait dans un bus quand trois individus au fond du véhicule ont commencé à l’insulter et le menacer, a précisé la source policière.

    Selon les propos rapportés par Mendel Narboni, ils lui auraient alors lancé : « Je vais te fumer, venez on le tabasse à la sortie du bus, si tu veux rentrer chez toi change de place, t’es juif ». Des termes cités également dans la plainte du jeune homme, selon le parquet, qui précise que ces individus ont aussi « tenté de lui porter des coups ».

    D’après la source policière, ils se seraient alors rapprochés du jeune homme qui, par peur, descendait du bus. L’un d’entre eux aurait tenté de lui asséner un coup de pied et un autre un coup de poing, avant qu’un passant ne s’interpose et que la victime se réfugie dans une synagogue à proximité.

    « Venez, on le tabasse à la sortie du bus »

    Le jeune influenceur, suivi par plus de 120 000 abonnés sur TikTok où il explique en vidéo des traditions de la communauté juive et la pratique de sa religion, a dénoncé cette agression sur le plateau de CNews ce vendredi matin. Il a expliqué qu’il rentrait chez lui et s’était installé dans un carré à quatre places quand il a commencé à recevoir des insultes, notamment « en arabe », d’un jeune et de ses deux amis, qui lui faisaient face.

    Selon son récit, l’un d’eux a alors lancé « Venez, on le tabasse à la sortie du bus », tandis qu’un autre l’a menacé : « Si tu veux rentrer tranquillement ce soir, bouge d’ici, sinon tu ne vas pas rentrer chez toi ce soir ». Le jeune homme a indiqué s’être alors levé, et être parvenu à sortir du bus en même temps qu’un autre passager. Mais l’un des trois jeunes l’a alors suivi et est descendu « à la dernière seconde ».



    Il a cette fois affirmé que ce seul individu s’en était pris à lui physiquement : « Il me met un coup de pied par derrière », puis « un coup de poing » esquivé de justesse, a-t-il poursuivi. Le passager descendu en même temps s’est alors interposé, et Mendel Narboni a pu entrer dans une synagogue à proximité, dont il disposait des clés du local, avant d’appeler la police, intervenue 15 minutes plus tard. « C’était clairement antisémite », s’est indigné le jeune homme.

    « Je pensais qu’il allait m’achever »

    Dans Le Journal du Dimanche, il a assuré également que l’individu « ne se serait pas arrêté jusqu’à ce que je sois KO ». « Je pensais qu’il allait m’achever, maintenant qu’il était seul avec moi », a-t-il confié au journal, à qui il a précisé que la synagogue était celle de son père, qui est le délégué de la communauté juive orthodoxe Beth Loubavitch de la commune.

    Sur le réseau X, la présidente LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a apporté son « soutien sans réserves au jeune Mendel Narboni, victime d’une agression antisémite insupportable ». « Les services d’Île-de-France sont à la disposition des autorités pour retrouver les auteurs de cette infamie », a-t-elle assuré. Les vidéos des caméras du bus n’ont pas pu être exploitées dans l’immédiat, en raison d’un problème technique de la RATP, d’après une source policière.

    Une plainte a été déposée par le jeune homme, et une enquête est en cours pour « menaces et violences à raison de la religion », a précisé la vice-procureure d’Évry. L’identité des agresseurs reste pour l’heure inconnue, selon la source policière.

    Dans les colonnes du journal, Mendel Narboni s’est aussi dit peu surpris par cette manifestation de violence : « J’ai l’habitude. Je sais que ma tenue attire les regards, j’ai déjà eu des altercations dans le métro où l’on m’a volé ma kippa, je reçois souvent des insultes », a-t-il déclaré à l’hebdomadaire, tout en convenant qu’il est « très rare que ça en vienne aux mains ». Il a également indiqué qu’il ne prendrait plus cette ligne de bus, mais a assuré vouloir continuer à porter l’habit traditionnel juif : « Je n’ai pas à me cacher, ni à avoir peur », a-t-il insisté.



    Ce n’est en effet pas la première fois que l’influenceur de 19 ans fait l’objet de menaces, depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre. En novembre dernier, il avait déposé plainte après avoir reçu une vidéo d’un individu armé d’une kalachnikov, qui le menaçait de « l’exécuter ». Une enquête avait été ouverte.

    Les actes antisémites se sont multipliés depuis le début du conflit au Proche-Orient : au 1er semestre de 2024, 887 « faits » avaient été recensés, soit près de trois fois plus qu’à la même période en 2023, avait indiqué début août le ministre démissionnaire de l’Intérieur Gérald Darmanin. Ces dernières semaines, l’incendie de la synagogue de La Grande-Motte (Hérault) le samedi 24 août dernier a déclenché une vague d’émotion et d’indignation.