Eure : après le spectaculaire incendie du Grand château de Serquigny, l’heure des questions

80 sapeurs-pompiers étaient mobilisés ce dimanche 31 décembre depuis tôt dans la matinée pour éteindre les flammes qui ont fortement endommagé la bâtisse. La toiture et les planches sont détruites, seules deux façades, dont une inscrite aux monuments historiques, ont pu être partiellement préservées.

    « C’est une grande perte pour la commune, nous avions des projets touristiques et hôteliers », déplore Frédéric Delamare. Le maire de Serquigny regarde, impuissant, l’œilleton qui ornait la façade s’effondrer à l’intérieur de la bâtisse. Le Grand Serquigny, construit à la fin du XVIIe siècle sur les fondations d’un château médiéval, a été largement détruit ce dimanche 31 décembre dans un incendie. Prévenus par un ambulancier à 6h30 du matin, les 80 sapeurs-pompiers déployés sur place n’ont pas pu sauver la toiture et les planchers de l’édifice.

    « Le pont qui traverse les douves est en très mauvais état et il n’aurait pas supporté le passage des véhicules d’intervention », a précisé dimanche midi lors d’un point presse le préfet de l’Eure, Simon Babre. Faute d’accès, les pompiers ont progressé munis de lances à main pour maîtriser l’incendie. « Deux façades ont été préservées, donc la façade inscrite au titre des monuments historiques, mais il est toujours possible qu’elles s’effondrent », a-t-il poursuivi.

    Un site historique volontairement laissé à l’abandon

    « Si on avait disposé d’une échelle, on aurait pu faire la part du feu et peut-être préserver l’est du bâtiment », a détaillé le colonel Emmanuel Ducouret, directeur du SDIS 27. Pour l’heure, les lances continuent de refroidir le château d’où des fumerolles s’échappent encore régulièrement, renforcées par les fortes rafales de vent qui balaient ce jour le département.

    Si les dégâts sur la bâtisse sont considérables, les secours ne font pas état de victimes. « Au cours des 48 prochaines heures, au fur et à mesure de l’extinction totale du sinistre, des reconnaissances approfondies du site auront lieu pour finaliser la levée de doute s’agissant du bilan humain », précise la préfecture dans un communiqué.

    Les enquêteurs auront aussi la charge de déterminer les causes de l’incendie. Bien que laissé à l’abandon depuis plusieurs années et au cœur d’une bataille administrative compliquée pour identifier la totalité des quelque 40 propriétaires de l’édifice, « le château était squatté illégalement », précise une source présente sur place.



    Selon la préfecture de l’Eure, le lieu était « régulièrement visité » mais « aucun signalement d’installations laissant penser que des gens aient pu y vivre » n’ont été fait auprès des forces de l’ordre ou de la préfecture.

    De par sa toiture et sa façade, composée de briques et ornée de modénatures, ces pierres taillées qui enserrent les briques, le Grand Serquigny était inscrit aux Monuments historiques. Présente sur place, France Poulain, architecte en chef de l’Unité départementale de l’architecture et du patrimoine (UDAP) de l’Eure des Bâtiments de France, a indiqué que le sinistre avait été signalé au ministère de la Culture. « Mais avant d’envisager toute reconstruction, il nous faudra déterminer qui sont les propriétaires », rappelle Frédéric Delamare, qui évoque déjà la nécessité d’un appel aux dons lorsqu’il faudra financer la restauration du château.