Faits divers : d'où vient le terme «corbeau» ?

Le mot est utilisé pour désigner l'auteur de lettres anonymes de menaces ou d'insultes. Mais pourquoi ?

L'origine de l'expression remonte à une affaire judiciaire vieille d'un siècle.
L'origine de l'expression remonte à une affaire judiciaire vieille d'un siècle. Le Parisien

    A chaque rebondissement dans l'affaire du petit Grégory, il revient : le «corbeau», ses lettres anonymes et sa prose haineuse à l'encontre des parents du garçonnet. Un terme encore plus utilisé depuis ces derniers jours alors que le parquet de Dijon s'intéresse particulièrement aux époux Jacob, grand-oncle et grande-tante de l'enfant défunt, mis en cause par la justice après la découverte d'écrits troublants à leur domicile. Mais pourquoi le nom du volatile est-il employé?

    L'origine de l'expression remonte à une affaire vieille de cent ans. De 1917 à 1922, 110 lettres anonymes secouent Tulle, accusant certains habitants d'adultère, en calomniant d'autres. La ville corrézienne attire l'attention de la presse nationale, qui se passionne pour le feuilleton. Confondue par une dictée collective, une femme du nom d'Angèle Laval est jugée en décembre 1922. Venu couvrir le procès pour le quotidien «Le Matin», un journaliste en fait la description suivante : «Elle est là, petite, un peu boulotte, un peu tassée, semblable, sous ses vêtements de deuil, à un pauvre oiseau funèbre qui aurait reployé ses ailes».

    Le mot «corbeau» n'est pas employé, mais la description l'évoque largement. Vingt ans plus tard, le réalisateur Genri-Georges Clouzot décide de porter l'affaire à l'écran. Inspiré par l'article du «Matin», il décide de baptiser son film, sorti en 1943, «Le Corbeau». «C'est adapté, car c'est un animal à la robe noire, à l'allure sinistre, et qui évoque la mort, explique Georges Planelles, auteur des "1.001 expressions préférées des Français".

    VIDEO. La bande-annonce du film de Henri-Georges Clouzot

    Petit à petit, le titre de l'oeuvre s'installe dans le langage courant et sert à décrire les «anonymographes», qui abreuvent leur entourage de lettres non-signées injurieuses. Près de soixante-quinze ans après la sortie du film, celui de la Vologne va peut-être être enfin identifié.