L'accès au pont du RER était ouvert

L'accès au pont du RER était ouvert

    Rien n'interdisait l'accès au pont ferré, où Jordan, 10 ans, et Sullivan, 18 ans, ont été happés par un train samedi soir à l'issue du match Lille - Lyon au Stade de France, à Saint-Denis. « Le pêne de la porte avait été scié. Aucune signalétique sur la porte ou aux abords immédiats des deux escaliers n'interdisait l'accès ni ne prévenait des dangers encourus. Les constatations confirment les auditions des victimes », a affirmé hier François Molins, le procureur de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Il reste à savoir qui de la SNCF ou de Réseau ferré de France en porte la responsabilité.

    Selon les premiers éléments de l'enquête, les supporteurs avaient reçu « des consignes strictes » pour regagner leur bus, affrété par les Ch'tis Dogues de la Lys d'Armentières au plus tard à 23 h 15. Mais le groupe des douze supporteurs n'aurait pas réussi à emprunter le pont Francis-de-Pressensé pour franchir le canal de Saint-Denis.

    Le Losc mis en garde

    « Il semble que ce pont était fermé au moment où ils sont arrivés », indique le parquet. Au lieu de partir à gauche pour rejoindre une passerelle piétonne, le groupe de supporteurs serait parti à droite et aurait longé dans l'obscurité le canal jusqu'au pont de chemin de fer. « Comme la porte était ouverte, ils ont pensé que c'était un passage accessible aux piétons. Certains ont même cru qu'il n'y avait plus de trains », poursuit François Molins. A 23 h 25, c'est le drame. Un RER B circulant à 82 km/h, « une vitesse réglementaire », arrive par-derrière et percute le groupe, faisant deux morts et trois blessés graves.

    Cet accident tragique repose la question des dangers encourus par les supporteurs à la sortie des matchs. En l'occurrence, les responsables du Losc Lille Métropole avaient été, selon nos informations, officiellement mis en garde. C'est ce qui ressort des comptes rendus des deux réunions tenues le 3 décembre et le 4 février à la préfecture de Seine-Saint-Denis. Des documents dont « le Parisien » et « Aujourd'hui en France » ont eu connaissance. A chaque fois étaient présents des représentants de la Direction départementale de la sécurité publique, de la Fédération française de football, du Losc, de l'Olympique lyonnais, du Stade de France, de la SNCF et de la RATP. Avant le match, « la principale inconnue concerne le nombre de cars non officiels en provenance du nord de la France », s'alarme le premier procès-verbal daté du 18 décembre. Le lieu de stationnement de ces cars est jugé « éloigné » du stade, ce qui pose un « problème » de « gestion des flux » de personnes. Dans le second PV, le 17 février, un membre du cabinet du préfet précise que le dispositif de guidage des supporteurs par les forces de l'ordre est mis en place à titre « exceptionnel ». Afin « d'éviter à la DDSP d'avoir à gérer les futurs déplacements de ces cars », il demande au Losc de « sensibiliser les supporteurs à emprunter les transports en commun ». Du côté de la préfecture, on ne confirmait pas hier ces informations. Cette question de la circulation et du stationnement des cars sera évoquée mardi prochain lors d'une réunion à la préfecture de Bobigny.

    Un rassemblement en la mémoire de Jordan et Sullivan aura lieu demain, à 18 h 30, au Stadium Nord de Villeneuve-d'Ascq.