Métro, RER, Transilien… avec quatre accidents mortels en avril, série noire sur le réseau francilien

Le dernier drame remonte à la nuit de mercredi à jeudi, au cours de laquelle deux personnes sans-abri ont été mortellement percutées par une rame de métro à la station Gaîté, dans le XIVe arrondissement de Paris.

Deux personnes sans-abri, un homme et une femme, sont mortes dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir été percutées par une rame de métro à Paris. LP/ Delphine Goldsztejn
Deux personnes sans-abri, un homme et une femme, sont mortes dans la nuit de mercredi à jeudi après avoir été percutées par une rame de métro à Paris. LP/ Delphine Goldsztejn

    Cinq morts en moins d’un mois. C’est le triste constat observé sur le réseau de transports en commun francilien, où quatre accidents sont survenus à seulement quelques jours d’écart dans les lignes de métro, de RER et du Transilien. Le dernier drame remonte à la nuit de mercredi 26 à jeudi 27 avril, au cours de laquelle deux personnes sans-abri sont décédées, percutées par une rame de métro à la station Gaîté, dans le XIVe arrondissement de Paris.

    Les victimes, un homme et une femme, se seraient disputées sur le quai de cette station de la ligne 13 en direction de Châtillon, selon une source policière. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du drame. Une centaine de voyageurs ont assisté à la scène, dont une classe de 38 élèves allemands, qui se trouvaient alors sur le quai avec leur professeur.

    « Ces accidents nous rappellent les risques »

    « Après le drame sur la ligne 6, ça fait prendre conscience des dangers liés au métro, souffle Simon, 27 ans, qui descend à la station Gaîté ce jeudi matin. Si une personne tombe sur les voies devant moi, je ne sais pas comment je réagirais. »

    Même état d’esprit pour André, jeune retraité adepte des transports en commun parisiens depuis plus de 40 ans. « On est dans une routine, moins vigilants peut-être. Ces accidents nous rappellent les risques. Quatre morts juste dans le métro, cela pose des questions de sécurité. »

    Un autre voyageur pointe justement une sécurité inégale d’une station à l’autre. « L’arrêt précédent, Montparnasse, est équipé de barrières automatiques. Pas Gaîté. »

    Les deux personnes décédées dans la nuit de mercredi à jeudi « étaient alcoolisées », rappelle Romy, la cinquantaine, qui a, elle aussi, eu vent du drame ce jeudi matin. On a vite fait de faire tomber quelque chose ou même de chuter si on s’approche trop près du bord. C’est tragique. »

    Une femme happée par le souffle d’un train

    Le début de cette série noire remonte au 9 avril dernier. Ce jour-là, une femme a été littéralement « happée » par le souffle d’un train en gare de Meulan (Yvelines). La victime est décédée après être tombée sur les rails au départ du train de la ligne J en direction de Paris. Son corps a été retrouvé un peu plus tard, près de la voie ferrée, à la suite de l’alerte donnée par un usager de la gare.

    Six jours plus tard, Raya, une adolescente de 14 ans, est happée par la rame d’un RER B. Elle décède sur place. La jeune fille avait chuté quelques secondes auparavant sur les rails de la station Cité Universitaire à Paris (XIVe). Le machiniste n’a pas eu le temps de freiner et l’a percutée. Une enquête a été confiée au commissariat du XIVe arrondissement. « « Les images de vidéosurveillance ne permettent pas de comprendre comment elle a pu être déséquilibrée, précise une source proche de l’affaire. Elle était au bout du quai, personne ne l’entourait et elle avait ses écouteurs sur les oreilles. ». Le conducteur, choqué, a été pris en charge.

    VIDÉO. « Comment j’ai survécu à une chute sous le RER B »

    Moins de dix jours plus tard, c’est sur la ligne 6, à la station Bel-Air, qu’un nouveau drame se produit. Une femme âgée d’une quarantaine d’années est alors emportée par le train en descendant de la rame, dans la porte de laquelle son manteau s’est trouvé coincé. Dans la précipitation, l’usagère n’a pas réussi à se dégager. Là encore, les secours n’ont pas réussi à ranimer la victime qui a été déclarée morte sur place. Une enquête en « recherche des causes de la mort a été confiée au commissariat du XIIe arrondissement », selon le parquet.

    Des drames difficiles à quantifier

    Loin d’être rarissimes sur le réseau francilien, les « accidents graves de personne » — le terme utilisé pour désigner pudiquement les accidents entre un train et un voyageur sur les voies — peuvent être liés à de multiples causes, du suicide aux chutes accidentelles ou à la bousculade en passant par les intrusions sur les voies.



    Il reste toutefois difficile de quantifier leur nombre, car aucune statistique publique n’existe sur le sujet. De leurs côtés, les spécialistes évoquent le chiffre d’une centaine de décès par an sur les réseaux ferrés d’Île-de-France. Dans la grande majorité des cas, ces décès sont causés par suicide.