Mort de Célya, 6 ans : alerte enlèvement levée, beau-père en garde à vue… ce que l’on sait du drame

La mère de la fillette avait signalé sa disparition à Saint-Martin-de-l’If (Seine-Maritime). Le corps de l’enfant a été retrouvé dans la nuit de vendredi à samedi dans un bois.

    Le corps d’une fillette de 6 ans portée disparue près de Rouen (Seine-Maritime) a été retrouvé dans la nuit de vendredi à samedi. Le dispositif alerte enlèvement avait été déclenché quelques heures plus tôt.

    Que s’est-il passé ?

    La mère de Célya, petite fille de 6 ans, avait appelé la gendarmerie ce vendredi vers 17h50 heures pour signaler qu’elle venait de se faire agresser au couteau par son compagnon, a indiqué à l’AFP une source au sein de la gendarmerie. Blessée au cou, à la gorge et au ventre, la victime avait réussi à fuir son domicile situé à Saint-Martin-de-l’If.

    Son compagnon, qui n’est pas le père de l’enfant, s’y trouvait toujours avec la petite fille, également victime de coups de couteau, selon une source policière. Alors qu’elle alertait les secours, la mère de la fillette a aperçu son compagnon prendre la fuite précipitamment en voiture, a expliqué ce samedi le procureur de la République de Rouen, Frédéric Teillet. À leur arrivée au domicile, les gendarmes avaient constaté qu’il était vide de tout occupant.

    Le dispositif « alerte-enlèvement » avait été déclenché peu avant 21 heures. Plus d’une centaine de gendarmes de Seine-Maritime et des départements limitrophes ont été mobilisés, ainsi que des gendarmes mobiles, une équipe cynophile et un hélicoptère.

    « Célya, âgée de 6 ans, de type européen, cheveux châtain foncé mi-longs, yeux marron, portant une robe licorne de couleur noire, mesurant 1,10 m, a disparu de son domicile de Saint-Martin-de-l’If », à une vingtaine de km au nord-ouest de Rouen peu avant 18 heures, indiquait le communiqué de l’alerte-enlèvement. « Elle est susceptible d’avoir été enlevée par le compagnon de sa mère : homme âgé de 42 ans, 1,80 m, corpulence très maigre, cheveux châtains, yeux bleus, circulant à bord d’une Golf bleu marine immatriculée 7189 WM 76 », poursuivaient les gendarmes.

    Un riverain, au courant de l’alerte enlèvement, a localisé la voiture peu après 22 heures. Le corps sans vie de l’enfant a été retrouvé par les gendarmes dans un bois à proximité du véhicule du suspect. Peu après 1 heure samedi, le ministère de la Justice avait annoncé sur son compte X la levée du dispositif alerte-enlèvement.

    Le suspect retrouvé

    Le suspect, Julien G., activement recherché par les forces de l’ordre, a été interpellé et placé en garde à vue samedi matin. « Les gendarmes ont retrouvé et interpellé vers 6 heures le principal mis en cause », compagnon de la mère de l’enfant, « à proximité du lieu de découverte de sa voiture, dans un bois de Saint-Martin-de-l’If », a détaillé samedi la gendarmerie. Il était armé d’un couteau, a précisé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rouen.

    « D’importants moyens de gendarmerie » ont été déployés pour rechercher l’auteur présumé des faits, le compagnon de la mère de la victime, qui était « en fuite », avait indiqué dans un communiqué publié ce samedi dans la nuit le procureur Frédéric Teillet, présent sur place.

    Il avait appelé les habitants de Saint-Martin-de-l’If, où le drame s’est déroulé, à « la plus grande vigilance » et « toute personne susceptible de contribuer à l’enquête ou à l’interpellation est invitée à composer le 17. »

    Il a été placé en garde à vue pour « tentative de meurtre sur conjoint », « enlèvement et meurtre sur mineur de moins de 15 ans ».

    Des signes d’une terrible violence

    Lors d’une conférence de presse ce samedi midi, Frédéric Teillet a décrit des « faits d’une extrême violence », dont une « fracture majeure à l’arrière du crâne » de la fillette. « L’intervention d’un tiers » dans le décès de l’enfant « est certaine », pour le médecin légiste, a-t-il par ailleurs précisé. Un scanner et une autopsie seront menés lundi.

    La mère de la petite fille a expliqué qu’une dispute avait éclaté avec son conjoint vendredi soir. « Il s’en est pris à Célya. Sa mère est intervenue » pour la protéger et a, elle aussi, « subi des violences », a détaillé le procureur. « Son concubin s’est saisi d’un couteau cuisine », a-t-il poursuivi, expliquant qu’au moins neuf plaies peu profondes avaient été constatées sur la mère de famille.

    « Ça été comme un coup de folie », a-t-elle décrit aux enquêteurs, assurant qu’il ne s’était jamais montré violent. Il avait par ailleurs consommé de la cocaïne à plusieurs reprises dans la journée, selon le témoignage de sa compagne, repris par Frédéric Teillet à l’occasion d’une conférence de presse.

    « La maman de Célya, qui a été victime des premières violences, est actuellement hospitalisée mais ses jours ne sont pas en danger », précise le procureur de Rouen dans son communiqué. « On ne sait pas » si Célya était encore en vie lorsqu’elle a été emmenée en voiture par le suspect, a-t-il également fait savoir ce samedi midi.

    Le maire de Saint-Martin-de-l’If a confié à BFMTV l’émotion qui a saisi la « petite commune rurale » de 1 700 habitants, où la fillette était scolarisée. Sylvain Garand a fait part de son « profond sentiment d’injustice qui est partagé, je pense, par l’ensemble de la population », ajoute-t-il.

    Que sait-on du suspect ?

    Julien G. est âgé de 42 ans. Aux enquêteurs, la mère de Célya a décrit un homme souffrant de troubles psychiatriques et ayant un usage régulier des stupéfiants.

    Le couple n’avait pas été signalé pour des violences intrafamiliales et aucune plainte n’avait été déposée en ce sens. Mais selon une source proche de l’enquête, l’homme était connu de la justice ainsi que pour des troubles du comportement. Il a été condamné à cinq reprises depuis 2009 pour des infractions en lien avec les produits stupéfiants, a également précisé le procureur de la République de Rouen ce samedi midi.

    Comment fonctionne l’alerte enlèvement ?

    Adopté en France en février 2006, le dispositif « alerte-enlèvement » consiste à lancer une alerte massive en cas de rapt d’enfant mineur pour mobiliser la population dans la recherche de l’enfant et de son ravisseur. Il a été déclenché en France à une trentaine de reprises jusqu’à présent.



    Il n’est activé que si plusieurs critères sont réunis : il faut un enlèvement avéré et pas une simple disparition, la victime doit être mineure, son intégrité physique ou sa vie doivent être en danger et des éléments d’information doivent permettre de la localiser.

    Sa précédente activation remontait à janvier dernier, pour la disparition d’une petite fille d’un mois enlevée à l’hôpital de Meaux (Seine-et-Marne), qui avait été rapidement retrouvée saine et sauve avec sa mère, en situation de grande précarité.