Paris : enquête sur une drôle de résidence étudiante

Propriété d'un bailleur social, la résidence très convoitée Auguste-Rodin abrite à Paris des locataires triés sur le volet. Et, en sous-main, on retrouve Olivier Spithakis, l'acteur principal du scandale de la Mnef...

Rue de Sèvres, Paris (VIIe), jeudi. L’immeuble Auguste-Rodin fait partie du parc locatif de Fac Habitat, association qui propose des logements aux étudiants et aux jeunes actifs.
Rue de Sèvres, Paris (VIIe), jeudi. L’immeuble Auguste-Rodin fait partie du parc locatif de Fac Habitat, association qui propose des logements aux étudiants et aux jeunes actifs. Capture Goggle street view

    C'est une étrange résidence étudiante dans le VII e arrondissement de Paris, entre l'hôtel Matignon et le grand magasin le Bon Marché. L'immeuble Auguste-Rodin, qui donne sur la rue de Sèvres, compte une cinquantaine de petits studios de 17 à 40 m 2, joliment meublés, pour des loyers variant entre 700 et 1 050 €. Cette coquette résidence dans un des quartiers les plus huppés de Paris fait partie du parc locatif de Fac Habitat, une association de loi 1901, qui compte aujourd'hui quelque 70 immeubles et 8 000 logements en France. Une structure qui, comme l'indique son site, «propose des logements en résidence aux étudiants et jeunes actifs de moins de 30 ans».

    Mais à l'inverse des autres résidences parisiennes de Fac Habitat, celle d'Auguste-Rodin semble extrêmement convoitée. La liste d'attente pour s'y installer est aujourd'hui supérieure à un an. Les demandes d'inscription par Internet ont été bloquées par l'association, comme nous le précise une employée au téléphone. Pourtant, les loyers y sont beaucoup plus élevés que dans les autres résidences. Il faut dire qu'en jetant un coup d'oeil à la liste des locataires, le niveau social paraît bien élevé pour une résidence propriété d'un bailleur social spécialisé habituellement dans les maisons retraites et loueur de Fac Habitat.

    Une avocate, un ingénieur, une analyste...

    Après recherche, on trouve parmi les résidents, une jeune avocate collaboratrice d'un grand cabinet, un conseiller d'une grande banque, une analyste au ministère de la Justice, un jeune ingénieur... et le fils de Samia Ghali, la sénatrice PS de Marseille.

    Faut-il voir dans l'attribution de ce logement si difficile à obtenir un lien d'amitié avec Olivier Spithakis, nom bien connu du Parti socialiste et de la justice pour son implication dans l'affaire de la Mnef? Selon les révélations de l'hebdomadaire «le Point», cet homme originaire de Marseille, haut en couleur, condamné pour «détournement de fonds publics et abus de confiance» en 2004, puis pour «emplois fictifs», en 2006, serait aujourd'hui derrière l'association Fac Habitat.

    Samia Ghali se défend de tout piston. «Mon fils a moins de 30 ans et a rempli un dossier de demande par Internet en tant que jeune actif. Son loyer d'environ 700 € pour 20 m2 représente la moitié de son salaire, explique l'élue marseillaise, protestant contre «une atteinte à la vie privée de son enfant». Même son de cloche chez Michel Beurnier, directeur général de Fac Habitat, un fidèle d'Olivier Spithakis. «Je l'apprends, ce ne peut être qu'un hasard», soutient-il. A l'époque de la Mnef, déjà, le tandem Spithakis-Beurnier faisait dans le logement étudiant. Et à l'époque, aussi, la Mnef était une structure à but non lucratif.

    Fin de la comparaison ? Selon «le Point», diverses sociétés se seraient greffées en sous-main autour de FAC Habitat pour siphonner les revenus de l'association. Des sociétés souvent dirigées ou gérées par des proches de Spithakis. Selon nos informations, Fac Habitat a subi un redressement financier de la part du fisc français à la suite d'une série de perquisitions et de saisies menées par les agents de la Direction nationale d'enquêtes fiscales (DNEF). Mais, à ce jour, aucune enquête n'a été diligentée contre Fac Habitat, ni aucune société dans sa mouvance condamnée.

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