Régine dénonce la liquidation du Palace

La chanteuse met en cause le tribunal de commerce de Paris

Régine dénonce la liquidation du Palace

    A cinq jours de la vente aux enchères du Palace, la boîte de nuit parisienne fermée depuis un an et demi, son ancienne propriétaire, la chanteuse Régine, a décidé de pousser un coup de gueule. Après avoir été entendue par la commission parlementaire d´enquête, elle accuse le tribunal de commerce de Paris d´avoir « détruit » l´établissement dans le but de favoriser un repreneur « ami ».

    Interrogé hier soir, Jean-Pierre Mattei, le président du tribunal de commerce, a réfuté en bloc toutes ces accusations, ajoutant que Régine a toujours la possibilité de participer à la vente aux enchères du Palace, mercredi prochain.

    ­ Pourquoi avoir témoigné devant la commission parlementaire d´enquête sur les tribunaux de commerce ?

    Régine. ­ Je me suis tue trop longtemps. Ce qui s´est passé avec le Palace est une honte. On m´a humiliée. J´accuse le tribunal de commerce de Paris : pour moi, on a volontairement voulu détruire cette affaire qui valait 45 millions de francs. A présent, le Palace est mis aux enchères à 4 millions. Je veux bloquer cette vente. Avant toute chose, il faut que la justice ouvre une enquête.

    ­ Pourquoi le Palace a-t-il fermé en 1996 ?

    ­ Fin 1995, les comptes étaient équilibrés et un audit confirmait que l´établissement était sain. Il n´a jamais été mal géré. C´est alors que la justice a décidé la fermeture de l´établissement pendant trois mois pour une obscure affaire de vente d´ecstasy. Nous n´y étions pour rien et cela vient d´ailleurs d´être confirmé par la justice. Mais cette fermeture a entraîné de graves difficultés qui nous ont conduit devant le tribunal de commerce de Paris. Je n´avais jamais eu affaire à lui, et j´étais tranquille.

    Mick Hucknall, le chanteur de Simply Red, voulait racheter l´affaire 45 millions de francs. Il n´y avait aucune raison de s´inquiéter. J´étais certaine que le tribunal accepterait cette offre. Et pourtant, ils sont venus fermer l´établissement le matin du 31 décembre 1996. Du jour au lendemain, ils ont jeté soixante-dix personnes au chômage et en plus ils ont craché sur 1,5 million de recettes prévues pour la soirée du réveillon du jour de l´an. Un vrai gâchis.

    ­ Pourquoi, selon vous, le tribunal n´a-t-il pas donné son feu vert à la vente ?

    ­ J´ai reçu deux appels d´une personne très proche du tribunal. Le premier coup de fil se situait juste avant la liquidation. On m´a dit : « Régine, tu vas perdre le Palace, le tribunal de commerce veut le garder pour lui. » Je n´y ai pas cru. Le second appel est venu après la liquidation. On m´indique cette fois qu´une personne importante du tribunal de commerce veut faire des parkings et donner la boîte de nuit à un ami, un type de Miami. Je tombais des nues ! On m´a alors fait comprendre que si je bougeais, les ennuis du Palace pouvaient avoir des conséquences sur l´ensemble de ma holding. Je risquais de tout perdre, je me suis donc tue. Les trois juges m´ont dit qu´ils me faisaient le « cadeau » de me laisser continuer de gérer le reste de mes affaires. Ce jour-là, j´étais prête à pleurer d´humiliation.

    ­ Avez-vous fait appel de cette décision ?

    ­ Les dés étaient pipés. Il y a un mois, j´ai rencontré le président du tribunal, M. Mattei, pour lui dire que j´avais l´intention de reprendre le Palace. Ce monsieur m´a parlé droit dans les yeux, il m´a dit : « Rien ne s´oppose à ce que vous repreniez cet établissement. » Il m´a même précisé qu´il ne valait « guère plus de 4 millions de francs ». Effectivement, cinq jours après cette conversation dans les couloirs du tribunal, j´ai appris par la presse que les murs du Palace seront mis en vente pour 4 millions.

    Régine veut désormais bloquer la vente du Palace, qui doit avoir lieu mercredi, en attendant une enquête de la justice sur la façon dont le tribunal de commerce de Paris a géré ses difficultés. (Photo LP/ Olivier BOITET.)