Usurpation d’identité : « Les cas extrêmes provoquent une vraie détresse »

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) possède un service qui s’occupe des victimes d’usurpation. L’un de ses responsables nous rappelle que des outils de prévention existent pour tenter de contenir ce fléau.

D'après la Cnil, l'usurpation d'identité touche désormais des personnes de plus en plus jeunes en parallèle du développement des réseaux sociaux. (Illustration) PhotoPQR/La Voix du Nord/Florent Moreau
D'après la Cnil, l'usurpation d'identité touche désormais des personnes de plus en plus jeunes en parallèle du développement des réseaux sociaux. (Illustration) PhotoPQR/La Voix du Nord/Florent Moreau

    Jean Baudrillard est adjoint au chef du service des relations avec les publics de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Cette dernière a notamment mis en place un numéro de téléphone et un formulaire de contact pour les personnes qui seraient victimes d’usurpation d’identité.

    L’usurpation d’identité est-elle un phénomène conséquent ?

    JEAN BAUDRILLARD. Oui. On reçoit plusieurs centaines d’appels par an. Ce n’est pas nouveau mais, avec une société aussi connectée que la nôtre, les risques sont accrus. Avec le développement des réseaux sociaux, on constate un rajeunissement des victimes.



    De quoi parle-t-on exactement ?

    Il y a différents types d’usurpation, avec des degrés de gravité variables et donc des impacts plus ou moins importants. Dans la majorité des cas, on va avoir des personnes malveillantes qui se créent de faux comptes, sur Facebook par exemple, avec votre nom et votre photo. On pourra alors vous faire dire des choses que vous ne pensez pas avec de lourdes conséquences sur votre réputation ou votre vie privée. Mais on peut aussi être confronté à des professionnels de l’arnaque qui vont arriver à commettre des infractions dont vous serez tenus pour responsable. Les conséquences financières peuvent être lourdes, sans compter le sentiment de dépossession de soi et d’impuissance que l’on peut ressentir. Les cas extrêmes provoquent une vraie détresse.

    Jean Baudrillard, adjoint au chef du service des relations avec les publics de la Cnil.
    Jean Baudrillard, adjoint au chef du service des relations avec les publics de la Cnil.

    Peut-on s’en prémunir ?

    Oui. Des règles de bonne pratique existent. À commencer par la gestion de ses mots de passe : il faut qu’ils soient complexes, différents selon les applications et surtout ne pas les partager. C’est très important de sécuriser sa boîte mail : c’est une mine d’or pour les usurpateurs car les protocoles de récupération ou de changement de mot de passe transitent par là. Il faut aussi se méfier des emails ou des SMS bizarres et qui tentent de se faire passer pour des sites officiels : ne pas ouvrir la pièce jointe, ne pas cliquer sur l’URL… Il ne faut pas non plus hésiter à signaler les arnaques sur le site cybermalveillance.gouv.fr ou la plate-forme Pharos. On est tous acteurs de la prévention.

    Que faire si l’on est victime ?

    Déjà, il ne faut éprouver ni sentiment de honte ni culpabilité. La première réaction, c’est de porter plainte. Les forces de l’ordre ont des moyens pour identifier les auteurs et vous permettre d’obtenir des réparations. Pensez aussi à prévenir votre banque et les différents organismes sociaux dont vous dépendez. Enfin, si l’usurpation concerne un réseau social, chaque site possède sa plate-forme de signalement. L’usurpation d’identité n’est pas une fatalité.