Var : le mystère plane autour de l'assassinat d'un tatoueur ex-convoyeur de fonds

L'assassinat, début mai dans le Var, de Cyril Lacroux, ex-convoyeur de fonds devenu tatoueur, reste un mystère pour ses amis. Reportage.

Cyril Lacroux a été tué de trois balles dans la tête le 6 mai dernier.
Cyril Lacroux a été tué de trois balles dans la tête le 6 mai dernier. DR

    Rongés par le chagrin, ses amis bikeurs ont démonté, pièce après pièce, sa belle Harley-Davidson 13-40 personnalisée, au réservoir marqué d'une trace de pistolet de tatoueur. Une moto dont il avait tant rêvé et qu'il remboursait quand il le pouvait. Le soir du 6 mai, Cyril Lacroux, 46 ans, devenu tatoueur sur le tard, a quitté son domicile de Brignoles (Var) sans prévenir son épouse, pour se rendre à un étrange rendez-vous prévu à 22 heures sur un chemin du village voisin de Tourves. Un guet-apens fatal.

    Son corps a été retrouvé par des cavaliers derrière son petit tout-terrain Toyota, la tête criblée de trois balles : deux de 9 mm et une autre de 7,62 mm. Une information judiciaire pour assassinat a été ouverte et l'enquête confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Marseille pour faire la lumière sur la fin tragique de la vie de Cyril.

    Un passé de convoyeur de fonds

    Dans une première vie, il avait été convoyeur de fonds et victime d'un spectaculaire braquage en 2008, qui n'a jamais été élucidé. Une ancienne affaire qui pourrait expliquer cette exécution ? Ses amis n'y croient pas.

    «Jamais il n'aurait mérité cela. Le Cyril que je connais, c'est un type bien, un sacré bon gars, humble, aimable, gentil comme tout, serviable. Il ne faisait jamais la gueule et venait prendre le café dans mon atelier. Il était au travail tous les jours et avait une petite vie tranquille avec Nathalie, sa femme, et ses deux enfants issus d'une précédente union», résume Jean- Michel Dubosq, 51 ans, préparateur moto réputé de la boutique Custom Chopper. Une «figure locale» connue pour avoir été la forte tête au franc-parler de l'émission «Koh-Lanta» 2016. «Jamais je ne l'ai vu s'énerver, ni boire. Si je devais le comparer à un animal, je dirais qu'il ressemblait à un paresseux...» assure Jean-Luc, qui dit avoir «mal» depuis cette tragédie.

    Des difficultés financières

    «Il aurait dû m'en parler. On ne part pas seul comme cela dans la campagne en pleine nuit. Ce n'est pas anodin», estime Jean-Luc, bikeur au grand coeur qui avait vendu la Harley à Cyril. «Il était amoureux de cette machine. Un Chovel dans l'esprit du film Easy Rider. Et il la payait mois par mois, quand il le pouvait. Tout comme son loyer. Il a eu du mal à créer sa clientèle, mais là, c'était parti», indique Jean-Luc, propriétaire de la petite boutique où Cyril avait installé son cabinet de tatouage, juste à côté de son garage. «Il est inimaginable qu'il ait eu une double vie. Il se contentait de ce qu'il avait. Dès qu'il avait quatre sous, il partait à la plage avec Nathalie. Son seul délire, c'était sa moto. C'est incompréhensible. Ce garçon, c'était une crème», confie Anthony Maurel, l'associé de Jean-Luc.

    «Un bon voisin toujours d'humeur égale. Nos clients étaient ses clients. Il avait désormais sa réputation d'artiste. Un bon coup de dessin à main levée. Pendant longtemps, il n'avait pu se dégager un salaire, sauf peut-être ces derniers mois. Il avait même failli fermer boutique», confie Laura Boffredo, 29 ans, la gérante du bar à bières les Deux Cervoises, l'une de ses voisines. De temps en temps, elle lui apportait «une bière aromatisée» dans son cabinet pendant qu'il travaillait. Laura porte encore la signature posthume de Cyril sur son corps. Il lui avait tatoué «une petite fille avec un chien».