Vie chère : nouvelle soirée de violences en Martinique, plusieurs personnes blessées

De nouveaux affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont eu lieu durant la nuit de lundi à mardi à Fort-de-France. Six fonctionnaires de police ont été blessés. Un manifestant aurait été conduit aux urgences.

Des affrontements ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi en Martinique. (Illustration). AFP/Alain Jocard
Des affrontements ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi en Martinique. (Illustration). AFP/Alain Jocard

    Dans un contexte de mobilisation contre la vie chère en Martinique, six policiers ont été blessés lundi soir à Fort-de-France. Lors d’une intervention pour « troubles à l’ordre public » lundi vers 23 heures (5 heures mardi à Paris), deux agents de la force publique ont été touchés par des tirs de plomb au « niveau des jambes mais leur pronostic vital n’est pas engagé », a indiqué mardi une source policière.

    Dans un communiqué, la préfecture évoque quatre autres policiers blessés par des armes à feu. Deux personnes ont été interpellées.

    Un jeune manifestant aurait été blessé et conduit aux urgences de l’hôpital, selon la La1ère.fr.

    Des émeutiers ont également installé des barrages sur une avenue qui traverse le quartier populaire Sainte-Thérèse à Fort-de-France, cœur des tensions depuis plusieurs jours entre des groupes d’individus et les forces de l’ordre. Un véhicule a été enflammé et poussé sur la voie publique, d’après des images consultées sur les réseaux sociaux. L’incendie a nécessité l’intervention des pompiers. Selon un témoin, un groupe d’émeutiers s’est introduit sur le port et a dévalisé un conteneur.

    Palettes et pneus en feu sur un axe routier majeur

    Un barrage routier a été installé sur le principal axe routier entre le sud et le nord de cette île française des Caraïbes d’environ 360 000 habitants. Des palettes et des pneus ont été positionnés sur la chaussée une bonne partie de la nuit sur un rond-point, avant que les gendarmes ne rétablissent la circulation.

    Dans la matinée, les forces de sécurité continuaient de lever les derniers barrages afin de rétablir la circulation, selon la préfecture. Mais la situation restait « vive », selon ZayActu qui estimait « la circulation impossible » sur cette portion de route.

    Des violences avaient déjà éclaté dans le quartier Sainte-Thérèse dans la nuit du 2 au 3 septembre, au cours de laquelle des policiers avaient été la cible de tirs à balles réelles. Et dans la nuit de vendredi à samedi, deux personnes ont ouvert le feu sur la façade du commissariat de Fort-de-France, sans faire de blessé. Des magasins du quartier Dillon ont été également vandalisés la nuit dernière, selon la préfecture.

    Par ailleurs, le Grand port maritime de Martinique, par lequel transitent 98 % des marchandises qui entrent ou sortent de ce territoire ultramarin, est visé depuis le 1er septembre par un mouvement de contestation contre la cherté des denrées alimentaires.

    Des aliments 40 % plus chers qu’en métropole

    Selon une étude de l’Insee en 2022, les prix alimentaires étaient 40 % plus élevés en Martinique que dans l’Hexagone. Des hypermarchés ont été bloqués le week-end dernier à l’appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéennes (RPPRAC).

    Depuis le 1er juillet, ce collectif a adressé « une injonction » aux acteurs de la grande distribution martiniquaise, les sommant d’aligner leurs prix sur ceux pratiqués dans les commerces de métropole. Un ultimatum avait été fixé au 1er septembre. Par ailleurs, ce Rassemblement a appelé au blocage de l’île jusqu’à ce que la transparence soit faite sur les négociations en cours.

    Des propositions pour des prix plus abordables

    L’État, les distributeurs et les collectivités ont pour objectif une « baisse de 20 % en moyenne du prix » de 2 500 produits de première nécessité. Invités jeudi dernier à une table ronde en préfecture avec l’ensemble des acteurs de la grande distribution et les institutions, les représentants du RPPRAC avaient quitté les négociations au bout de cinq minutes face au refus du préfet de retransmettre les échanges en direct sur les réseaux sociaux.

    Pour lutter contre la vie chère, la Collectivité territoriale de Martinique s’est elle prononcée en faveur d’une « suppression des taux d’octroi de mer (taxe spécifique aux départements d’Outre-mer s’appliquant aux biens importés) et d’octroi de mer régional sur 54 familles de produits », soit « plusieurs centaines » de produits.