À Toulouse, on attend du concret après le coup d’éclat du ministre de la Santé au CHU de Purpan

Lors de sa visite, Frédéric Valletoux a fustigé « un manque de coopération » du secteur privé toulousain sur les urgences psychiatriques. Peu convaincus par cette diatribe, syndicats et opposition lui rappellent leurs attentes : plus de moyens pour le secteur.

Toulouse, ce mardi 20 février. La sortie médiatique du nouveau ministre de la Santé Frédéric Valletoux (photo) au CHU de Purpan laisse dubitatif le député LFI Hadrien Clouet. AFP/Matthieu Rondel
Toulouse, ce mardi 20 février. La sortie médiatique du nouveau ministre de la Santé Frédéric Valletoux (photo) au CHU de Purpan laisse dubitatif le député LFI Hadrien Clouet. AFP/Matthieu Rondel

    En visite au CHU du Purpan à Toulouse (Haute-Garonne), ce mardi 20 février, après trois incidents graves liés aux soins psychiatriques, le nouveau ministre de la Santé Frédéric Valletoux a rué dans les brancards, dénonçant une situation « inacceptable » et assurant n’avoir « jamais vu ça ». En cause selon lui, « des secteurs public et privé qui ne coopèrent pas » et un secteur privé qui ne prendrait pas sa part dans l’accueil des patients en psychiatrie.

    Des propos qui ont fait bondir la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), et notamment son président Lamine Gharbi, dans un communiqué : « Je tiens à redire que l’hospitalisation privée prend toute sa part, sans aucune sélection de patients (…) Seule la coopération entre le public et le privé permettra de conserver un système de santé performant dans lequel chaque secteur, public comme privé, doit avoir toute sa place et assumer ses responsabilités de manière collective et solidaire. »

    L’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) a également réagi, rappelant que plus de 13 millions de Français souffrent de pathologies psychiatriques, et demandant « à ce que la santé mentale soit une véritable grande cause nationale pour 2025, afin de déployer les moyens nécessaires, humains et financiers, pour faire face à cette situation désastreuse ».

    « Frédéric Valletoux est venu sans argent ni mesure réelle »

    À Toulouse, c’est le député LFI Hadrien Clouet, qui se montre dubitatif, après la conférence de presse du ministre de la Santé accompagnée de la députée Renaissance Monique Iborra, « à laquelle nous n’étions pas invités ». « Frédéric Valletoux est arrivé avec un discours tout près, sans argent ni mesure réelle », estime le député. « Les 15 ouvertures de lits annoncées, c’est une bonne nouvelle, mais on a davantage l’impression qu’il s’agit de mutualiser les moyens existants. »

    Hadrien Clouet, qui pointe par ailleurs un double discours du ministre devant les cadres ou les salariés et syndicats, estime que « si le privé n’assume pas sa part, il ne faut pas avoir peur d’envisager des nationalisations ». Enfin, à l’heure où Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’euros d’économie, il s’interroge sur les moyens donnés à l’hôpital public. « Et que va-t-il rester aux Agences régionales de santé (ARS), sur qui le ministre s’est déchargé de la gestion du comité de suivi ? Départementaliser le problème n’est pas la solution, car le problème de la psychiatrie est national. »

    « Ça fait des années qu’on alerte »

    Infirmière et représentante Sud santé sociaux au CHU de Toulouse, Édith Vauclare était présente à la réunion organisée avec le ministre, mais assure avoir appris les annonces par la presse. « En recevant le syndicat et le personnel, il a dit qu’il était là pour nous écouter… On a compris qu’il allait demander au privé de prendre sa part », explique-t-elle. « Peuvent-ils faire mieux ? Peut-être. Mais ce n’est pas le seul problème. D’autant qu’à Toulouse, les cliniques sont en périphérie, et les personnes précaires n’ont pas toujours les moyens de s’y rendre. Dans ce cas, comment assurer le suivi ambulatoire, qui est primordial ? »

    Enfin, elle sourit jaune devant le constat de Frédéric Valletoux. « Ça fait des années qu’on alerte. Quand l’ARS est venue, des patients étaient dans des bureaux. On nous parle de recruter du personnel, mais comment remplacer ceux qui sont partis et qui étaient déjà formés… » Selon Édith Vauclare, il n’est plus temps de faire des enquêtes, il faut agir.