Fin annoncée de la navette Air France entre Toulouse et Orly : est-ce que c’est grave ?

L’arrêt de la navette entre Toulouse et Paris Orly à horizon 2026 suscite l’inquiétude de nombreux élus locaux. Mais la chute invoquée de la fréquentation de cette ligne pose d’autres questions.

À partir de 2026, l'aéroport Toulouse-Blagnac n'accueillera plus la navette Air France vers Orly.
À partir de 2026, l'aéroport Toulouse-Blagnac n'accueillera plus la navette Air France vers Orly.

    C’est un symbole qui s’apprête à disparaître. La Navette, célèbre liaison entre Toulouse-Blagnac et Paris Orly assurée par Air France, sera supprimée par la compagnie française, qui a annoncé quitter l’aéroport d’Orly en 2026 pour regrouper ses opérations à Paris-Charles-de-Gaulle. Elle sera remplacée par une nouvelle liaison de sa filiale low-cost Transavia et par une augmentation des vols Toulouse-Roissy.

    Pour Air France, cette décision se justifie par « une chute structurelle de la demande domestique ». Ainsi, « entre 2019 et 2023, le trafic sur les liaisons domestiques au départ d’Orly a baissé de 40 %, et même de 60 % pour les allers-retours journée », bien loin des 27 vols par jour assurés à une certaine époque. En 2009, la Navette transportait encore plus de 2 millions de passagers par an, contre 1,3 million l’an dernier.



    Rapidement, les élus locaux ont réagi. Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a dénoncé « un nouveau coup dur pour nos territoires ». Six sénateurs de l’ancienne région Midi-Pyrénées ont également fait part de leur inquiétude pour l’avenir. « Cette décision, si elle devait se mettre en œuvre, compromettrait gravement l’attractivité économique, le développement et la connectivité de la région toulousaine. » Selon eux, cette liaison « revêt une importance capitale pour nos entreprises, nos institutions et nos concitoyens ». Ils ont ainsi demandé au ministre délégué aux transports Clément Beaune, d’intervenir auprès d’Air France KLM en tant qu’actionnaire de la compagnie aérienne.

    Toulouse, seule grande ville non reliée au TGV

    Enfin, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, souhaite que la Ville rose reste bien reliée à Paris : « Qu’il soit bien clair que cette évolution ne saurait avoir pour conséquence une diminution du niveau de service, notamment de la fréquence des vols entre Toulouse et la capitale. Au moins jusqu’à la mise en service de notre future LGV. Je demande donc qu’un engagement solennel soit pris publiquement dans ce sens. » Des positions logiques pour les élus, alors que Toulouse demeure la dernière grande ville qui n’est pas reliée à la capitale par TGV.



    Pourtant, la baisse de fréquentation avancée par Air France, si elle est réelle, témoigne d’un changement d’habitude et d’un intérêt moins grand pour des liaisons rapides avec Paris. La réaction de l’aéroport Toulouse-Blagnac, qui assure par ailleurs qu’« un nouveau modèle devra être mis en place, notamment avec la filiale Transavia du groupe Air France », illustre cette évolution. « Cette adaptation répond aux enjeux d’une demande qui évolue fortement depuis la crise Covid et d’une transformation du secteur des compagnies aériennes sur le marché domestique et européen », a indiqué Philippe Crébassa, président du directoire de la plateforme.

    L’annonce d’Air France donne d’ailleurs un argument inattendu aux opposants à la ligne de train à grande vitesse Bordeaux-Toulouse. Marc Péré, maire divers gauche de L’Union, commune de la banlieue nord de Toulouse, s’interroge ouvertement sur l’intérêt d’une ligne LGV entre Bordeaux et Toulouse pour rapprocher la Ville rose de la capitale. « Les chiffres donnés par Air France témoignent d’une modification comportementale dans le business. Il y a une prise de conscience écologique et d’efficacité. S’ils sont exacts, l’argument de gagner une heure pour rejoindre Paris n’est plus très crédible et cela pose question sur le modèle économique de la future LGV. » Inquiet que cela pousse la SNCF à relever le prix du billet pour compenser une fréquentation moindre, Marc Péré répond aussi aux inquiétudes sur le développement économique de la région : « Air France nous dit que les gens prennent déjà moins l’avion. »