A Boulogne, les revirements de Thierry Solère divisent les habitants

Passé LREM, le député de Boulogne va finalement démissionner de la questure. Un énième épisode des tribulations politiques de Thierry Solère, qui déboussole les habitants de sa circonscription.

 Boulogne, le 5 juin 2017. Après avoir joué l’ambiguïté pendant des mois, recevant notamment le soutient du Premier ministre Edouard Philippe pour les législatives, Thierry Solère a officiellement rejoint LREM.
Boulogne, le 5 juin 2017. Après avoir joué l’ambiguïté pendant des mois, recevant notamment le soutient du Premier ministre Edouard Philippe pour les législatives, Thierry Solère a officiellement rejoint LREM. (LP/A.-S.D.)

    Comment, en à peine un an, Thierry Solère, est-il passé du statut de figure incontournable des Républicains à celui que toute sa famille politique adore détester? Dernier épisode en date : sa décision, ce mardi matin, d'abandonner le poste stratégique de questeur à l'Assemblée Nationale. Deux jours après son ralliement à La République en marche (LREM).

    Un changement d'étiquette qui a provoqué une nouvelle fois la colère des députés LR, les trois sièges de questeurs étant détenus par la majorité. Or, l'usage au Palais-Bourbon veut qu'un poste revienne à l'opposition. Déjà en juin dernier, l'élection du député « constructif » à la questure avait créé un véritable psychodrame. Mais cette fois, le parlementaire a cédé. « Je n'ai pas envie de parasiter le débat politique », se justifie l'intéressé. Mais il ne manque pas d'égratigner au passage « la droite identitaire » qui a eu sa peau, le qualifiant de « traître ». « Ma famille politique n'existe plus », tranche-t-il.

    Dans les rues de Boulogne-Billancourt, où Thierry Solère a été réélu député en juin dernier, les avis sur ce énième revirement divergent. « Ça ne me surprend pas, c'est dans l'air du temps. Ils sont plusieurs hommes politiques à changer de bord en ce moment », observe Gilles, boulonnais depuis trente ans, qui qualifie la décision de Thierry Solère de « courageuse ». « Il sait ce qu'il veut. Ça me paraît normal qu'il clarifie la situation », observe cet administré… qui n'a même pas voté pour lui aux législatives.

    « Bientôt, on va le retrouver chez les communistes et ça ne m'étonnera même pas ! »

    Cette annonce intervient effectivement après des mois de flou. Pendant la campagne, Thierry Solère, investi LR, avait reçu le soutien de son ami et Premier ministre Edouard Philippe. Autre ambiguïté : sa concurrente directe, Marie-Laure Godin, est adjointe au maire… LR et s'était présentée dissidence. « C'est aux électeurs qui ont voté pour lui qu'il doit rendre des comptes, estime Pierre-Christophe Baguet, le maire (LR) qui avait fait campagne pour son adjointe. En tout cas, il est toujours aussi invisible ici. Quand on passe son temps dans les combines politiciennes… »

    « On commence à être habitué. Il change d'avis comme de chemise, souffle Gérard qui a pourtant participé à la victoire de Thierry Solère en juin. Il n'est pas fiable. Bientôt, on va le retrouver chez les communistes et ça ne m'étonnera même pas ! » « Il est opportuniste, renchérit Anne. Ce n'est pas très élégant ce qu'il fait. Il part quand ça va mal pour aller là où l'herbe est plus verte. » Carine, elle, le juge « pragmatique ». « Il veut sortir de la crise et il joue ses cartes. Et puis s'il se rapproche de la majorité, ça pourra peut-être améliorer des choses à Boulogne… », espère cette habitante.

    D’homme fort de LR à député LREM en un an