A Boulogne, l’incroyable restauration des maisons japonaises d’Albert Kahn

Boulogne-Billancourt, la semaine dernière.  Les maîtres menuisiers japonais ont terminé la restauration complète des pavillons japonais du Musée départemental Albert-Kahn le 25 juillet.
Boulogne-Billancourt, la semaine dernière. Les maîtres menuisiers japonais ont terminé la restauration complète des pavillons japonais du Musée départemental Albert-Kahn le 25 juillet. (LP/J.B.)

    Pour l'heure, ils ne dévoilent pas encore leur beauté retrouvée, restant à l'abri des regards sous de grandes bâches blanches. Mais depuis quelques jours, les deux pavillons japonais du Musée Albert-Kahn (MAK) de Boulogne-Billancourt ont regagné leur splendeur.

    Après dix mois de travaux, Yoshikazu Shibukawa, le maître menuisier venu spécialement de Kyoto pour les rénover, a confié les constructions aux bons soins des agents du conseil départemental (CD92), propriétaire des lieux. « Une véritable œuvre d'art », d'après les mots de Jérôme Tixier, le responsable projet au CD92, que nous avons pu découvrir en avant-première.

    Les bâtiments ont été entièrement démontés et remontés

    Car les visiteurs vont devoir s'armer de patience pour redécouvrir les graciles édifices. « Le public pourra les admirer début 2018, annonce Jérôme Tixier. Pendant les travaux de rénovation et d'extension du musée, nous conservons les protections en cas de chutes éventuelles d'objets, mais surtout pour éviter la poussière. »

    Boulogne, mars 2016. Maître Shibukawa (à droite) supervise les travaux de rénovation des deux pavillons.

    En à peine dix mois, les deux pavillons ont disparu du village japonais puis reparu plus beaux que jamais. Car pour redonner vie à ces architectures à la fois délicates et incroyablement résistantes, Maître Shibukawa et ses assistants ont carrément démonté puis remonté fidèlement les constructions. Ils ont procédé à un inventaire méticuleux du moindre composant et ont pu se baser sur la collection d'autochromes (les premières photographies) du MAK pour restituer les détails du début du XXe siècle.

    Boulogne, la semaine dernière. Les panneaux en papier de riz se sont refait une beauté. (LP/J.B.)

    « Nous avons reconstruit le toit en chaume de la maison ouest qui avait disparu », précise Jérôme Tixier. Le pavillon est a quant à lui récupéré la couleur bleue sur certains pans de murs. Les experts du pays du Soleil Levant ont effectué toutes les opérations manuellement avec du petit outillage. Un savoir-faire qui date du VIIe siècle. « Ils ont réutilisé toutes les pièces encore en état et changé celles qui le nécessitaient avec des bois importés du Japon », précise Jérôme Tixier. De minuscules bardeaux en cyprès japonais épousent les ondulations des toitures. Des plaques de séquoia protègent le bain reconstitué.

    « Grâce à eux, nous savons comment entretenir et préserver ces maisonnettes »

    Malgré la barrière de la langue, les charpentiers de la région du Kansai et les jardiniers du MAK ont partagé leurs connaissances avec les agents du CD 92. « C'est extraordinaire ce qu'on a vécu, témoigne Irène en refermant délicatement l'un des panneaux recouverts de papier de riz. Grâce à eux, nous savons comment entretenir et préserver ces maisonnettes. »

    Boulogne, la semaine dernière. La toiture en séquoia entièrement rénovée d'un des deux pavillons japonais. (LP/J.B.)

    Conçues pour la contemplation de la nature environnante, les habitations laisseront moins deviner leur intérieur. Un impératif pour garantir leur pérennité. « Avant, on les ouvrait tout le temps, on ne savait pas, sourit Farid. Il faut les laisser fermées pendant la période des pollens, quand il pleut ou fait froid. » De quoi éviter une prochaine restauration trop rapide. « La prochaine fois, ça sera dans cent ans, sans nous », regrette Irène. « Je n'avais jamais vu un tel chantier avec des dates respectées au jour près, sourit Jérôme Tixier. En principe, on dépose toujours des réserves au moment de la livraison. Là, rien ! »

    Le banquier avait créé un condensé du monde sur 4 ha

    Musée Albert-Kahn, 10-14 rue du Port. Ouvert du mardi au dimanche de 11 heures à 19 heures. Tarif plein : 4 €. Tél. 01.55.19.28.00.