« Une bouffée d’oxygène », à Clichy, le test de piétonnisation de la rue du Landy salué par les commerçants

Une portion de cette rue de la ville du Nord des Hauts-de-Seine, tout près du pavillon Vendôme, sert de test jusqu’à la fin août. Une expérience que les commerçants et les riverains, à de rares exception près, aimeraient voir se pérenniser.

Clichy, ce samedi. Du vendredi 12 juillet au 1er septembre 2024, une portion de la rue du Landy (entre la rue Dagobert et le boulevard Jean Jaurès, tout près du pavillon Vendôme) est le lieu d’un test de piétonnisation. LP/D.L.
Clichy, ce samedi. Du vendredi 12 juillet au 1er septembre 2024, une portion de la rue du Landy (entre la rue Dagobert et le boulevard Jean Jaurès, tout près du pavillon Vendôme) est le lieu d’un test de piétonnisation. LP/D.L.

    Depuis le 12 juillet, les week-ends, c’est double mission pour Krysto. Le sympathique restaurateur de la rue du Landy ne s’affaire pas seulement dans les cuisines de sa crêperie. Il veille aussi au scrupuleux respect du test de piétonnisation lancé par la ville de Clichy, expérimentation qui se poursuivra chaque week-end, du vendredi soir au dimanche soir, jusqu’au 1er septembre.

    Ce test, qui lui permet d’installer une terrasse devant son restaurant, le commerçant le voit comme une « bouffée d’oxygène » après de longs mois compliqués, plombés tour à tour par le Covid, l’avènement du télétravail et l’inflation. « Ça fait tellement longtemps qu’on réclame ça, glisse-t-il. On espère forcément que ce test va convaincre la ville. Notre rêve, c’est que ça devienne définitif. »



    Alors pas question pour le restaurateur de laisser quiconque saccager l’expérience. Les rares scooters qui bravent les barrières, Krysto les arrête net et demande aux conducteurs de poser pied à terre. « Je fais un peu la police mais il faut comprendre, c’est la survie de mon commerce qui se joue, insiste-t-il. Ce petit tronçon de rue, c’est presque un village à lui tout seul, avec sa place de l’église, son boucher, son glacier, sa boulangerie et son bureau de tabac. Avec la piétonnisation, on permet à tout le monde d’en profiter dans un climat apaisé et sûr. »

    « Beaucoup plus de monde profite de la terrasse »

    « Pour nous, c’est du pain bénit, appuie-t-on au café de l’église, l’établissement voisin où l’on applaudit des deux mains l’initiative de la ville. Le matin, on voit beaucoup plus de monde venir profiter de la terrasse. » Un constat partagé par la plupart des commerçants de la rue. « Les terrasses attirent du monde, et le monde attire le monde, appuie la vendeuse du magasin bio située sur le trottoir d’en face. » « Qui peut se plaindre de cette piétonnisation ? s’interrogent de leur côté Philippe et Julie, un couple de riverains. Franchement, c’est que du positif ».

    À dire vrai, pas pour tout le monde. Sur le site web de la ville où un sondage est accessible aux internautes, environ 25 % des sondés se prononcent contre cette piétonnisation. Une hostilité que les responsables du bar-tabac n’hésitent pas à exprimer haut et fort. Pour eux, la fermeture de la circulation automobile rime avec perte de chiffre d’affaires. « Je comprends les restaurateurs qui défendent leurs intérêts mais je dois aussi défendre les miens, argue la responsable. Ce test me prive d’une partie de ma clientèle tabac qui à l’habitude de passer en voiture et de s’arrêter juste acheter des cigarettes. » Autres mécontents : les usagers des lignes 174 et 341 de la RATP, bus contraints d’emprunter une déviation pour contourner la zone concernée par le test.

    « Il y a forcément des insatisfaits, mais une large majorité des Clichois est favorable à cette piétonnisation, observe pour sa part Patrice Pinard, adjoint au maire en charge de la sécurité et des mobilités. Sur le site de la ville, on a enregistré environ 2 000 votes et les trois quarts des gens y sont favorables. » Dans la rue, beaucoup rêvent même d’une piétonnisation pérenne comme sur les portions des rues Villeneuve et Auffray qui bordent le parvis de la mairie. Des artères où la piétonnisation a été prolongée après une phase de test en 2022. « On espère suivre la même voie, lâche Krysto. Là-bas aussi, il y a eu quelques réticences au début et aujourd’hui, personne ne s’en plaint. »