Clichy : les assassins de Bettina Goislard, humanitaire tuée en Afghanistan, disparaissent dans la nature

Les deux assaillants responsables de l’assassinat en 2003 de la jeune humanitaire ont été libérés jeudi, malgré l’intervention de la diplomatie française. Pour sa sœur, libraire à Clichy, cette issue est incompréhensible.

 Bettina Goilsard (à gauche) a été tuée en 2003 en Afghanistan.
Bettina Goilsard (à gauche) a été tuée en 2003 en Afghanistan. DR.

    « D'après ce que l'on sait, ils ont été exfiltrés de leur prison jeudi. Puis ils ont été vus à l'aéroport de Kaboul. Puis plus rien, on dirait un scénario de film », raconte encore sous le choc Julie Goislard, la sœur cadette de Bettina, humanitaire engagée auprès du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, tuée en 2003 en Afghanistan par deux talibans.

    Une libération à laquelle le gouvernement français s'était pourtant fermement opposé et qui est intervenue deux jours avant l'ouverture, ce samedi à Doha (Qatar), des négociations sur le processus de paix en Afghanistan.

    Depuis plusieurs semaines, la famille de la jeune humanitaire craignait la remise en liberté des deux hommes pourtant condamnés à mort. Début août, à l'issue d'une grande assemblée de dignitaires Afghans, la décision de libérer 400 talibans coupables de crimes graves, dont des attaques meurtrières contre des ressortissants étrangers, était prise.

    « C'est un cauchemar… »

    Mais la famille de Bettina Goislard voulait encore y croire, multipliant les contacts, notamment avec David Martinon, ambassadeur de France en Afghanistan depuis 2018. En novembre dernier, il était le premier ambassadeur à déposer des fleurs sur la tombe de Bettina, enterrée à Kaboul.

    « Nous avions un véritable espoir car nous avions reçu des signaux forts d'une intervention de la France », ajoute Julie Goislard, libraire à Clichy. « C'est un cauchemar », poursuit celle qui regarde le cœur lourd les images des négociations au Qatar, sur lesquelles les Talibans semblent avoir pris la main. « Nous nous sentons écrasés par l'agenda américain. Il n'y a aucune considération pour les familles des victimes ».

    Dans un communiqué publié jeudi, le Quai d'Orsay, rappelait « sa plus ferme opposition à la libération d'individus condamnés pour avoir commis des crimes contre des ressortissants français, en particulier des soldats et des travailleurs humanitaires », soulignant que « Le président de la République et le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères l'ont clairement marqué auprès de leurs homologues afghans lors de leurs derniers entretiens téléphoniques ». En vain donc.