Fusion des Hauts-de-Seine et des Yvelines : «Nous avons mutualisé 60 % de nos services»

Voilà plus de trois ans que Patrick Devedjian et Pierre Bédier œuvrent à unir leurs deux départements. Mais la question n’a toujours pas été tranchée par le gouvernement.

 Nanterre, 26 septembre 2019. Pierre Bédier et Patrick Devedjian, présidents (LR) des conseils départementaux des Yvelines et des Hauts-de-Seine.
Nanterre, 26 septembre 2019. Pierre Bédier et Patrick Devedjian, présidents (LR) des conseils départementaux des Yvelines et des Hauts-de-Seine. LP/A.-S.D.

    La semaine dernière, un prétendu feu vert du Président de la République -en échange de candidats de la majorité présidentielle pour les municipales- a été suivi d'un démenti formel. Lancée en 2016, la fusion des départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines n'est donc toujours pas actée… ni recalée.

    Comment expliquez-vous les informations contradictoires de ces dernières semaines ?

    Patrick Devedjian. Il faut surtout se demander à qui profitent ces rumeurs, qui desservent notre projet de fusion. L'information confirmée est qu'une étape a bien été franchie car le dossier est désormais instruit le ministère de Sébastien Lecornu, en charge des collectivités territoriales. Le feu vert est celui donné à l'instruction du dossier. Afin que les services de l'Etat examinent les conséquences administratives de la fusion de nos deux départements.

    Pierre Bédier. Nous défendons depuis quatre ans la Métropole régionale, celle qui n'exclut pas les départements de grande couronne. Il y a aujourd'hui un quasi-consensus sur ce sujet. Jusqu'à présent, le périmètre de la Métropole était un obstacle à notre fusion. Ce n'est plus le cas. Mais il n'y a aucun « deal » avec qui que ce soit. Aucune négociation en lien avec les élections municipales à venir.

    Les détracteurs de la fusion mettent en avant un « mariage de riches ».

    Pierre Bédier. Ce n'est absolument pas un mariage de riches ! C'est celui des bons gestionnaires. Les recettes de fonctionnement des Hauts-de-Seine et des Yvelines sont supérieures de 7 € par habitant à celles de la moyenne des autres départements franciliens, hors Paris, c'est dérisoire. Par contre, les dépenses de fonctionnement par habitant sont 15 % inférieures à celles des autres départements.

    Patrick Devedjian. Notre projet s'érige justement contre la métropole des riches, celle qui concentrerait les emplois, les transports et le développement en petite couronne, au détriment de la grande couronne. Pour une fois que deux départements proposent de leur propre initiative de fusionner pour faire des économies et améliorer le cadre de vie de leurs populations, on leur refuserait au prétexte qu'elles sont riches : ce ne serait pas sérieux !

    A défaut de fusion, vous mutualisez. Où en êtes-vous aujourd'hui ?

    Patrick Devedjian. Nous avons atteint 60 % des mutualisations de nos services : voirie, adoption, éducation, construction… Et cela, personne ne peut nous en empêcher. Ni nous le reprocher car nous réalisons des économies, environ 15 % sur ce que nous avons mutualisé. Pour les commandes publiques, les groupements de commandes nous ont déjà permis de faire des millions d'économies. Autre exemple : le « Pass plus », un porte-monnaie électronique de 80 € pour les jeunes habitants de 10-18 ans qui permet d'accéder aux équipements et services sportifs et culturels, sera déployé dans les deux départements.

    Pierre Bédier. Prenons comme exemple Siter, le système de régulation des carrefours à feux tricolores des Hauts-de-Seine. C'est évidemment une spécificité de ce département qui est plus urbain et plus dense que les Yvelines. Depuis quelques semaines, nous sommes reliés au système. Il aurait fallu dépenser des millions si nous avions voulu le mettre en place dans notre coin.

    Vous comptez donc mettre le gouvernement devant le fait accompli ?

    Pierre Bédier. Ce n'est pas une bravade de notre part. Mais nous sommes convaincus du bien-fondé de cette fusion. Et plus les Hauts-de-Seine et les Yvelines produiront des richesses, plus ils en feront bénéficier les autres départements, notamment à travers le fonds solidarité interdépartemental d'investissement qui vient d'être créé et pour lequel nous apportons déjà la moitié des 150 millions d'euros. C'est gagnant-gagnant.

    Patrick Devedjian. De toute façon, c'est comme quand on prépare une soupe de poisson : quand on a mis les poissons dans la soupe, on ne peut pas les retirer pour les remettre dans l'aquarium !