Gennevilliers : première mobilisation XXL contre le projet d’entrepôt géant Green Dock

Un petit millier de personnes ont manifesté ce samedi après-midi entre la mairie de Gennevilliers et L’Île-Saint-Denis pour s’opposer au projet de construction d’un entrepôt logistique sur le port de Gennevilliers. Une manifestation perturbée par une cinquantaine de personnes, qui ont été interpellées par la police.

Ce samedi, un petit millier de personnes est parti de la mairie de Gennevilliers pour rejoindre L’Île-Saint-Denis. LP/Philippe Labrosse
Ce samedi, un petit millier de personnes est parti de la mairie de Gennevilliers pour rejoindre L’Île-Saint-Denis. LP/Philippe Labrosse

    Le nom même du projet est pour ses détracteurs le symbole absolu du « greenwashing », à savoir le fait de faire passer pour vertueuse et écologique une action qui ne l’est pas. Le projet en question, c’est Green Dock, cet entrepôt géant de 90 000 m2 dont la construction est programmée sur la route numéro 6 du port de Gennevilliers. Un mastodonte de 600 mètres de long et 25 mètres de haut que ses détracteurs comparent à deux Stades de France posés côte à côte sur les berges de Seine et donnant sur L’Île-Saint-Denis et Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).

    Un projet, qui doit encore être soumis à enquête publique et qui mobilise désormais bien au-delà des départements franciliens concernés. Ce samedi, une grande manifestation, qui a réuni un petit millier de personnes, est partie de la mairie de Gennevilliers pour rejoindre L’Île-Saint-Denis. « On va d’une mairie qui soutient le projet à une qui n’en veut pas », résumaient les collectifs présents.

    Dans le cortège, des élus de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise, mais aucun des Hauts-de-Seine, donc, ainsi que des associations de riverains et des collectifs nationaux de défense de l’environnement, à commencer par Les Soulèvements de la terre (SLT) et Révolution écologique pour le vivant (REV).

    « Green Dock, c’est juste le monde du grand déménagement capitaliste qui renforce le trafic routier »

    « Les colis, c’est pour Paris, les ennuis, c’est pour la Seine-Saint-Denis », déplore Léna Lazare, porte-parole des Soulèvements, qui organisaient là leur première action en milieu urbain. « Ce projet est mensonger car Green Dock, c’est 1 200 camions par jour, c’est le symbole d’une filière mortifère et c’est l’air des habitants de Seine-Saint-Denis qui sera encore davantage polluée », insiste-t-elle. « Quand on construit une bombe, on se fiche bien de savoir si elle est en matériaux recyclés », abonde Azelma Sigaux, porte-parole de REV.

    Éric Coquerel, député (LFI) d’Épinay et de L’Île-Saint-Denis, a interpellé le maire (PCF) de Gennevilliers pour lui demander de refuser le permis de construire à Haropa Port qui porte le projet.
    Éric Coquerel, député (LFI) d’Épinay et de L’Île-Saint-Denis, a interpellé le maire (PCF) de Gennevilliers pour lui demander de refuser le permis de construire à Haropa Port qui porte le projet. LP/Philippe Labrosse

    De son côté, Éric Coquerel, le député LFI d’Épinay et de L’Île-Saint-Denis, a interpellé le maire (PCF) de Gennevilliers pour lui demander de refuser le permis de construire à Haropa Port qui porte le projet. « Ce projet n’a aucun intérêt car il ne favorise pas le transport fluvial puisque aucune péniche n’aura directement accès aux entrepôts, assure le parlementaire. Green Dock, c’est juste le monde du grand déménagement capitaliste qui renforce le trafic routier. »

    « Éric Coquerel est censé connaître la loi », répond ce sur point Patrice Leclerc, qui n’a pas participé aux prises de paroles devant la mairie. Ironie du calendrier, la ville de Gennevilliers organisait ce samedi « le Printemps de l’écologie » au parc des Sévines. « Un permis de construire se refuse s’il ne respecte pas les règles, ajoute l’édile. C’est l’objet de l’instruction en cours. Si je refuse sans cette instruction et sans motif valable, un recours annulera mon annulation et fera payer des dommages et intérêts à la ville. »

    Une personne blessée dans les heurts

    Si les associations nationales de défense de l’environnement ont largement mobilisé leurs troupes pour cette manifestation, lesquelles découvraient pour une partie le projet à la faveur des tracts distribués sur place, les habitants directement concernés étaient eux aussi présents. Comme Antoine Gaudin, président de l’association Protection Berges de Seine, l’un des premiers à avoir alerté sur les conséquences d’un tel projet, notamment sur la zone Natura 2000 de la pointe de l’île Saint-Denis où nichent cormorans et martins-pêcheurs.

    Les associations nationales de défense de l’environnement ont largement mobilisé leurs troupes pour cette manifestation.
    Les associations nationales de défense de l’environnement ont largement mobilisé leurs troupes pour cette manifestation. LP/Philippe Labrosse

    « Cette mobilisation est un tournant car on a mené pendant trois ans cette action, avec assez peu d’espoirs compte tenu de l’ampleur de ce projet à 150 millions d’euros, rappelle Antoine Gaudin. Aujourd’hui, on a le sentiment que Green Dock est considéré comme un enjeu public national et non plus uniquement local. Il pose la question de quel modèle de développement on souhaite dans un contexte de crise climatique. »

    Si le départ de la manifestation s’est déroulé dans une ambiance bon enfant, la situation a brusquement dégénéré au niveau du parc des Chanteraines, sur le boulevard Charles-de-Gaulle, après qu’un petit groupe de manifestants s’est désolidarisé du cortège pour traverser le parc départemental et tenter de se diriger non plus vers L’Île-Saint-Denis mais vers le port de Gennevilliers.

    Avec à la clé 58 interpellations musclées et autant de gardes à vue. Ainsi qu’un membre de l’équipe des « Médic » (chargée des secours dans les manifestations) blessé et transporté à l’hôpital, selon les organisateurs. Aucun dégât n’a été relevé.