Dernière ligne droite pour convaincre de la fusion des Hauts-de-Seine et des Yvelines

Alors que les arbitrages du gouvernement sur la métropole sont annoncés pour l’après municipales, les deux départements se jettent à corps perdu dans une entreprise de séduction.

 Patrick Devedjian et Pierre Bédier, présidents (LR) des conseils départementaux des Hauts-de-Seine et des Yvelines, présentent leurs vœux pour 2020.
Patrick Devedjian et Pierre Bédier, présidents (LR) des conseils départementaux des Hauts-de-Seine et des Yvelines, présentent leurs vœux pour 2020. LP/Louis Moulin

    Depuis janvier 2016, les départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines organisent ensemble leur traditionnelle cérémonie de vœux. Ce mardi soir, c'est à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt que les élus des deux assemblées étaient donc réunis autour de leurs présidents, qui ont renouvelé leurs souhaits de voir fusionner leurs deux territoires.

    Voilà quatre ans que les deux assemblées projettent de s'unir pour constituer un seul et unique département. Quatre ans qu'elles multiplient les projets en commun et les mutualisations de leurs compétences. Mais attendent toujours la décision finale du gouvernement sur cette union qui verrait la création d'un département de 2 460 km² et 3 millions d'habitants.

    Après moult reports, un calendrier semble enfin se dessiner. C'est en effet après les élections municipales des 15 et 22 mars que la question de la gouvernance du Grand Paris doit être abordée. Et cette échéance n'a évidemment pas échappé aux deux présidents de département, dont les discours ont résonné comme des plaidoyers en faveur d'une métropole étendue à l'échelle de la région.

    Patrick Devedjian annonce une concertation citoyenne pour février

    « La MGP, ce n'est pas une métropole, elle n'est pas grande, c'est une métropole riquiqui », tance Pierre Bédier, le président (LR) du conseil départemental des Yvelines, pour qui « la métropole du Grand Paris ne peut relever ses défis que si elle est régionale ». Une position martelée par les deux élus, pour qui cette échelle de la métropole est la seule permettant la fusion de leurs territoires.

    « Aujourd'hui notre vie commune est entrée dans les faits », se félicite Patrick Devedjian, le président (LR) du conseil départemental des Hauts-de-Seine. Qui promet « de réaliser, dans les cinq ans qui suivront la fusion, 200 millions d'euros d'économies. »

    Et, signe que le moment est décisif, Patrick Devedjian a, pour la première fois depuis quatre ans, annoncé une consultation de la population sur le sujet. « Nous ouvrirons à partir de février, une séquence de concertation et de participation citoyenne, avec les élus et les forces vives », promet l'élu, répondant ainsi à une demande répétée de son opposition de gauche.

    Les municipales dans toutes les têtes

    Imaginant le département, fusionné, on l'aura compris, comme la « brique de base » d'une future métropole élargie, les deux élus se sont aussi évertués à défendre l'échelon communal. Un appel du pied subliminal aux futurs maires qui seront élus dans deux mois, même si chacun a pris soin de ne jamais évoquer le scrutin pourtant dans toutes les têtes de l'assistance.

    « Nous sommes focalisés sur les enjeux locaux, confirme Eric Berdoati, président de la majorité départementale des Hauts-de-Seine et maire (DVD) de Saint-Cloud. Pour le reste, nous avons des échéances mais aucune certitude… »

    Si, en aparté, Patrick Devedjian estime que les élections municipales sont « objectivement déconnectées du projet de fusion », il insiste sur la « relation très privilégiée qui existe entre les communes et le département ». « Ce sont aujourd'hui les deux outils de proximité au service des habitants, plaide-t-il. Ce sont les villes et les départements qui vivent avec les populations au jour le jour. »

    Cécile Dumoulin, vice-présidente (LR) du conseil départemental des Yvelines et candidate aux municipales à Limay, ne croit « pas du tout à une influence des résultats des municipales sur la fusion. Ce sont deux sujets distincts. La décision est dans les mains du gouvernement mais dans la pratique, de nombreux projets communs existent déjà et surtout, fonctionnent bien. »

    «L'important, aujourd'hui, n'est pas de fusionner mais de simplifier les couches administratives»

    Pierre Bédier, lui, estime tout de même que « dans une démocratie, tout scrutin a une influence ». Comprendre : des municipales réussies pour la droite seraient un élément de plus pour faire pencher la balance en faveur de la fusion. « Et j'ai le sentiment que ces élections aboutiront à une grande stabilité », ajoute-t-il.

    « Je ne vois pas de lien entre la fusion des deux départements et le futur score de LR aux prochaines élections municipales, balaye Philippe Brillault, maire (DVD) du Chesnay-Rocquencourt et conseiller départemental des Yvelines. Entre le moment où a été décidé ce projet et aujourd'hui, le contexte n'est plus le même. L'important, aujourd'hui, n'est pas de fusionner mais de simplifier les couches administratives entre la commune, l'intercommunalité, le département et la région. »

    Car s'ils appellent la fusion de leurs départements de leurs vœux, même au sein de leurs assemblées respectives, les présidents du 78 et du 92 n'ont pas encore su convaincre l'ensemble des élus.