Marqué à vie par Verdun, le poilu de Malakoff s’était fait passeur de mémoire

Gustave Durassié, lieutenant du 95e régiment durant la Première Guerre mondiale, a créé « L’Almanach du Combattant » et l’association « Ceux de Verdun ». Sa sépulture vient d’être rénovée et nettoyée par le Souvenir Français.

 Malakoff, boulevard de Stalingrad. La tombe de Gustave Durassié, anciens poilus, a été rénovée par l’association du Souvenir français et un hommage lui sera bientôt rendu.
Malakoff, boulevard de Stalingrad. La tombe de Gustave Durassié, anciens poilus, a été rénovée par l’association du Souvenir français et un hommage lui sera bientôt rendu. DR

    SERIE. 1918-2018 : le centenaire vu depuis les Hauts-de-Seine. Jusqu'au 11 novembre, nous vous présentons les initiatives les plus originales ou les histoires les plus étonnantes du département liées à l'anniversaire de la fin de la Grande Guerre.

    Dans les allées du cimetière de Malakoff, une tombe vient de retrouver de sa splendeur. Au cœur du carré militaire qui comporte 120 sépultures d'anciens poilus, la stèle de Gustave Durassié a été rénovée par le Souvenir Français. Décédé en 1986, ce lieutenant durant la Première Guerre mondiale fait partie des 100 combattants de toute la France à qui un hommage sera rendu par l'association de mémoire.

    La date n'est pas encore fixée, mais la stèle, elle, est à nouveau lisible. « Elle était dégradée, rappelle Claude Guy, délégué de Souvenir Français pour les Hauts-de-Seine. On l'a nettoyée et refait le lettrage en violine pour saluer sa mémoire. » Un parcours inextricablement lié à l'enfer de Verdun.

    LIRE AUSSI > Asnières célèbre Auguste Thin, le soldat méconnu qui a choisi le soldat inconnu

    Le 25 février 1916, à Fleury-devant-Douaumont (Meuse), Gustave Durassié, 29 ans, commande la 3e section de la 12e compagnie au 95e régiment d'infanterie. Le trentenaire a déjà une grande expérience du front. Avec son régiment, il a combattu en Lorraine, dans la Woëvre, puis dans la forêt d'Apremont et de Bois-Brûlé.

    Mais ce front-là est différent. Les bombardements ne faiblissent pas. Le village ne cesse d'être pris et repris par les Français ou les Allemands. En seulement quelques heures le 95e va essuyer des pertes immenses. Avant d'être relevé. Gustave Durassié vient de vivre et voir Verdun. Et il n'oubliera pas.

    LIRE AUSSI > Clamart : l'hommage de Percy aux personnels hospitaliers de la Grande Guerre

    A la fin de la Grande Guerre, Durassié revient chez lui, à Malakoff. « Il serait rentré en 1917, mutilé, avec une jambe en moins qu'il aurait perdu dans la Marne », témoigne Claude Guy. Malgré ce malheur, le poilu revient aussi avec un ami : l'adjudant Jacques Péricard, rencontré au 95e. Frères d'armes, ils ne se quitteront plus au retour à la vie civile.

    Gustave Durassié et son ami Jacques Péricard, qui combattait dans le même régiment ont créé, en 1922, « L'Almanach du Combattant »/DR.

    Durassié est maître imprimeur à Malakoff et Péricard est journaliste et écrivain. Tous deux vont s'associer pour que les poilus, leurs combats et l'horreur du front ne tombent pas dans l'oubli. Grâce à la plume de l'un et la presse de l'autre sort en 1922 « L'Almanach du Combattant ». Une revue qui paraîtra tous les ans jusqu'en 1933. Récits de batailles, portraits d'anciens soldats, biographies, contes, poèmes et même des pièces de théâtre… « L'Almanach » devient une publication maîtresse et incontournable du monde des combattants.

    « Il y avait également des articles critiques dans cette revue qui traduisaient la réalité de certains champs de bataille et l'horreur de la guerre, rappelle Claude Guy. Ils avaient besoin de dire, d'écrire et de partager. »

    Gustave Durassié ne va pas se limiter à cette publication. Dans le même temps, avec Fernand Ducom, ancien combattant, il crée en 1923 l'association « Ceux de Verdun ». Elle permet de regrouper des poilus et d'être présents et représentés lors des commémorations. Le Malakoffiot va présider l'association de 1951 à 1974. Quand il décède en 1986, Gustave Durassié est élevé au grade de Commandeur de la Légion d'honneur. Ça valait bien un coup de neuf sur sa sépulture.