Parisien, élitiste et haineux ? L’étude qui va vous faire changer d’avis sur Twitter

Brocardé pour son manque de représentativité de la population, le réseau social compte, selon une étude que nous vous dévoilons en exclusivité, des membres venus d’horizons plus divers que pressentis.

 Illustration. Une étude prend à rebours les idées reçues sur la représentativité du réseau social Twitter dans la population française.
Illustration. Une étude prend à rebours les idées reçues sur la représentativité du réseau social Twitter dans la population française.

    À l’orée de ses 15 ans, fin mars, le réseau social qui gazouille traîne toujours la même réputation : élitiste et réservé aux politiques/communicants/célébrités. La réalité semble plus complexe, selon une étude récente menée grâce à Lucy, un outil d’analyse « 100 fois plus précis qu’un sondage » développé par l’agence de communication et d’influence Majorelle.

    Après avoir été audité par Twitter, cette jeune société a conclu un partenariat avec le réseau social et peut accéder aux précieuses données. Plutôt destiné au marketing des marques, le logiciel Lucy et ses algorithmes peuvent être recalibrés afin de prendre le pouls de communautés ou plus simplement de tout ce qui se dit sur Twitter dans les bonnes proportions.

    « Il suffit d’observer 70 000 comptes actifs, 100 000, pour avoir une marge, pour voir tout ce qui se passe sur ce réseau social », assure Sacha Mandel, cofondateur de l’agence et superviseur de cet outil d’analyse des conversations.

    « C’est représentatif de la société française, avec la même proportion d’utilisateurs dans chaque région ou dans chaque catégorie socio-professionnelle et beaucoup de 16-25 ans et de pré-séniors » avance-t-il.

    Une vraie représentativité socioprofessionnelle

    L’étude pointe par exemple qu’il y a autant de Bretons sur Twitter (5,5 %) que dans la population française (5,3 %) ou autant de Parisiens (5,3 %) que dans la vraie vie (5,9 %). D’après les analyses détaillées de Lucy, les agriculteurs (0,71 % de la population française) sont représentés dans les mêmes proportions avec 0,74 % des utilisateurs du réseau social.

    Le constat est identique pour les soignants (1,44 % de la population/1,22 % sur Twitter) ou les enseignants (1,56 %/1,42 %). Les mêmes proportions se retrouvent chez les juristes (0,31 %/0,30 %, les chauffeurs de taxi ou VTC (0,16 %/0,15 %). A noter tout de même : une très légère surreprésentativité… des journalistes avec 0,23 % de la population contre 0,84 % des utilisateurs - peut-être plus assidus - de Twitter.

    L’outil Lucy s’est concentré sur « les messagers et pas sur les messages » comme les hashtags ou les tendances qui seraient trompeurs. L’analyse plus granulaire a déterminé que les utilisateurs de Twitter sont peu politisés et pas spécialement surinformés. En effet, 96,3 % des 2,5 millions de membres actifs suivent moins de trois comptes de personnalités politiques et 94,6 % se contentent de suivre moins de trois comptes de médias.

    Un réseau pas si polémique que ça

    Avec quelques appétences anecdotiques : 50 % des enseignants sur le réseau suivent le compte du journal Le Monde. Chez les artisans taxi et les chauffeurs VTC, ils sont 20 % à suivre le compte de Uber et 30 % celui de la société G7.

    Dans un second temps, l’analyse se penche une autre idée reçue : la prédominance des débats houleux et des polémiques en mode défouloir. « Les échanges ne sont pas si polarisés qu’on peut le croire et les sujets non polémiques sont en fait les plus discutés dans les audiences que nous avons comparées », souligne Sacha Mandel.

    Des tweets chargés en invective et en haine, il y en a beaucoup, sans aucune forme de doute. Si cela n’était pas le cas, Twitter n’aurait pas besoin d’un outil de modération. Tout se joue encore une fois sur les proportions. Lors de la dernière élection de Miss France, par exemple, des tweets antisémites ont visé la représentante de Paca mais ils ne comptaient que pour 1 % des échanges autour de l’événement. Et seulement 1,1 % des utilisateurs ont été témoins dans la soirée de ces contenus haineux. Loin d’une tempête sur les réseaux sociaux, malgré l’emballement médiatique.

    Les sujets les plus rassembleurs et commentés portent entre autres sur les jeux vidéo puisqu’environ 6,6 % des Français en parlent sur Twitter. Ou le sport : un match comme Marseille-Lens fin janvier a ainsi été commenté en direct par un peu plus de 5 % des utilisateurs au total.

    « Les médias ont une vision biaisée de ce qui s’y passe qui est liée à un biais d’audience et dépend des comptes suivis », assène Sacha Mande, qui veut révolutionner la lecture de Twitter et proposer aux publicitaires de mieux comprendre les interactions entre communautés.

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