Crise du bâtiment en Île-de-France : les municipalités, victimes collatérales

Si les ménages et les entreprises du secteur pâtissent de la crise du bâtiment, les communes d’Île-de-France paient aussi les pots cassés. Les maires de ces villes se démènent face aux cessations d’entreprises.

Pantin (Seine-Saint-Denis), ce mardi 27 août 2024. Le chantier de l'école du Port avait été arrêté pendant trois ans après la défaillance de deux entreprises engagées sur le chantier. Il sera finalement livré avec (au moins) cinq ans de retard.
Pantin (Seine-Saint-Denis), ce mardi 27 août 2024. Le chantier de l'école du Port avait été arrêté pendant trois ans après la défaillance de deux entreprises engagées sur le chantier. Il sera finalement livré avec (au moins) cinq ans de retard.

    À Alfortville (Val-de-Marne), les locaux de la crèche parentale Copains Copines trouvent porte close depuis un an. Habituellement, ce sont les cris d’enfants mais c’est un silence de plomb qui règne. « C’est vraiment triste de voir cette situation. On est beaucoup à s’inquiéter qu’une telle structure ferme ses portes définitivement, ici, c’est bien plus qu’un mode de garde », glisse Sandrine, qui a fait garder ses deux enfants dans la crèche.

    Si la crèche, détenue par la municipalité, est actuellement vidée de ses bambins, cela ne devait pas être le cas. À l’été 2023, la mairie d’Alfortville démarre des travaux de rénovation et d’extension du site estimés à 600 000 euros. Une entreprise de construction, basée à Bobigny (Seine-Saint-Denis), remporte l’appel à projet et démarre les travaux. Mais après quelques mois, le chantier prend fin brutalement.

    Des malfaçons et 250 000 euros de perte

    « L’entreprise que nous avions contactée n’a pas survécu à la crise du bâtiment et est entrée en procédure de liquidation judiciaire. En plus de nous laisser en plan, le peu de travaux effectués a été complètement bâclé », fustige Luc Carnouvas, maire d’Alfortville. Une défaillance d’entreprise qui coûte cher à la municipalité. « On accuse un manque à gagner de 250 000 euros », déplore l’élu socialise.



    Si la mairie a relancé l’appel d’offres, la crèche parentale n’accueillera pas d’enfants avant la rentrée 2025, soit un an de plus que la date initiale. Et la commune d’Alfortville n’est pas la seule touchée par ces défaillances d’entreprises. « J’ai récemment assisté à l’assemblée générale des maires du Val-de-Marne, et ils m’ont aussi fait part du problème de l’arrêt des chantiers dans leurs villes. On est tous confronté au problème et peu de solutions s’offrent à nous », assure Luc Carnouvas.

    La crèche parentale Copain Copine à Alfortville est contrainte de fermer ses portes jusqu'à la rentrée 2025. L'entreprise qui y effectuait des travaux a déposé le bilan.
    La crèche parentale Copain Copine à Alfortville est contrainte de fermer ses portes jusqu'à la rentrée 2025. L'entreprise qui y effectuait des travaux a déposé le bilan.

    Autre ville, même problème. À Pantin (Seine-Saint-Denis), c’est un groupe scolaire très attendu par les habitants qui a subi les conséquences de cette crise. Arrêté durant trois ans à la suite, d’après la Ville, de la « défaillance successive de deux des plus importantes entreprises en charge des travaux », le chantier de l’école du Port a enfin pu reprendre durant l’été 2023.

    Sur place, quelques ouvriers s’affairent sur le chantier. « Il reste encore du boulot, mais ça avance bien. On va finir ! » promet l’un d’eux. L’ouverture de ce groupe scolaire situé face aux Magasins généraux, prévue en 2019, est désormais attendue en septembre 2025.