Bitume antibruit sur le périphérique parisien : «Je n’ai pas remarqué de vraie différence !»

Si les tests de Bruitparif montrent une diminution des décibels après la pose d’enrobé phonique, les riverains du périph, à l’image de Carole, restent dubitatifs.

 Depuis 22 ans, Carole habite au niveau de la Porte d’Issy, avec vue sur le boulevard périphérique surélevé sur cette partie.
Depuis 22 ans, Carole habite au niveau de la Porte d’Issy, avec vue sur le boulevard périphérique surélevé sur cette partie. LP/Thibault Burban

    « Ce soir-là, avec les machines à 2-3 heures du matin, c'était horrible… » Carole, 62 ans, habite depuis 22 ans au sixième et dernier étage du 2, rue Jeanne-d'Arc, à Issy-les-Moulineaux. Un côté de son appartement donne directement sur le boulevard périphérique.

    Elle était là quand l'enrobé phonique, censé absorber le bruit de roulement des véhicules, a été posé au niveau de la porte d'Issy début juillet. Des travaux de nuit qui doivent s'achever le 19 septembre, censés mettre le périphérique en sourdine. « On n'a été avertis de rien » souffle-t-elle, remontée. Depuis, « je n'ai pas observé de vraies différences au niveau du bruit. C'est toujours la même chose : je n'ouvre jamais la fenêtre donnant sur le périph, observe-t-elle. Entre les klaxons, les accélérations, les sirènes, c'est incessant… Je pense à me mettre des bouchons d'oreille. »

    À 19h30, vendredi, le bruit venant du périphérique est noyé avec celui de la contre-allée où se côtoient tramway, voitures, motos… Rajoutez la présence de feux pour diriger le tout et l'orchestre est au complet. Ah non, Carole ajoute : « En ce moment, les travaux sur l'immeuble en face commencent dès 7 heures… »

    40 000 riverains concernés

    Selon les calculs du centre d'évaluation technique de l'environnement sonore Bruitparif, près de 40 000 riverains de la boucle parisienne sont exposés quotidiennement à des niveaux de bruit qui excèdent les valeurs limites réglementaires françaises.

    En 2012, Bruitparif avait testé les premiers essais d'enrobé phonique, au niveau de la Porte de Vincennes. Au milieu des voies, une baisse de 7,5 dB avait été constatée par rapport à un revêtement normal, ce qui correspond, pour ordre de comparaison, « à une diminution par six du volume de circulation », selon Matthieu Sineau, chef de projet bruit et transport à Bruitparif.

    « Comme des vagues incessantes »

    « Au niveau des façades des immeubles, où il faut ajouter souvent le bruit des contre-allées ou des ponts, nous étions à une baisse entre 3 et 4 dB, moins perceptible à l'oreille, mais avec des sons moins agressifs », poursuit l'expert. Il estime qu'une baisse significative des expositions sonores passe par « un cumul d'actions » comme la baisse de la vitesse ou la sensibilisation des conducteurs de deux-roues.

    Croisée en bas de l'immeuble, une jeune voisine de Carole, arrivée il y a un mois, lance : « Avec le double vitrage, fenêtre fermée, ça passe. Mais pas question d'ouvrir. » Elle évoque « la mer et ses vagues incessantes » pour décrire ce bruit devenu vite familier. Malheureusement.