Heures de pointe : comment ils rallient La Défense

Qu’ils prennent le train, le bus ou le métro, ces salariés sont confrontés au quotidien au flux de voyageurs vers le quartier d’affaires aux heures de pointe.

 Près de 180 000 salariés viennent dans le quartier d’affaires de La Défense. (illustration)
Près de 180 000 salariés viennent dans le quartier d’affaires de La Défense. (illustration) LE PARISIEN/OLIVIER BOITET

    La région Île-de-France, la SNCF, la RATP et le quartier de La Défense lancent, ce mercredi, une expérimentation pour lisser les horaires de départ et d'arrivée des salariés, afin de désengorger les transports en commun aux heures de pointe.

    «J'ai abandonné le métro pour le vélo»

    Jean-Marc Prevost (Paris XIVe).

    Jean-Marc Prevost est ingénieur à RTE./DR.
    Jean-Marc Prevost est ingénieur à RTE./DR. LE PARISIEN/OLIVIER BOITET

    « Quand mon service a déménagé de Montrouge (Hauts-de-Seine) à La Défense j'ai commencé par prendre le métro depuis mon domicile à Paris, station Pasteur (XIVe), par la ligne 6 et la ligne 1. Mais elles sont saturées et j'ai testé le vélo. Je mets dix minutes supplémentaires, 45 minutes au lieu de 35 minutes, mais à Paris, je circule sur des pistes aménagées. Cela n'est malheureusement pas le cas à Puteaux et l'accès sur La Défense n'est pas facile. Je constate d'ailleurs que mes collègues qui seraient tentés par le vélo estiment que c'est encore dangereux. Dans mon entreprise il y a des vestiaires et une douche, et je bénéficie d'une indemnité kilométrique de 35 € par mois. Depuis six mois, je pratique également le télétravail une demi-journée par semaine, le matin de mon après-midi de RTT, ce qui m'évite de me déplacer pour une demi-journée de travail ».

    F.H.

    «Pas de télétravail possible»

    Sami Khourouj, prestataire informatique, vient du Val-de-Marne.

    Prestataire informatique, Sami Khourouj vient à La Défense en RER./LP/Florence Hubin
    Prestataire informatique, Sami Khourouj vient à La Défense en RER./LP/Florence Hubin LE PARISIEN/OLIVIER BOITET

    «Que je commence à 8 heures ou à 10 h 30 le matin, cela ne change rien, il n'y a pas de bonne heure. Nous sommes trois collègues, on tourne sur trois horaires celui du matin à 8 heures, «l'inter » à 9 heures et celui du soir à 10 h 30. Quand je prends le RER A à Nogent à 8 h 15, il y a trop de monde et beaucoup de malaises, avant 8 heures, le trafic est perturbé, après 10 heures, il y a beaucoup moins de monde, mais le trafic est ralenti, et on ne sait pas pourquoi. Je n'ai pas d'alternative, en vélo ce n'est pas possible, en voiture je mettrai deux heures. Je pars déjà de chez moi 1 h 30 avant mon heure de travail, car pour 23 minutes de RER quand tout va bien, je mets en moyenne 35 à 37 minutes. Quant au télétravail, pour l'instant ce n'est pas envisageable, je fais environ 50 interventions par jour sur des ordinateurs et il y a encore beaucoup d'interventions qu'on ne peut pas faire à distance. Je ne suis pas sûr qu'il y ait une solution à cette saturation à court ou moyen terme. On est trop nombreux, et je vois encore des tours en construction à La Défense. Je me demande où on va mettre ses salariés supplémentaires... »

    F.H.

    Encore faut-il qu'il y ait des trains...

    Nedal, ingénieur de 37 ans, prend la ligne U tous les jours de Versailles-Chantiers à La Défense.

    La Défense, le 27 novembre. Nedal utilise la ligne U tous les jours entre Versailles et La Défense. Après 9 heures, il n’y a plus qu’un train toutes les demi-heures. /DR.
    La Défense, le 27 novembre. Nedal utilise la ligne U tous les jours entre Versailles et La Défense. Après 9 heures, il n’y a plus qu’un train toutes les demi-heures. /DR. LE PARISIEN/OLIVIER BOITET

    Etaler l'heure de pointe pour désaturer les trains, sur le papier, « c'est une bonne initiative », estime « Plus de Trains ». Mais pour cette association d'usagers de transports, très active à La Défense, encore faut-il que « l'offre de transport soit fiable et régulière sur la journée »… ce qui n'est pas le cas sur la ligne U du Transilien. « Plus de Trains » vient d'ailleurs d'adresser une lettre en ce sens à tous les acteurs engagés dans ce projet (région, SNCF, RATP, entreprises…)

    Entre La Verrière (Yvelines) et La Défense, en effet, au-delà de 9 heures, il n'y a plus qu'un train toutes les demi-heures. « Il faut élargir l'heure de pointe pour la ligne U », plaide Nedal, ingénieur de 37 ans, qui prend la ligne tous les jours de Versailles-Chantiers à La Défense. « Aujourd'hui, si je rate le train de 9 h 10, le suivant est à 9 h 40… », se désole-t-elle.

    « A La Défense entre 8 heures et 9 heures, il y a énormément de monde. Si certains partent un peu plus tard, comme moi par exemple après avoir déposé mon fils à l'école, cela permet de lisser les arrivées. Mais aujourd'hui ce n'est pas possible pour moi », poursuit Nedal. Seule solution après 9 h 10 pour ne pas être trop en retard : prendre le RER C, le tramway T6 puis la ligne L. Un peu compliqué… « Il faudrait rétablir le train de 9 h 25 sur la ligne U, c'est techniquement possible, selon la SNCF », indique-t-elle.

    J.-G.B.