Allemagne : «Le peuple va reconquérir le pays», se réjouit l'extrême droite

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite entre au Parlement allemand.

Alexander Gauland, responsable du parti d’extrême droite AfD.
Alexander Gauland, responsable du parti d’extrême droite AfD. REUTERS/WOLFGANG RATTAY

    « Nous allons vous pourchasser, M me Merkel! » prévient Alexander Gauland, tout sourire, devant une foule en délire. Vêtu comme toujours d'un costume de chasse en tweed, avec sa cravate aux motifs de chiens, l'idéologue du parti d'extrême droite jubile devant les résultats des élections législatives : « Le peuple va reconquérir le pays », promet-il.

    A la soirée électorale de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), organisée dans une boîte de nuit de l'Alexanderplatz, au cœur de l'ancien Berlin-Est, beaucoup de monde attend à l'entrée. « Quand vous coupez un doigt, ça saigne, explique Harald, un retraité militant, ancien social-démocrate (SPD) déçu par la gauche traditionnelle. Si vous versez du sel dessus, ça fait très mal. Voilà ce qui va se passer dans les prochaines années. »

    Un choc pour beaucoup d'Allemands

    Avec plus de 13 % des voix, l'extrême droite est devenue hier la troisième force politique de l'Assemblée fédérale (Bundestag). Ce score est un choc pour beaucoup d'Allemands. Sidérés de voir arriver au Parlement un parti dont les chefs ont clamé leur « fierté » de l'action des soldats allemands de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale ! « Je ne pensais pas que cela soit possible », lâche Stephan, un militant de gauche venu manifester sa colère sur l'Alexanderplatz. « AfD, dégagez ! » crie-t-il avec d'autres militants antifascistes.

    Les leadeurs du parti se sont tellement radicalisés ces derniers mois qu'ils ont effrayé les « modérés » qui reprochent un manque de distance avec les mouvements néonazis. Alexander Gauland a notamment refusé l'exclusion de son ami Björn Höcke, président ultra-radical de l'AfD en Thuringe, qui avait pesté contre les « méthodes stratégiques de reproduction des Africains ». « Björn Höcke incarne une partie de l'âme du parti », a plaidé Gauland.

    Pour Harald le retraité, les divisions internes du parti, entre le courant libéral et l'aile nationaliste, devraient disparaître avec l'entrée des députés au Bundestag. « Je souhaite que notre parti soit un jour capable de gouverner », lâche-t-il, avant de s'engouffrer dans la boîte de nuit pour fêter la victoire avec d'autres militants du parti.