Allemagne : un salarié de l’armée soupçonné d’espionnage au profit de la Russie arrêté

L’homme arrêté était employé dans le principal service informatique et logistique de la Bundeswehr, chargé notamment de la gestion des équipements militaires.

L'homme arrêté avait accès à des données sensibles sur le matériel militaire allemand. (Illustration) Icon Sport/Marijan Murat
L'homme arrêté avait accès à des données sensibles sur le matériel militaire allemand. (Illustration) Icon Sport/Marijan Murat

    Un Allemand travaillant pour l’armée et soupçonné d’espionnage au profit de la Russie a été arrêté ce mercredi à Coblence, dans l’ouest du pays. C’est une nouvelle affaire embarrassante pour l’Allemagne dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine qui a accru les menaces d’espionnage.

    L’homme désigné comme Thomas H. est « fortement soupçonné de travailler pour un service de renseignement étranger », a annoncé le parquet fédéral dans un communiqué. Il a notamment offert ses services à « l’ambassade de Russie à Berlin » précise le parquet. Depuis mai le salarié de la Bundeswehr a contacté à plusieurs reprises le consulat général de Russie de Bonn et l’ambassade de Russie à Berlin, pour proposer de travailler avec eux. « Il a ainsi transmis des informations qu’il avait obtenues dans le cadre de ses activités professionnelles pour qu’elles soient communiquées à un service de renseignement russe ».

    Grâce à sa fonction, le suspect avait potentiellement accès à des données sensibles sur le matériel militaire allemand, le département où il travaillait étant chargé d’équiper l’armée, d’assurer la mise à l’essai, l’approvisionnement et la gestion de l’utilisation du matériel militaire.

    « La vigilance reste de mise » face aux menaces d’espionnage, a déclaré sur X, anciennement Twitter le ministre de la Justice, Marco Buschmann, remerciant les enquêteurs d’avoir permis l’arrestation d’un « officier allemand ».

    De nombreuses affaires d’espionnage russe

    Cette arrestation intervient après que les services de renseignements intérieurs allemands ont encore mis en garde récemment contre une intensification de l’espionnage russe suite à l’invasion de l’Ukraine, dont l’Allemagne est un des principaux fournisseurs d’armes. Les sanctions contre la Russie et le soutien militaire des Occidentaux à Kiev suscitent un « intérêt accru » du Kremlin pour la collecte d’informations, a déclaré l’Office fédéral de protection de la constitution (BfV) dans son rapport annuel publié en juin.

    Ce n’est pas la première fois que l’Allemagne a des soupçons d’espionnage russe chez ses fonctionnaires. Un agent des services secrets a été arrêté en décembre dernier car soupçonné d’avoir transmis des informations aux services secrets russes. Les médias ont avancé qu’il avait eu accès à des informations sensibles obtenues grâce aux écoutes téléphoniques des services de renseignements allemands dans le monde entier. En octobre 2022, le chef de l’agence allemande de cybersécurité avait été limogé, après des révélations de médias faisant état de son manque de distance avec la Russie. Un mois plus tard, un officier de réserve allemand s’était vu infliger à Düsseldorf une peine de prison d’un an et neuf mois avec sursis pour espionnage au profit de la Russie.

    Avant même l’offensive russe en Ukraine, des allégations de cyberespionnage avaient opposé Moscou et Berlin. La Russie est notamment accusée d’un piratage informatique de grande ampleur qui a visé en 2015 les ordinateurs du Bundestag et les services de la chancelière de l’époque Angela Merkel.