Barroso réélu à la tête de la Commission européenne

Barroso réélu à la tête de la Commission européenne

    Après des semaines d'incertitudes et de joutes politiques, le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a reconduit ce mercredi José Manuel Barroso pour un mandat de cinq ans à la tête de la Commission européenne. Il a été réélu avec une confortable majorité absolue des votes, par 382 voix contre 219 sur 736 députés. Ce n'est pas vraiment une surprise, même si le bilan du Portugais reste controversé et que tout vote à bulletins secrets est hasardeux.

    Mardi, Barroso avait achevé une campagne électorale fastidieuse pour obtenir son second mandat. Dans un ultime plaidoyer devant les députés du Parlement européen, il avait notamment promis de «combattre le dumping social», dans l'espoir de rallier des voix à gauche.

    Ce polyglotte de 53 ans, seul candidat en lice, a dû endurer des mois durant des attaques virulentes de tous bords et sa reconduction s'est faite sans enthousiasme. Les eurodéputés avaient ainsi refusé de l'investir dès leur session inaugurale en juillet, exigeant de lui un programme complet. L'ancien Premier ministre portugais avait obtempéré, dévoilant une cinquantaine de pages d'orientations générales, flattant toutes les sensibilités.

    Opération séduction auprès de tous les groupes

    En vieux routier de la politique, il a aussi réservé ses cartes maîtresses pour un marathon personnalisé devant presque chacune des sept familles politiques du Parlement. Pour plaire aux libéraux, il a confirmé mardi qu'il créerait un poste de commissaire chargé de la Justice, des droits fondamentaux et des libertés civiles. A l'intention des socialistes, le Portugais a promis un règlement pour mieux encadrer un texte décrié portant sur le détachement à l'étranger des travailleurs, qui a conduit à du «dumping social» selon les syndicats. «Nous avons besoin d'une loi sur les services publics, on ne peut pas privatiser jusqu'au dernier cimetière en Europe», lui a toutefois rétorqué le critique chef de file des socialistes Martin Schulz. Barroso pouvait aussi compter parmi ses alliés le groupe des 54 eurosceptiques britanniques (tous des Tories), tchèques et polonais, des dissidents de centre-droit. Un soutien gênant, de l'avis des socialistes.

    Les 32 membres d'un groupe de partis europhobes ont voté contre Barroso. «Si le peuple irlandais dit non pour la deuxième fois (lors du référendum sur le traité de Lisbonne le 2 octobre), nous devrons le respecter et vous devrez alors partir», lui a assené mardi le Britannique Nigel Farage. Le Portugais a aussi été recalé par les Verts (55 élus) et la gauche radicale (35 élus). Le chef de file d'Europe Ecologie Daniel Cohn-Bendit s'était notamment montré très opposé à la candidature de José Manuel Barroso.