C’est quoi « Air Schengen », l’intégration partielle à la zone dont vont bénéficier la Bulgarie et la Roumanie ?

La Bulgarie et la Roumanie rejoindront partiellement l’espace Schengen de libre circulation à partir du 31 mars 2024, à la suite de la levée du veto autrichien.

La Bulgarie et la Roumanie n'intégreront pas l'espace Schengen pour les déplacements terrestres (Illustration). Imago images/Steinach via Reuters
La Bulgarie et la Roumanie n'intégreront pas l'espace Schengen pour les déplacements terrestres (Illustration). Imago images/Steinach via Reuters

    C’est « un jour de grande fierté pour la Bulgarie et la Roumanie » après douze ans de négociations, selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Les 27 membres de l’Union européenne (UE) ont annoncé dans la nuit de samedi à dimanche que la Bulgarie et la Roumanie intégreraient partiellement l’espace Schengen de libre circulation à partir du 31 mars 2024, moment où l’Association internationale du transport aérien (IATA) passe des horaires d’hiver à ceux d’été. Ce « Air Schengen » prévoit une levée des contrôles aux frontières maritimes et aériennes.

    Un accord avait déjà été annoncé le 28 décembre entre la Bulgarie, la Roumanie et l’Autriche - pays qui bloquait jusque-là la procédure -, mais la date d’entrée en vigueur n’était pas connue. Vienne reprochait à l’UE son indifférence face à une immigration clandestine qu’elle jugeait disproportionnée. D’après l’Autriche, une mauvaise protection des frontières européennes liées à l’espace Schengen serait en cause.

    Maintien des contrôles terrestres

    Tout a donc accéléré au début du mois de décembre. À ce moment-là, comme le rapporte la radio publique autrichienne, le ministre de l’Intérieur du pays, Gerhard Karner, se dit prêt à un accord avec Sofia et Bucarest sur le principe d’un principe inventé par l’Autriche : le « Air Schengen ». « Les discussions sont en cours et la Commission est prête à apporter son soutien » et à débloquer « les fonds nécessaires », avait alors réagi le porte-parole Christian Wigand. Il avait également salué des « développements positifs ».



    Concrètement, cela signifie que « les passagers en provenance de Bulgarie et de Roumanie » ne devront plus se soumettre à un autre contrôle des passeports que celui réalisé par la compagnie aérienne, d’après le ministère autrichien de l’Intérieur. Mais, « les contrôles aux frontières terrestres continueraient », explique sur X (ex-Twitter) Sebastian Schäffer, directeur de l’Institut pour la région du Danube et de l’Europe centrale de Vienne. Autrement dit : seuls les déplacements terrestres ne seront pas concernés par la levée des contrôles aux frontières.

    Si l’Autriche a bien voulu lever son veto, c’est parce que la Bulgarie et la Roumanie ont accepté de céder aux revendications autrichiennes, sans quoi Gerhard Karner avait dit qu’il n’ « approuverait par Air Schengen ». Dans le détail, Vienne demandait notamment un renforcement massif de « la protection des frontières extérieures de l’UE » et un « maintien des contrôles aux frontières terrestres » de l’Union européenne.

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    Autre point : la garantie d’une meilleure « prise en charge par Bucarest et Sofia des demandeurs d’asile » arrivant dans ces pays, notamment les Syriens et les Afghans. Une déclaration commune de la Bulgarie et de la Roumanie allant dans ce sens a ainsi été signée par les deux États ce samedi soir. Ces deux pays se sont aussi engagés à une pleine application du droit européen, prévoyant notamment la prise en charge des demandeurs d’asile au sein de leurs pays d’arrivée dans l’UE.

    De même, l’Autriche avait réclamé un triplement des agents de Frontex, l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes. D’après elle, des améliorations sont nécessaires au niveau des frontières entre la Roumanie et la Serbie et à celle séparant la Bulgarie et la Turquie. Vienne avait également demandé que l’argent nécessaire au financement d’infrastructures de protection des frontières provienne de la Commission européenne.