Etats-Unis : la bataille des gouverneurs, l’autre enjeu des midterms

Ces postes, dont les deux tiers sont renouvelables le 6 novembre lors des élections intermédiaires, sont cruciaux pour le contrôle des États.

 Paulette Jordan (au centre) est la candidate démocrate pour le poste de gouverneur de l’Idaho.
Paulette Jordan (au centre) est la candidate démocrate pour le poste de gouverneur de l’Idaho. AP/Otto Kitsinger

    Attention! Une élection peut en cacher une autre. Si l a bataille pour la majorité au Congrès fédéral polarise l'attention, celle qui se livre au niveau des États pour les postes de gouverneurs et pour le contrôle des assemblées législatives locales mobilise aussi l'énergie des machines démocrate et républicaine. Car l'enjeu est tout aussi important.

    Les États-Unis sont une fédération d'États souverains dirigés par des gouverneurs. Trente-six postes sur les cinquante seront renouvelés le 6 novembre. Parmi ceux-là, vingt-six sont actuellement aux mains des républicains, neuf des démocrates, l'Alaska étant piloté par un indépendant.

    Autonomie limitée, mais réelle

    Les États disposent d'une autonomie limitée mais bien réelle vis-à-vis de Washington. Leurs gouverneurs n'hésitent pas parfois à contrecarrer la politique du président des États-Unis. Par exemple sur la lutte contre le réchauffement climatique, les politiques sociales ou sur l'immigration.

    La Californie, gouvernée par un démocrate, est ainsi devenue le premier État à se déclarer, comme un certain nombre de villes, « sanctuaire » pour les immigrants illégaux. Ce qui veut dire que ses employés (notamment la police locale) ne collaborent pas avec les services fédéraux de l'immigration. Les gouverneurs peuvent aussi attaquer en justice certains décrets de la Maison Blanche ainsi que l'avaient fait les républicains pour entraver l'Obama care, la « sécurité sociale » américaine.

    87 des 99 parlements locaux renouvelés

    Chaque État possède également son parlement local composé généralement de deux chambres (à l'exception du Nebraska qui n'en possède qu'une seule). En même temps que les gouverneurs, 87 des 99 parlements locaux seront renouvelés le 6 novembre, soit 6 070 postes à pouvoir.

    Les parlementaires locaux votent les budgets et les lois qui s'appliqueront à l'État (salaire minimum, accès aux armes à feu, avortement, couverture de l'assurance maladie, application ou non de la peine de mort etc.). Ces législations locales peuvent rentrer en contradiction avec les règles fédérales. C'est le cas pour la consommation de cannabis, poursuivie par Washington, mais tolérée à des fins médicales ou récréatives dans plusieurs États…

    S'assurer des postes au Congrès fédéral

    Mais si ces élections locales sont si disputées par les partis c'est que cette législature aura aussi la charge de redécouper les circonscriptions fédérales après le recensement de 2020, les gouverneurs ayant un droit de veto sur ces redécoupages.

    Grâce à leur emprise sur les États, les républicains ont su jusque-là profiter de ces découpages électoraux pour s'assurer un avantage d'une vingtaine de postes au Congrès fédéral. Un « bonus » que les démocrates entendent bien remettre en cause, en même temps qu'ils espèrent se réimplanter sur le terrain. « Il y a une tentative délibérée du Parti démocrate de reprendre pied dans un certain nombre d'États où il avait pratiquement disparu », souligne l'universitaire Vincent Michelot. La reconquête en 2020 de la Maison Blanche passe aussi par là.