Guerre en Ukraine et mort de Navalny : les États-Unis prennent une salve de sanctions contre la Russie

« Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera », a jugé vendredi Joe Biden. Washington a pris la plus importante série de sanctions envers Moscou depuis deux ans. La Russie dénonce de son côté une ingérence « cynique ».

« Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera », avertit le président américain Joe Biden. (Illustration). AFP/Andew Caballero-Reynolds.
« Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera », avertit le président américain Joe Biden. (Illustration). AFP/Andew Caballero-Reynolds.

    Une nouvelle salve de sanctions envers la Russie, la plus importante depuis le début de la guerre en Ukraine il y a deux ans, a été annoncée vendredi par le Trésor américain Plus de 500 personnes et organisations de différents pays sont ciblées, en réponse aussi à la mort d’Alexeï Navalny, comme l’avait annoncé la veille le président des États-Unis Joe Biden à la veuve et la fille de l’opposant.

    « Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera », a averti vendredi le dirigeant démocrate. « Nous prenons des mesures pour continuer à réduire les revenus du secteur de l’énergie russe, et j’ai demandé à mes équipes de renforcer le soutien à la société civile, aux médias indépendants et à tous ceux qui se battent pour la démocratie autour du monde », a encore écrit Joe Biden.

    Dans la foulée, via son ambassadeur aux Etats-Unis, Moscou a qualifié ces sanctions d’ingérence « cynique » avant la présidentielle russe. « Les nouvelles restrictions sont une nouvelle tentative éhontée et cynique de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Russie, de nous forcer à renoncer à nos intérêts vitaux, de diviser la société russe à la veille (…) de l’élection présidentielle », a ainsi déclaré Anatoli Antonov, cité par l’agence d’Etat russe Tass.

    4 000 entités visées depuis le début de la guerre.

    Des entreprises de 26 pays, des personnes de 11 pays, parmi lesquels la Chine ou l’Allemagne, font partie de ces plus de 500 individus et organisations ciblés pour avoir alimenté la machine de guerre russe, ou avoir aidé le pouvoir à contourner les sanctions internationales. Cela porte à plus de 4 000 le nombre d’entités visées par les sanctions américaines depuis le début de la guerre. Le département du Commerce a de son côté ajouté plus de 90 entreprises à sa liste noire.

    « Pour priver la Russie des ressources nécessaires pour soutenir sa guerre contre l’Ukraine, le Trésor désigne des cibles, notamment un rouage majeur de l’infrastructure financière russe ; plus d’une vingtaine de pays tiers qui ont échappé aux sanctions en Europe, en Asie de l’Est, en Asie centrale et au Moyen-Orient ; et des centaines d’entités au sein du complexe militaro-industriel russe et dans d’autres secteurs clés », a détaillé le département du Trésor.

    Parmi la longue liste, beaucoup d’entreprises technologiques des secteurs des semi-conducteurs, de l’optique, des drones, ou encore des systèmes d’information, et même un institut de mathématiques appliquées.

    Mir et ses « liens avec le système financier international » ciblés

    Le système russe de paiement Mir est aussi sanctionné. Son développement « a permis à la Russie de construire une infrastructure financière qui lui permet d’échapper aux sanctions et de reconstituer les liens rompus avec le système financier international », a indiqué le département américain du Trésor dans un communiqué.

    Développées en 2015 face aux sanctions des Occidentaux après l’annexion de la Crimée en 2014, les cartes Mir - qui signifie « monde » et « paix » - permettent aux Russes d’effectuer des règlements et de retirer de l’argent dans certains pays étrangers.

    Les États-Unis et l’Union européenne appliquent déjà une batterie de sanctions contre Moscou depuis le déclenchement de la guerre consécutive à l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022. Trois firmes chinoises soupçonnées d’avoir approvisionné l’armée de Poutine viennent d’être ciblées par un nouveau paquet de mesures de rétorsion de l’UE.

    L’administration Biden assure régulièrement l’Ukraine de son soutien, mais une nouvelle aide militaire américaine de 60 milliards de dollars est actuellement bloquée au Congrès, en raison de l’opposition de Donald Trump, dont nombre de lieutenants siègent à la Chambre des représentants. Le président américain a appelé les parlementaires à approuver ce financement au plus vite, « avant qu’il ne soit trop tard » : « C’est le moment de prouver que les États-Unis s’engagent pour la liberté et ne se soumettent à personne. »