« Il ne croyait pas que les Russes pouvaient nous faire du mal » : à Boutcha, les survivants en quête de justice

Les images de civils assassinés dans les rues de cette banlieue cossue de Kiev, libérée le 2 avril 2022 après plus d’un mois d’occupation par les soldats russes, ont fait le tour du monde. Les survivants endeuillés placent leurs espoirs en la justice ukrainienne et internationale.

Boutcha (Ukraine), le 11 février 2023. Svitlala a perdu son mari, abattu par les Russes alors qu'il partait au travail à vélo. Son corps a été retrouvé à cet endroit dans la rue au lendemain du retrait russe de Boutcha. LP/Philippe de Poulpiquet
Boutcha (Ukraine), le 11 février 2023. Svitlala a perdu son mari, abattu par les Russes alors qu'il partait au travail à vélo. Son corps a été retrouvé à cet endroit dans la rue au lendemain du retrait russe de Boutcha. LP/Philippe de Poulpiquet 

    On voit mieux Boutcha (Ukraine) depuis son cimetière. Le terrain s’étend en lisière de la ville. À gauche, une forêt de pins résiste à l’urbanisation galopante. À droite, la route 373 file en ligne droite jusqu’à Kiev, 30 km à l’est. En face, des immeubles neufs ou en construction découpent l’horizon. La perspective est saisissante. Les grues de Boutcha surgissent d’entre les croix, les tombes, les morts.

    Rue de la Gare, des planches couleur paille diffusent sur les trottoirs leur odeur de pin coupé. Des silhouettes sur les toits remontent des charpentes. Les murs fraîchement enduits montent à vue d’œil. Il y a un an, les blindés traversaient les potagers. Les chenilles des chars écrasaient les routes devant les maisons en flammes de la banlieue cossue.