Les États-Unis dénoncent le sort des musulmans ouïghours : nouvelle attaque contre la Chine

Alors que la guerre commerciale entre les deux géants se poursuit, tous les prétextes sont bons pour affaiblir Pékin.

 L’administration de Donald Trump porte cette semaine son attention sur la défense des droits de la minorité musulmane en Chine. (Illustration)
L’administration de Donald Trump porte cette semaine son attention sur la défense des droits de la minorité musulmane en Chine. (Illustration) REUTERS / Kevin Lamarque

    C'est si inattendu que les observateurs des relations entre les deux pays ont du mal à ne pas y voir un but caché. Ce vendredi, les Etats-Unis ont en effet dénoncé avec une fermeté inhabituelle le sort des musulmans ouïghours internés en Chine, ouvrant un nouveau front avec Pékin. Des déclarations qui s'apparentent inévitablement à un nouvel angle d'attaque tandis que Donald Trump est déterminé à faire plier le géant asiatique en remportant sa guerre commerciale.

    « Des centaines de milliers, peut-être des millions de Ouïghours sont détenus contre leur gré dans des soi-disant camps de rééducation où ils subissent un endoctrinement politique strict et d'autres abus horribles », a ainsi expliqué le secrétaire d'Etat américain devant une population, qui, dans sa grande majorité, n'a jamais entendu parler de cette minorité lointaine. Et Mike Pompeo de poursuivre : « Leurs croyances religieuses sont anéanties », a-t-il encore déploré, dans un réquisitoire très ferme prononcé à l'occasion d'un discours sur la liberté de religion.

    L'occasion de rappeler le sort des Chrétiens de Chine

    La Chine a été accusée en août, devant un comité des droits de l'Homme de l'ONU, de détenir ou d'avoir détenu un million de personnes dans ces centres d'internement dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays, berceau des Ouïghours. Pékin a vigoureusement rejeté ces informations et Mike Pompeo n'a pas dit s'il était prêt à envisager des sanctions, comme l'ont réclamé des membres républicains et démocrates du Congrès. Mais il en a profité pour exprimer son inquiétude pour les chrétiens en Chine, accusant le gouvernement de « fermer des églises, brûler des bibles et obliger les fidèles à signer des papiers les faisant renoncer à leur foi ». Un sujet qui pourrait bien avoir plus d'impact dans l'esprit des Américains.

    Mercredi, déjà, Mike Pompeo avait ainsi dénoncé un gouvernement « qui n'est pas transparent » et qui « traite ses minorités religieuses de manière horrible ». Ainsi, « sur le long terme, si on parle de ce qui menace les revenus des Américains, qui menace vraiment la croissance économique américaine, la Chine représente, et de loin, la plus grande menace pour les Etats-Unis », avait-il martelé.

    Oubliés les compliments réciproques avec Xi Jinping

    Ce dossier vient en tout cas s'ajouter aux nombreux autres points de friction entre la Chine et les Etats-Unis. Après avoir mis en scène son rapprochement avec Pékin au début de sa présidence, Donald Trump semble ainsi renouer avec les accents vindicatifs de sa campagne.

    Sa première année à la Maison Blanche avait été marquée par des relations en dents de scie avec le géant chinois, mais le sentiment qui prévalait était celui d'une étonnante idylle par rapport au discours préélectoral, lorsque le milliardaire républicain avait fait de Pékin un épouvantail en dénonçant ses pratiques commerciales déloyales et en l'accusant de manipuler sa monnaie.

    Pendant ce réchauffement et ses rencontres successives, le dirigeant américain s'était gardé de passer à l'acte sur le front commercial. Et avait même renoncé à mettre la Chine à l'index sur sa monnaie puis fini par remercier le président Xi pour son influence positive en Corée du Nord!

    Offensive tous azimuts

    Mais à l'approche du deuxième anniversaire de l'élection de Donald Trump, et des délicates législatives de mi-mandat en novembre, le froid souffle à nouveau sur les liens sino-américains. La guerre commerciale à coups de droits de douane et contre-taxes est bien engagée, tandis que les négociations pour une trêve patinent.

    Dans ce contexte, dans ce qui ressemble à une offensive tous azimuts pour faire céder l'adversaire, Washington a ouvert ou rouvert plusieurs fronts. Le président américain a ainsi de nouveau reproché à la Chine d'être responsable de l'impasse dans laquelle se trouvaient encore récemment les négociations sur la dénucléarisation nord-coréenne.

    Dans la foulée, il est allé jusqu'à accuser Pékin d'ingérence dans les futurs scrutins américains, estimant que les tarifs douaniers chinois visaient son propre électorat !

    Enfin, l'armée chinoise a été sanctionnée jeudi par les Etats-Unis pour ses achats d'armes russes - une première -, victime collatérale mais pas anodine du refroidissement entre Washington et Moscou.