Liban : démission surprise du Premier ministre Hariri qui dit craindre pour sa vie

Le Premier ministre libanais Saad Hariri, en déplacement en Arabie saoudite, a mis en cause le Hezbollah chiite et son allié iranien.

 Beyrouth (Liban), le 24 octobre. Saad Hariri a comparé la situation actuelle de son pays à celle de 2005, période à laquelle son père Rafic a été assassiné.
Beyrouth (Liban), le 24 octobre. Saad Hariri a comparé la situation actuelle de son pays à celle de 2005, période à laquelle son père Rafic a été assassiné. REUTERS/Mohamed Azakir

    « J'annonce ma démission », a déclaré samedi le Premier ministre libanais Saad Hariri, lors d'un déplacement en Arabie Saoudite.

    Dans son discours retransmis par la chaîne satellitaire Al-Arabiya basée à Dubaï, il a accusé le Hezbollah chiite et son allié iranien de « mainmise » sur le Liban. La démission, totalement inattendue, intervient un an après sa nomination. Le puissant mouvement armé du Hezbollah chiite fait partie de son gouvernement.

    Le discours de Hariri retransmis sur sa page Facebook

    ‫كلمة دولة رئيس مجلس الوزراء سعد رفيق الحريري.‬

    Gepostet von Saad Hariri am Samstag, 4. November 2017

    « Je sens que ma vie est visée », a expliqué Saad Hariri, 47 ans, estimant que le Liban vivait une période similaire à celle qui prévalait avant l'assassinat en février 2005 de son père Rafic Hariri, ex-Premier-ministre. Quatre membres du Hezbollah sont mis en cause dans ce meurtre qui a ébranlé le Liban.

    Hariri fermement opposé à Bachar al-Assad

    Saad Hariri a dirigé une première fois le gouvernement de 2009 à 2011. En novembre 2016, il était revenu au pouvoir avec l'objectif de rétablir sa prééminence au sein de la communauté musulmane sunnite et faire contrepoids au Hezbollah chiite, auquel il a été confronté durant toute sa carrière politique.

    Mais il n'a pas réussi à dompter le puissant mouvement, seule formation libanaise à avoir gardé ses armes après la fin de la guerre civile au Liban

    Le Hezbollah, soutenu par Téhéran, est un allié crucial du régime de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie voisine.

    « L'Iran a une mainmise sur le destin des pays de la région […] Le Hezbollah est le bras de l'Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes », a dénoncé Saad Hariri, un proche de Ryad.

    La crise syrienne, qui a débuté en 2011, divise profondément le Liban, entre partisans du régime de Damas et détracteurs, dont fait partie Saad Hariri. Il accuse le régime syrien d'avoir planifié le meurtre de son père. Venu à Paris début septembre, le Premier ministre libanais avait une nouvelle fois plaidé pour le départ de Bachar al-Assad.