Mer Rouge : le remorquage d’un pétrolier attaqué par des rebelles houthis et abandonné a débuté

Le pétrolier avait été attaqué cet été alors qu’il abritait une cargaison de plus d’un million de barils de pétrole brut.

Le remorqueur est escorté par trois frégates, des hélicoptères et une équipe des forces spéciales. REUTERS/EUNAVFOR ASPIDES/Handout
Le remorqueur est escorté par trois frégates, des hélicoptères et une équipe des forces spéciales. REUTERS/EUNAVFOR ASPIDES/Handout

    Un retour hautement surveillé. Le remorquage d’un pétrolier attaqué en août par les rebelles yéménites houthis, avec une cargaison de plus d’un million de barils de pétrole brut, et menaçant de provoquer une catastrophe écologique, a commencé samedi, selon une source au sein du ministère grec de la Défense.

    « Le remorqueur Aigaion Pelagos a commencé à remorquer progressivement le pétrolier vers le nord, escorté par des navires militaires », a déclaré cette source à l’AFP, ajoutant que les radars des navires avaient été désactivés pour des raisons de sécurité.

    Elle a précisé qu’une équipe de secours était montée à bord et avait attaché des câbles de remorquage, surmontant ainsi des « conditions défavorables ».

    Abandonné entre le Yémen et l’Érythrée

    L’agence de presse grecque ANA a précisé que le remorqueur était escorté par trois frégates, des hélicoptères et une équipe des forces spéciales, sans en révéler la nationalité. Le pétrolier était ancré à l’ouest de la ville portuaire de Hodeida, tenue par les rebelles, à mi-chemin entre le Yémen et l’Érythrée.

    La mission navale de l’Union européenne en mer Rouge, Aspides, lancée pour protéger la navigation marchande des attaques des Houthis, a plus tôt déclaré que « l’opération de sauvetage du MV Sounion (était) essentielle pour éviter une catastrophe environnementale ». S’il se brisait ou explosait, il ferait peser le risque d’une marée noire quatre fois plus importante que celle provoquée par l’Exxon Valdez en 1989 au large de l’Alaska, selon des experts.

    Une opération de sauvetage avait déjà été tentée plus tôt dans le mois, mais Aspides avait fait savoir que les compagnies privées impliquées avaient jugé qu’il n’était pas « sûr » de le faire.

    Le Sounion, qui transporte 150,000 tonnes de pétrole brut, a pris feu et perdu sa force motrice après avoir été attaqué le 21 août. Ses 25 membres d’équipages ont été évacués le lendemain par une frégate française de la mission Aspides, déployée dans la zone.

    Quelques jours plus tard, les rebelles ont affirmé avoir fait exploser des charges sur le pont du navire, déclenchant de nouveaux incendies. Le navire était toujours en feu le 12 septembre, mais il n’y avait aucun signe de fuite de pétrole de la cale principale, a déclaré Aspides vendredi.

    Plusieurs navires étrangers ciblés

    Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ciblent depuis des mois les navires qu’ils estiment liés à Israël, aux États-Unis ou au Royaume-Uni, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, dans le contexte de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

    Leurs attaques ont perturbé le trafic dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les États-Unis à mettre en place une coalition maritime internationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.

    La menace du Sounion en mer Rouge rappelle le risque qu’a longtemps fait peser le supertanker FSO Safer, un pétrolier vieux de 47 ans abandonné pendant des années au large des côtes yéménites, en raison de la guerre civile qui déchire ce pays pauvre depuis plus d’une décennie.

    En août 2023, les Nations unies avaient réussi à transférer sa cargaison de plus d’un million de barils de pétrole au terme d’une opération longue et coûteuse.