Nucléaire iranien : Obama monte au créneau pour défendre l'accord

Mondialement salué pour l'accord historique avec l'Iran, Barack Obama démarre une longue bataille de politique intérieure. Dans trois mois, le Congrès américain décidera s'il se range derrière la position de son président.

Nucléaire iranien : Obama monte au créneau pour défendre l'accord

    «Il n'y a en réalité que deux alternatives: soit la voie diplomatique, soit la force, c'est-à-dire la guerre». Les propos de Barack Obama sont clairs et combatifs : l'accord sur le nucléaire iranien entre Téhéran et le 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) est bon, et doit être défendu.

    Car si la presse iranienne se réjouit de la «révolution diplomatique du 14 juillet 2015», les Américains, eux, sont moins convaincus. Lors d'une conférence de presse tenue mercredi, le locataire de la Maison-Blanche a tenté de rassurer ses détracteurs. C'est un journaliste de CBS qui a ouvert le feu, l'accusant de laxisme alors que quatre Américains emprisonnés en Iran n'avaient pas été relâchés. Des critiques que le président a vite balayées : «L'Iran continue de représenter un défi pour nos intérêts et nos valeurs», a-t-il martelé, évoquant «le soutien iranien au terrorisme» ou encore le financement d'organisations comme le Hezbollah.

    VIDEO. Obama répond à la question des prisonniers américains

    «Dire qu'il faudrait rejeter cet accord s'il ne résout pas absolument tous les problèmes défie toute logique .â??.â??. et c'est perdre de vue notre priorité numéro un : nous assurer que l'Iran ne puisse pas développer la bombe atomique.» Bien que Obama reconnaisse les limites de l'accord, il met au défi ses détracteurs de faire un meilleur travail diplomatique. «Les générations futures nous jugerons durement si nous laissons passer une telle opportunité de marquer l'Histoire.» Les médias ne sont pas convaincus. Pour le Washington Post, l'accord montre une des facettes de la «doctrine Obama» : «Une Amérique qui reconnait ses limites et agit de façon moins ambitieuse».

    Commence maintenant pour Obama une bataille longue de trois mois : le temps de présenter l'accord au vote du Congrès américain.

    Or, ce dernier est contrôlé par les Républicains, une majorité hostile à cet accord qu'ils considèrent comme conclu à la hâte avant la fin du mandat du président américain. Dès l'annonce de l'accord, les candidats conservateurs à la primaire des élections présidentielles l'ont uninimement condamné, promettant qu'ils le rejetteraient une fois présenté au Parlement. Jeb Bush, ancien gouverneur républicain et un des favoris de la course, qualifie l'accord de «dangereux, profondément imparfait, et de courte vue à long terme».

    Les Républicains ont 12 jours pour proposer une résolution de rejet, à laquelle Obama a promis mercredi encore d'opposer son veto. Assurant que «99% de la communauté internationale et la majorité des experts du nucléaire» estimaient que cet accord empêcherait l'Iran d'avoir la bombe nucléaire, le président américain a ironisé sur le manque de propositions de ses détracteurs : «Je n'ai rien entendu jusqu'ici».

    Assurer la stabilité dans la région

    Soucieux de rassurer ses alliés dans la région (Israël, mais aussi les monarchies sunnites du Golfe ) qui s'inquiètent de la montée en puissance de leur puissant voisin chiite, Barack Obama a promis la vigilance. Selon lui, une meilleure entente avec l'Iran est la pièce maîtresse de la bataille contre Daech en Syrie. La situation dans ce pays, où le conflit a fait plus de 230.000 morts depuis début 2011, est «très chaotique, il y a trop de factions, il y a trop d'argent et d'armes qui inondent la zone», a-t-il relevé, jugeant qu'il n'y aurait pas d'issue au conflit sans une réelle implication de la Russie, de la Turquie, des monarchies du Golfe et...de l'Iran.

    Lors d'un entretien téléphonique,le président américain a d'ailleurs remercié son homologue russe Vladimir Poutine pour le rôle important joué par la Russie dans ces négociations marathon. Les deux dirigeants «ont exprimé le désir de travailler ensemble pour réduire les tensions régionales, en particulier en Syrie».

    Le président cubain Raul Castro, qui s'est engagé avec le président américain dans un rapprochement historique entre La Havane et Washington, a lui aussi salué mercredi un accord «qui démontre que le dialogue et la négociation sont l'unique outil efficace pour régler les différends entre les Etats».

    Seul laissé pour compte, Benjamin Netanyahou continue de parler des dangers de l'accord. Le premier ministre israélien apparaît déterminé à mener la bataille sur le front du Congrès américain, où il espère mobiliser suffisamment d'élus pour bloquer la levée des sanctions économiques américaines contre l'Iran. Mais ses chances d'y parvenir sont cependant faibles et il devrait surtout essayer d'obtenir des «compensations» militaires de la part de son allié outre atlantique.