26 degrés maximum dans les appartements : comment gagner ce pari

Chaque été, le thermomètre monte un peu plus haut dans les villes. Il faut donc trouver des solutions pour permettre aux citadins de vivre dans les meilleures conditions possibles. Au village olympique, les appartements ont été conçus pour résister aux fortes chaleurs.

Weber a participé au chantier du village olympique et permis une isolation maximale des futurs logements. DR/Weber
Weber a participé au chantier du village olympique et permis une isolation maximale des futurs logements. DR/Weber

Contenu en partenariat avec la CAISSE DES DÉPÔTS

Durant l’été 2019, le mercure s’est hissé jusqu’à 42,6 degrés dans la capitale. Rues étroites, bitume et constructions haussmanniennes ont mis les Parisiens au fond d’une cocotte-minute. Le constat était le même en banlieue. La chaleur estivale devenait insupportable et donc difficilement tolérable, aussi bien le jour que la nuit, dans les appartements. Face aux conséquences du réchauffement climatique, il s’avère donc nécessaire de trouver des solutions pour vivre dans les villes de demain. La climatisation - polluante - ne pouvait en constituer une pour les organisateurs des Jeux olympiques de Paris 2024. Tous les acteurs du futur village devaient penser autrement pour permettre aux occupants - athlètes ou parathlètes dans un premier temps, puis propriétaires ou locataires plus tard - de vivre dans de bonnes conditions.

C’est l’un des challenges relevé par le groupement associant la Caisse des Dépots, CDC Habitat et Icade. « Dès le départ, dans le cahier des charges des organisateurs, nous devions penser au confort, indique Florence Chahid-Nourai, la cheffe des grands projets Icade pour l’Île-de-France. C’était très important. Nous avions comme base de travail une projection du climat tel qu’il devrait être en 2050 (une estimation prévoit un accroissement de 2 à 5 degrés de la température moyenne). La Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) et Météo France ont réalisé des études qui nous ont servis de base, souligne en préambule la spécialiste. On estime généralement que la température à l’intérieur doit être de six degrés inférieurs à celle à l’extérieur. Nous avons donc établi qu’il ne devait pas faire plus de 26 dans les appartements pour garder un certain équilibre. »

Un positionnement soigneusement étudié

Oui, mais entre la théorie et la pratique, il y a toujours un fossé. Les constructions en bois peuvent atteindre, en plein cœur de l’été, des températures qui avoisinent les 30 degrés, rendant les jours et les nuits très pénibles. « La première étape, dans la conception, a été de positionner les bâtiments correctement pour bénéficier des effets liés à la présence de la Seine, à la circulation du vent mais aussi de penser ensuite des occultations, des stores… pour vivre correctement dans ces appartements sans climatisation, poursuit Florence Chahid-Nourai. À tout cela, nous avons rajouté un système de géothermie par le sol dans les planchers. Un serpentin court et transporte de l’eau chaude ou froide. »

Même si ces systèmes viennent considérablement améliorer la résistance aux températures estivales, les délégations étrangères n’ont pas manqué de se renseigner et poser des questions. D’autant plus que dans de nombreux pays, la climatisation est une norme très largement répandue. « Nous avions mis au point avec Dassault une simulation 3D qui expliquait bien comment tout cela fonctionne. Et au final, nous avons respecté les 26 degrés de confort en travaillant aussi énormément sur l’étanchéité à l’air sur les fenêtres, pour éviter ce que l’on appelle le phénomène de passoire thermique », commente la cheffe grands projets chez Icade.

Weber a travaillé sur l’isolation des bâtiments et Saint-Gobain, la maison mère, sur les fenêtres. « Il a fallu développer de nouvelles techniques pour isoler ces façades, trouver des solutions que nous puissions ensuite démocratiser sur l’ensemble des constructions bois. C’est ainsi que nous avons mis au point un enduit minéral à la chaux sur de la laine de roche, pour avoir une protection optimale contre le froid et la chaleur. Avec cette technique, nous évitons tous les ponts thermiques », détaille Olivier Servant, directeur solutions pour la construction chez Saint-Gobain Solutions France. Les fenêtres sont également des éléments déterminants pour ces appartements. « C’est du double vitrage à contrôle solaire. Il laisse parfaitement passer la lumière mais repousse les ultraviolets. À l’avenir, ce sera utilisé partout. il permet de réfléchir 50% de l’énergie à l’extérieur. Tout ça, c’est de la température en moins à l’intérieur l’été et du confort l’hiver », confie encore le directeur.

Les quelque 2 800 futurs logements devraient donc permettre à leurs occupants de vivre sereinement, même en plein été. Une bonne nouvelle pour les sportifs qui investiront les lieux en juillet, mais surtout pour les habitants de la phase héritage ensuite.