JO, équitation : « Je m’en veux d’avoir sous-estimé cet obstacle », la déception d’Épaillard, au pied du podium

Auteur d’un parcours presque parfait, Julien Épaillard admet s’être relâché lors d’un des derniers obstacles. Une petite faute qui coûte le podium au cavalier de l’équipe de France, seulement 4e.

Versailles, Château de Versailles, mardi 6 août. Déception pour Julien Epaillard. Médaillé par équipes, le cavalier français finit seulement 4e au saut d'obstacles (Photo : LP/Olivier Corsan).
Versailles, Château de Versailles, mardi 6 août. Déception pour Julien Epaillard. Médaillé par équipes, le cavalier français finit seulement 4e au saut d'obstacles (Photo : LP/Olivier Corsan).

    Dans les tribunes majestueuses du château de Versailles, une clameur. Le Français Julien Épaillard, dernier à s’élancer, entre en piste. À cet instant, seulement trois des trente finalistes du saut d’obstacles ont réussi un parcours sans faute. Pour les rejoindre au barrage décisif et espérer arracher une médaille, il n’a pas le droit à la moindre erreur. Dubaï du Cèdre s’élance comme à son habitude, majestueuse. Un premier double se présente. Effacé sans difficulté. Le triple maintenant, qui a fait tant de dégâts parmi les meilleurs cavaliers au monde. Enjambé là encore.

    « Le début de parcours était difficile, mais la jument a répondu parfaitement présente, elle a été incroyable, relate Julien Épaillard. J’avais le sentiment d’avoir passé le plus dur… » La dernière ligne droite se présente. Un double obstacle avec des barres fixées à 1,65 m. Le premier passe. Dubaï du Cèdre s’envole au dessus du second. Un bruit de sabot suspend le temps. La barre frappe le sol...



    Le rêve d’une nouvelle médaille olympique vient de s’envoler pour l’équitation française. Julien Épaillard termine quatrième, derrière l’Allemand Kukuk, le Suisse Guerdat et le Hollandais Van der Vleuten. Vingt minutes plus tard, après avoir fait marcher sa jument, Julien Épaillard plaide coupable : « Dubaï a encore été incroyable, assure le cavalier, pas du genre à blâmer l’animal. Elle fait aujourd’hui partie des dix meilleures au monde et elle l’a montré. C’est mon erreur, c’est une faute de relâchement… »

    « C’est un relâchement de ma part, je me disais que je ne craignais rien… »

    Elle est forcément difficile à avaler pour un perfectionniste comme Épaillard. Il va longtemps revoir cet obstacle orné des as de pique et de trèfle en hommage au jeu de cartes à la française. « Je me suis très bien situé sur le premier obstacle du double, rembobine le cavalier normand. Presque trop bien. Normalement, cet obstacle ne me paraissait pas être un problème pour Dubaï… Je l’ai laissée sauter d’elle-même. C’est un relâchement de ma part, je me disais que je ne craignais rien… Je m’en veux vraiment d’avoir sous-estimé cet obstacle. Je me suis trompé. »

    Sixième mondial, Julien Épaillard vivait ses premiers Jeux à Paris. À 47 ans, il faisait partie des favoris. Il en repart avec une belle médaille de bronze par équipes, mais bredouille en individuel, malgré ses parcours brillants en qualification puis en finale. L’équitation est un sport qui ne pardonne aucune erreur, même minime. « Je suis déçu, évidemment, confie le cavalier normand. La médaille en chocolat, elle n’est jamais agréable. »

    Dans les prochaines heures, Julien Épaillard va partir en vacances, puis retournera dans son élevage, qui comporte deux cracks : Dubaï du Cèdre bien sûr, mais aussi Donatello d’Auge. Reviendra-t-il au Jeux à Los Angeles, lui qui a toujours fait partie des meilleurs cavaliers français mais a étonnamment mis des années à les découvrir ? « Je ne suis plus tout jeune, rigole le cavalier. Il faut avoir un cheval avec qui je pense avoir des chances, et c’est beaucoup de pression… »

    Lui qui promettait de vivre ses Jeux sans stress admet ainsi avoir « ressenti celui des JO lors de l’épreuve par équipes. De mon parcours dépendait la médaille et je ne voulais pas décevoir mes coéquipiers… » Cette médaille de bronze glanée vendredi restera un moment merveilleux, même si elle n’effacera sans doute pas toute la déception de Julien Épaillard, conscient d’être passé tout prêt d’un exploit retentissant en individuel.

    « Il faut avaler la pastille, admet-il. Mais franchement, je pense qu’avec le recul, on se rappellera le positif de cette belle médaille de bronze. On va savourer et fêter avec l’équipe. » En équitation, les Français terminent ces Jeux avec deux médailles par équipes.