JO de Paris 2024, tennis : Djokovic décroche l’or olympique, le seul titre qui manquait à son immense palmarès

Pour ses 5e JO, le Serbe Novak Djokovic, 37 ans, a remporté sa première médaille d’or olympique face au jeune espagnol Carlos Alcaraz en deux sets serrés (7-6, 7-6) lors d’un duel au sommet de toute beauté.

Paris, dimanche 4 août. Novak Djokovic peut s'agenouiller sur la terre battue de Roland-Garros, il vient de remporter le dernier titre qui lui manquait. REUTERS/Edgar Su
Paris, dimanche 4 août. Novak Djokovic peut s'agenouiller sur la terre battue de Roland-Garros, il vient de remporter le dernier titre qui lui manquait. REUTERS/Edgar Su

    À 17h01, Novak Djokovic ne tient plus debout, s’effondre sur la terre battue, se met à quatre pattes pendant de longues secondes puis se relève. Ouf, il peut encore marcher ! Il va chercher un drapeau aux couleurs de sa nation et fonce enlacer son clan dans les tribunes. Après quatre tentatives lors des Jeux précédents soldées par une modeste breloque en bronze, le Serbe, recordman du nombre de titres de Grand chelem (24), décroche enfin l’or olympique ce dimanche au stade Roland-Garros.

    Il a battu l’Espagnol Carlos Alcaraz en deux sets (7-6, 7-6 en près de 3 heures de jeu !), trois semaines après avoir été dominé par le jeune prodige en finale de Wimbledon. À 37 ans et 74 jours, il devient le joueur le plus âgé (chez les hommes comme les femmes) à monter sur la plus haute marche du podium. Comme Steffi Graf, Andre Agassi, Serena Williams et Rafael Nadal, il réussit le Golden Slam en carrière qui consiste à gagner les 4 « Majeurs » et l’or olympique.

    Concours d’amortis au premier set

    Pour ce duel au sommet, c’était l’égalité quasi parfaite entre les deux stars à l’applaudimètre, dans les hurlements « Novak ! Novak ! » et « Carlos ! Carlos ! » comme dans les confrontations (3 victoires chacun dont une partout sur la terre battue) avant le premier service du match tiré par le Serbe. « Vous êtes chanceux », avait prévenu le maître de cérémonie avant l’entrée en scène des vedettes du dimanche après-midi.

    Effectivement, les 15 000 veinards du court Philippe-Chatrier bondé ont eu droit à un show phénoménal sous le soleil, nécessitant pour des centaines d’entre eux, un apport de fraîcheur grâce aux éventails.

    Au concours d’amortis entre les têtes de série numéro 1 et 2 tout au long du premier set, c’est le surdoué de Murcie qui l’emporte d’une courte tête. Il est même sifflé à plusieurs reprises quand il réalise le geste parfait (jugé trop facile par une partie des foules) contre l’un des doyens du circuit qui n’a plus totalement ses jambes de 20 ans. Ces gradins du court central sont décidément très changeants. Lundi, c’est le « Djoker » qui était hué après un coup semblable contre le roi de la terre battue Rafael Nadal, 14 Roland-Garros à son palmarès.



    Mais on ne remporte pas un set à coups d’amortis. Au sommet de son art en contres malgré une impressionnante genouillère grise, symbole d’un ménisque fragile depuis son forfait pour le quart de finale de Roland-Garros il y a deux mois, le natif de Belgrade renvoie tout à la vitesse d’un TGV. Même les pleurs d’un bébé bruyant ne le perturbent pas.

    D’un geste de la main, il vient chercher le soutien du public quand il est en danger à 4 partout au premier round. Tactique payante : il rafle le jeu après avoir sauvé trois balles de break. Tourné vers son clan, il lève longuement le poing à l’issue de l’ultime point du premier set qu’il empoche au tie-break. Standing ovation. Au début de ce choc des Titans, c’est pourtant l’Espagnol qui s’était mis la fanfare dans la poche de son short jaune, les trompettes sur le plateau de la tribune haute suscitant facilement des « olé » dans l’arène.

    « Goldovic », superhéros de la balle jaune

    Mais les drôles de musiciens en chemise blanche, nœud pap’ et bretelles noires n’avaient pas qu’un répertoire ibère dans leurs cuivres, offrant aussi le générique de la Famille Addams et de Rocky, du Édith Piaf entraînant ou un air de début de combat de gladiateurs. Mention spéciale au joueur de soubassophone, sorte de tuba contrebasse, qui ne manquait pas de souffle malgré des jeux haletants sous ses pieds.

    Au début du second set, l’héritier de Nadal au polo rouge, plus jeune finaliste à un tournoi olympique, se met aussi à haranguer ses supporters, libérant dans la foulée un coup droit inarrêtable. Il tend l’oreille pour déclencher encore plus de décibels après avoir vaincu un amorti adverse. Les points d’anthologie, ils sont pour lui d’autant que de « Nole » n’est pas aidé par le filet. Mais le Serbe a de la ressource pour toujours recoller au score et, comme au premier set, estoquer au tie-break son rival dépassé par des fautes directes inhabituelles. « Goldovic » comme l’avait baptisé un jeune fan sur une pancarte lors de la demi-finale vendredi soir est le plus grand superhéros de la balle jaune.

    Après avoir versé toutes les larmes de son corps, il revient, en survêtement de sa délégation, pour la remise des médailles. « Mesdames et messieurs, veuillez vous lever, si vous en avez la capacité, pour l’hymne de la Serbie », convie le speaker. « Djoko », connu pour sa fibre nationaliste, l’entonne à tue-tête avant de croquer son cadeau doré. La foule s’éclipse avec une seule question en tête, qui va alimenter ces heures prochaines bien des débats dans tous les clubs de tennis de la planète : Djokovic est-il le GOAT, le plus grand joueur de tous les temps ?