Énergies renouvelables : dans le Grand Reims, les éoliennes, grandes « oubliées »

L’agglomération champenoise mise avant tout sur le solaire et la méthanisation. L’éolien est totalement absent de l’équation en raison d’une forte réserve des élus et du classement à l’UNESCO.

Le Grand Reims ne compte que deux parcs éoliens, soit onze mâts, sur tout son territoire. LP/ Simon Ksiaznecki
Le Grand Reims ne compte que deux parcs éoliens, soit onze mâts, sur tout son territoire. LP/ Simon Ksiaznecki

    Les éoliennes n’ont plus vraiment le vent en poupe dans le Grand Reims. D’ici à 2030, la communauté urbaine compte pourtant bien réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 22 % et atteindre 41 % d’énergies renouvelables dans sa consommation globale. La ville de Reims a lancé une consultation, jusqu’au 28 février, afin de définir des zones favorables aux énergies renouvelables. Et, sans surprise, son questionnaire, très sommaire, ne s’intéresse qu’au photovoltaïque, qui permet de transformer le rayonnement solaire en électricité grâce à des ombrières ou des panneaux au sol, et à la méthanisation, qui consiste à exploiter la chaleur souterraine à l’aide de pompes à chaleur.

    Exit les éoliennes ! « La configuration urbaine de la ville ne permet pas un zonage favorable à l’éolien et à la méthanisation », précise l’enquête. Pourtant, le territoire du Grand Reims, qui compte près de 70 % de surfaces agricoles et 16,5 % de surfaces naturelles, a du potentiel en matière éolien. Pour le moment, on n’y compte que deux parcs et onze mâts qui injectent environ 40 GWh d’électricité dans le réseau, soit deux fois plus que les 33 000 panneaux photovoltaïques installés au nord de Reims et mis en service en 2021. Mais, selon le plan climat air énergie territorial du Grand Reims, on ne comptera pas une éolienne de plus dans les années à venir.



    La stratégie bas carbone, adoptée par les élus en 2022, fait le « choix stratégique de développement de certaines filières et le choix de ne pas retenir d’autres filières tel l’éolien et l’hydroélectricité ». Cette décision est justifiée par « une forte réserve au développement de l’éolien » remontée par les élus, ainsi que par la charte éolienne des Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, le bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Celle-ci propose en effet une zone d’exclusion vis-à-vis de l’éolien qui s’étend bien au-delà de la colline Saint-Nicaise et des quelques caves rémoises inscrites par l’Unesco.

    Pour augmenter de 50 % la production d’énergies renouvelables sur le territoire d’ici à 2030, la stratégie bas carbone du Grand Reims compte sur le solaire (+ 850 % d’énergie produite), la méthanisation (+ 760 % de production), la filière biomasse/bois (+ 150 % de production) et les pompes à chaleur (+ 100 %), mais pas sur de nouvelles éoliennes, donc. Ces usines et ces milliers de panneaux seront-ils mieux accueillis par la population que les mâts et leurs hélices ?