Le bail de leur mosquée résilié, les fidèles de Croix-Rouge à Reims prient dehors

Pour protester contre la fermeture de leur salle de prière, qui a été mise sous scellés dès ce mercredi 6 décembre au lieu du 31, la communauté musulmane de Croix-Rouge prévoit une première manifestation ce samedi. Démunis, les fidèles prient devant le local.

La mosquée de Croix-Rouge à Reims étant fermée, les fidèles ont décidé de prier devant son entrée jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. LP/Marie Blanchardon
La mosquée de Croix-Rouge à Reims étant fermée, les fidèles ont décidé de prier devant son entrée jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. LP/Marie Blanchardon

    « C’est la méthode qu’on dénonce, ils se comportent comme des voyous. Ils ont débarqué par surprise sans nous avertir. La serrure de la porte a été changée, les gonds ont été soudés et tout notre matériel est resté à l’intérieur. » Partagé entre colère et tristesse, le président de l’association cultuelle Alliance, Abdelhak Bellamine, est encore sous le choc mais ne compte pas baisser les bras. Le bail de cette petite mosquée de Croix-Rouge, installée depuis 1978 au 11, rue des Savoyards à Reims (Marne), arrivait à son terme auprès du Foyer Rémois. L’association était invitée à quitter les lieux au 31 décembre 2023 en prévision d’une rénovation énergétique du bâtiment. Mais le bailleur social vient d’acter une résiliation anticipée du bail au nom du locataire qui était à l’origine de la création de ce lieu de culte.

    « On va donc continuer de faire les prières à l’extérieur jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée », lance Abdelhak Bellamine en pointant du doigt un large tapis rayé installé dans le passage couvert qui traverse l’immeuble. C’est ici que depuis ce mercredi 6 décembre, les fidèles se rejoignent pour les prières. « Qu’il neige, qu’il vente ou qu’il pleuve, on fera la prière devant notre mosquée, on est en train de mobiliser les gens. Tous les habitants sont comme nous, ils sont abasourdis par cette façon de faire. On sent qu’on est des citoyens de seconde zone et on aimerait que le maire intervienne dans ce dossier ».

    « Fermer, c’est le retour des prières dans les caves sans le discours de l’Imam »

    Du côté de la Ville, la position est inflexible. Par communiqué, elle précise qu’elle « n’a pas de compétence ou de droit pour intervenir dans ce dossier qui concerne une pratique cultuelle. Le principe de laïcité est clair : la ville n’a ni à empêcher, ni à faciliter l’installation d’un lieu de culte ». Chaque jour, une trentaine de personnes se rendaient aux cinq prières quotidiennes dans la salle du quartier Croix-Rouge. Un chiffre qui doublait le vendredi.

    Cette installation remonte à l’arrivée des premiers immigrés à Reims dans les années 1970. « Ce lieu a traversé les générations, c’est un endroit d’apprentissage et de partage. On a aujourd’hui une centaine d’adhérents dans l’association. Jusqu’ici on payait un loyer pour ce local, mais le Foyer Rémois ne nous a proposé aucune alternative viable. Nous, on est prêt à réhabiliter un local et à payer le loyer inhérent. Fermer ce lieu, c’est le retour des prières dans les caves sans le discours de l’Imam », prévient Abdelhak Bellamine. Une pétition a déjà permis de recueillir plus de 2 000 signatures et une manifestation est prévue ce samedi devant la petite mosquée de Croix-Rouge à 14 heures et un second rassemblement est envisagé devant la sous-préfecture de Reims le samedi 16 décembre.